Le nom du lieu, en afar, Abbe Bada signifie « lac pourri », « lac malodorant », en référence aux émanations de sulfure d'hydrogène (odeur d'œuf pourri) qui s'échappent du sommet ou de la base des cheminées naturelles[2].
Des cheminées ruiniformes d'où s'échappent parfois des fumerolles aux senteurs de soufre surgissent du fond du lac, gorgé de sources chaudes riches en calcium. As Bahalto, la grande cheminée, a une hauteur approximative de 60 m et un diamètre de 90 m. L'origine de ces cheminées hydrothermales est liée à la présence de fractures parallèles au graben mais qui sont masquées actuellement par des dépôts lacustres beaucoup plus étendus que le lac actuel, témoignant d'une régression lacustre importante. L'ancien lac, formé il y a 6 000 ans lors d'un épisode de rifting (le jeu des failles normales entraînant l'effondrement de la région), était entouré de volcans. Son plancher, 100 m plus bas que le lac actuel, était parcouru de fractures à travers lesquelles montaient des sources chaudes à forte concentration de calcium puis se mélangeaient à l'eau froide du lac, formant en quelques millier d'années une importante précipitation de travertin au niveau des orifices de sortie de ces fractures[4]. Ces cheminées présentent souvent une structure stromatolithique[5]. Le lac se situe d'ailleurs à proximité d'un volcan aujourd'hui endormi, le Dama Ali au nord-ouest.
Des carottessédimentaires ont été prélevées au printemps 2023, afin de mieux comprendre le passé climatique de la région[6].
↑Philippe Oberlé, Pierre Hugot, Histoire de Djibouti, Présence africaine, , p. 17
↑La grande plaine du Gobaad est un fossé d'effondrement très allongé (plus de 50 m), d'orientation est-ouest, correspondant à la la terminaison méridionale du rift de l'Afar, appendice de la dorsale océanique Mer Rouge-Golfe d'Aden.
↑J.-Ch. Fontes & P. Pouchan, « Les cheminées du lac Abbé (TFAI) : stations hydroclimatiques de l'Holocène », Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, t. 280, , p. 383-386.