À partir de 1940, Nelly Marez-Darley s'installe à Alger où elle côtoie le milieu intellectuel dominé par Albert Camus et Max-Pol Fouchet, ainsi que le sculpteur Jean Peyrissac. Son exposition de 1941 à la galerie René Famin d'Alger est préfacée par Jean Alazard, conservateur du musée[2], puis, en 1944, elle expose à Oran, à la galerie Colline de Robert Martin. Seule femme peintre aux armées, elle est envoyée à Baden-Baden pour « documentation artistique » après la capitulation allemande : le Portrait du général Antoine Béthouart qu'elle y peint fera partie de l'exposition Anciens peintres aux armées à la galerie Durand-Ruel en 1946[2].
Nelly Marez-Darley rentre définitivement à Paris en 1954. Elle fait la connaissance de Léon Zack, d'Atlan et du sculpteur Étienne Hajdu, participe au Salon des réalités nouvelles et expose une nouvelle fois galerie Breteau en 1954. À la fin des années 1960 elle aborde les collages, puis dans la décennie suivante, les tentures-assemblages. Autour de 1970, la figure réapparaît dans ses peintures, régulièrement exposées dans les galeries parisiennes. La galerie Callu Merite présente par la suite ses œuvres en 1986, 1988 et 1998, tandis qu'un hommage lui est rendu au Centre culturel de Valenciennes ainsi qu'au Centre culturel algérien en 1990.
Une exposition rétrospective de l'œuvre de Nelly Marez-Darley a lieu en 1999 au château de Gréoux-les-Bains. Elle exposera encore à Grenoble, Sausset-les-Pins, Toulouse, et devient une peintre permanente de la galerie Mischkind de Lille et de la galerie des Wantiers de Valenciennes. En 2007, une exposition est présentée à Valenciennes sous le titre « La bataille des formes, le langage des matières ».
Son œuvre s'ouvre sous le signe du réel. Portraits, scènes intimistes, objets, paysages, il s'agit au départ d'épuiser les thèmes venus d'un monde familier.
Elle rompt avec cet univers dans l'immédiat après-guerre, d'abord avec des toiles cubisantes puis avec des œuvres qui s'affranchissent de la figuration pour « aller plus loin dans l'intériorité de son univers »[réf. nécessaire]. Son œuvre se développe alors sous le signe de l'abstraction lyrique, enrichie d'une matière épaisse, granuleuse, où résonnent les substances d'une palette chargée d'ocres et de terres, de gris et de bleus, à travers des peintures que Marez-Darley qualifie d'« illimitations-matières ».
Contributions bibliophiliques
Benjamin Goriely, L'homme aux outrages, portrait de l'auteur par Nelly Marez-Darley en frontispice, 1 000 exemplaires numérotés, Éditions des Portes de France, 1947.
Emmanuel Darley, Le mardi à Monoprix suivi de Auteurs vivants, couverture de Nelly Marez-Darley, Actes Sud-Papiers, 2009.
« Cette artiste vécut au Maghreb entre 1939 et 1945 et au début des années 1950. Venue d'une figuration de bon aloi (des paysages et des figures d'Afrique du Nord et d'Europe), sa sensibilité se tourne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale vers l'abstraction, faisant éclore une œuvre à la fois charpentée et décorative. » - Gérald Schurr[8]
« Par l'amitié d'Atlan et de Léon Zack, la lumière prend une place prépondérante dans sa peinture, créant des remous, des élans, des tourbillons dans des compositions plus vastes. C'est presque à son insu qu'elle retrouve le réel du monde dans une nouvelle période figurative en 1971. Les têtes et les masques compris comme des déformations et obtenus par la mobilité basculante des plans, sont depuis lors le thème essentiel de ses compositions, complété par les thèmes du cirque et de la danse qui lui permettent, souvent sur de grandes toiles, de trouver l'enchaînement rythmique du mouvement et du geste, souligné par des espaces rigoureusement construits. » - Alain Pizerra[4]