Amand Edmond Jean naît à Chevry-Cossigny le [4], fils d’Edmond Joseph Jean, industriel chaufournier, et de Céline Élisabeth Leblanc. Il adoptera plus tard le pseudonyme d'Aman-Jean.
Il obtient en 1886 une bourse de voyage et part en Italie pour étudier les primitifs italiens avec Henri Martin et Ernest Laurent, ce qui renforce son goût pour les anciens et pour le décor. Avec Seurat, il travaille comme assistant à la réalisation du Le Bois sacré cher aux arts et aux muses de Puvis de Chavannes (1884, musée des Beaux-Arts de Lyon[6]), dont on retrouve notamment l'influence dans sa Sainte Geneviève devant Paris (1885, musée des Beaux-Arts de Brest[7]), acquise par le collectionneur parisien Simon Hayem[N 3].
Proche des milieux littéraires symbolistes, il exécute un portrait de Verlaine à l'hôpital Broussais[8], œuvre peinte en hiver à l'époque où le poète y soignait sa syphilis, témoignage de l'amitié qui lie les deux hommes depuis leur rencontre jusqu'à la mort du poète en 1896. Verlaine dédiera un sonnet à l'artiste pour le portrait qu'il a aimé, et séjournera les années suivantes chez le couple[9]. Il est l'un des premiers à répondre favorablement à Joséphin Peladan, auquel il écrivit en 1892 : « Vous êtes le seul en France à pouvoir parler Esthétique et Art[réf. nécessaire] ». Il expose aux deux premiers Salons de la Rose-Croix esthétique.
Edmond Aman-Jean épouse en octobre 1892 à Paris Thadée Jacquet[N 4],[10], fille d'un préfet de l'Empire, elle-même peintre, qu'il représenta dans plusieurs de ses tableaux, tout comme leurs deux enfants François Aman-Jean et Céline Aman-Jean.
Dans les années 1900, sans en faire partie, il est proche du groupe de jeunes peintres de la Bande noire[N 5].
Ayant partagé un net intérêt avec Georges Seurat et Alexandre Séon pour les théories chromatiques et le divisionnisme, il pratique toutefois au début de sa carrière un synthétisme aux couleurs sourdes. Son goût pour la fresque et la tapisserie, auxquelles on compare souvent ses œuvres de cette période, l'incline à peindre sans modelé, alliant des à-plats aux teintes subtiles à des motifs décoratifs.
Son inspiration s'attarde sur des figures de femmes rêveuses, aux attitudes délicates. En 1896, Gustave Geffroy évoquait ses figures languissamment peintes dans des colorations effacées, ravivées par un détail, une fleur au corsage ou à la chevelure, des yeux trop translucides, enchâssés comme des pierres précieuses[17].
↑David-Jean Jumeau-Lafond, Les Peintres de l'Âme, le Symbolisme idéaliste en France.
↑Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p.