Alors qu'elle termine un nouvel album en 1970, Barbara se rend compte qu'il lui manque un titre. Elle raconte avoir retrouvé dans le tiroir d'une commode un texte écrit quelques années plus tôt, à la suite d'un rêve dans lequel elle aurait vu un aigle descendre vers elle. Elle se met au piano et compose une musique sur ce texte en s'inspirant d'une sonate de Beethoven[2],[3].
Une interprétation psychanalytique de la chanson a été proposée par Philippe Grimbert[6],[7]. Selon lui, la chanson décrirait un rêve de Barbara, rêve dans lequel elle dort au bord d'un lac, jusqu'à ce qu'un aigle noir fasse irruption dans le ciel, troublant son sommeil. Barbara reconnaîtrait cet aigle comme un personnage émergeant de ses souvenirs d'enfance, sans dire à l'auditeur de la chanson quel est ce personnage.
Dans ses mémoires posthumes inachevés, Il était un piano noir... (1997), Barbara révèle qu'elle a été victime de viols de la part de son père pendant son enfance mais, à aucun moment, elle n'établit de lien entre cette chanson et son père. Grimbert voit un lien entre cet événement et la chanson, en la rapprochant d'un ouvrage de Freud publié en 1910, Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, dans lequel le psychanalyste relève l'unique épanchement de Vinci sur son enfance. Encore au berceau, « un vautour vint à moi, m'ouvrit la bouche avec sa queue et plusieurs fois me frappa avec cette queue entre les lèvres ». Freud associe la queue du vautour à un membre viril, un pénis. Ce qui fait dire à Grimbert qu'il pourrait y avoir eu un traumatisme sexuel infantile chez Barbara[8].
Pour Patrick Bruel (qui a repris le titre en 2015 sur l'album Très souvent, je pense à vous…), « L'Aigle noir aurait pu faire référence à l'emblème du Troisième Reich. » Une interprétation considérée comme « possible puisque Barbara, issue d'une famille juive alsacienne, était âgée d'une dizaine d'années pendant l'Occupation. Ses parents ont fui sous le régime de Vichy, et la famille s'est réfugiée en Isère pendant les deux dernières années de la guerre »[9].
Dans le cadre de l'affaire Gérard Depardieu, après la publication, en , des témoignages de treize femmes dans Mediapart accusant Gérard Depardieu de violences sexuelles, des mouvements féministes interviennent dans plusieurs villes en France pour empêcher la tournée de Gérard Depardieu chantant Barbara. Parmi les interpellations des manifestantes à Gérard Depardieu, une revient régulièrement : « L’Aigle noir, c’est toi »[10],[11].
Musiciens
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Roland Romanelli, instrumental sur l'album de Romanelli - Ann'so, Ma plus belle histoire d'amour... Barbara (2002).
Lucid Beausonge sur l'album collectif Hommage à Jacques Brel - Hommage à Barbara (coffret Hommage aux grands de la chanson, Sélection du Reader's Digest, 2003).
Talya Eliav en hébreu, sur son album Talya Eliav chante Barbara (2017)
Karen Ackers, chanteuse américaine.
Et de multiples versions par des chanteuses japonaises. L'Aigle Noir et Barbara étant très populaires au Japon, un dessin animé a été créé sur le thème de L'Aigle Noir.
Une extrapolation lyrique sur le thème de L'Aigle Noir, "Démon Ailé", a été composée par la compositrice Marie-Rose Diebold et l'auteur et contralto Christian Le Gall (Théâtre du Roseau. Paris 1992)
En bande dessinée
La chanson est illustrée dans l'album Chansons de Barbara en bandes dessinées[12]. Quand la narration dit « C'est alors que je l'ai reconnu », l'oiseau se transforme en homme.
La chanson est parodiée par Marcel Gotlib dans un album de la bande dessinée Rubrique-à-brac[13], l'aigle noir devenant un éléphant rose, au cours d'un rêve sous l'influence de l'alcool : Barbara rend visite un après-midi (vers 16 heures) à un ami. Ce dernier, sorti de son lit, se réveille avec la gueule de bois et lui raconte l'étrange histoire qui lui est arrivée alors qu'il rentrait chez lui au petit matin après sa nuit de beuverie : marchant, il s'est retrouvé seul près d'un lac, où il s'est endormi. Peu après, il fut réveillé par un éléphant rose « venant de nulle part et semblant crever le ciel… » Il le reconnait alors ! L'éléphant n'est autre que Fanfan la peluche de son enfance. Il le supplie de l'emmener comme avant « cueillir des étoiles, sur un nuage blanc ». L'éléphant rose refuse, parce qu’il empeste l'alcool, et « dans un bruissement d'ailes prend son vol pour regagner le ciel », en maugréant que les enfants ne devraient jamais grandir. En rentrant chez elle, Barbara se remet au piano et, selon la parodie de Gotlib, cette histoire lui inspira la chanson L'Aigle noir.
Sur scène
Dans le sketch des Frères ennemis intitulé L'Aigle noir, l'un des protagonistes tente d'interpréter la chanson tandis que l'autre ne cesse de l'interrompre avec des remarques sur les bizarreries et les incohérences du texte. À la fin ils reçoivent un coup de téléphone de la S.P.A. qui les accuse de « massacrer » ce pauvre aigle.
En , Dieudonné est condamné par le tribunal de grande instance de Paris pour violation du droit moral, pour avoir modifié le titre et les paroles de L'Aigle noir en Le Rat noir. Le tribunal a estimé que sa chanson dénaturait l'originale et qu'elle ne pouvait être considérée comme une parodie, en raison notamment de la violence des propos tenus[14].
↑« Un grand aigle, aux longues ailes, aux ailes déployées, couvert de plumes de toutes couleurs, vint sur le Liban, et enleva la cime d’un cèdre. » (La Bible, traduite par Louis Segond, livre d'Ézéchiel, 17,3.)
↑Philippe Grimbert, Psychanalyse de la chanson, Paris, Hachette, coll. « Pluriel psychanalyse », , 338 p. (ISBN2-01-279089-5), p. 61.