Loureiro étudie au collège Saint-Antoine de Lisbonne et prend l'habit jésuite en 1732[ref 3].
Il est bientôt envoyé en Asie. Il vit trois ans à Goa, quatre ans à Macao, d'où il est, en 1742, envoyé en mission spéciale en Cochinchine. Il y restera 36 ans, si on excepte les années de persécutions 1750 à 1752[ref 4].
Le pays voit la présence d'Européens et l'évangélisation d'un très mauvais œil ; Loureiro entre donc au service de roi de Cochinchine en tant que mathématicien et médecin (« physicien ») ; il s'occupera aussi d'astronomie[1] et d'histoire naturelle[ref 5]. Afin d'obtenir la permission de résider en Cochinchine, il se fait passer pour médecin ; ainsi peut-il exercer le sacerdoce en cachette et se rendre chez des chrétiens.
La médecine le conduit à la botanique[ref 6]. Sans livres, avec la seule aide des gens du lieu, il apprend à connaître les plantes médicinales. Le roi l'autorise à résider en Cochinchine et le nomme directeur des études physiques et mathématiques de la cour. Il ne peut toutefois pas évangéliser dans les lieux publics.
Grâce à un capitaine de navire, il obtient le Genera plantarum et d'autres œuvres de Linné, ce qui l'aide grandement. Il continue ses études en Cochinchine pendant 36 ans, passant quatre années de nouveau à Macao et trois ans à Canton. Comme on ne laisse pas sortir les Européens de leurs villes de résidence, c'est par des Cochinchinois qu'il enrichit sa collection botanique.
Durant son voyage de retour au Portugal, il passe trois mois au Mozambique ; il met à profit cette escale pour comparer les plantes de sa collection. Il continue à préparer sa Flora Cochinchinensis[2],[ref 7].
La parution de la Flore en 1790 fait sensation dans les cercles botaniques européens. Carl Ludwig Willdenow en publie une deuxième édition, annotée par lui, à Berlin, en 1793 ; les notes sont courtes et les corrections, mineures ; Willdenow fait disparaître les efforts (dont des diacritiques) que Loureiro avait déployés pour être fidèle aux noms locaux.
Loureiro s'est beaucoup intéressé à la médecine cochinchinoise, mais il n'a pas limité à cette région ses recherches botaniques. On compte :
de Cochinchine, 697 espèces ;
de Chine, environ 254 ;
de Chine et de Cochinchine à la fois, environ 292 ;
Mais le fait que le père Loureiro était autodidacte en botanique et travaillait dans l'isolement n'a pas été sans conséquences : « Pour diverses raisons il a jusqu'ici été impossible d'attribuer une place définitive à une grande partie des espèces décrites par Loureiro, et donc impossible de mettre une grande partie de son travail en corrélation avec celui de ses contemporains et successeurs ; en fait, plusieurs successeurs ont apparemment ignoré les contributions de Loureiro en raison de la complexité du problème[ref 9]. » Il aurait fallu par exemple qu'il appuie systématiquement ses descriptions sur un herbier. Mais, pour lui rendre justice, l'emploi de l'abréviation botanique standard de son nom (Lour.) devrait être plus répandu. Et, en général, son œuvre a été méconnue[3],[4].
En plus du travail magistral que constitue la Flore paraîtront de nombreux articles, la plupart après sa mort. Ses nombreux manuscrits sont confiés à l'Académie royale des sciences de Lisbonne.
« Da incerteza que há acerca da goma mina; dá-se notícia de um arbusto, que tem as mesmas qualidades e virtudes », dans História e Memórias da Academia, t. 1
« Memória sobre uma espécie de petrificação animal », dans História e Memórias da Academia, t. 2
« Descrição botânica das cubelas medicinais », ibid.
« Exame físico e histórico : « Se há ou tem havido no mundo várias espécies de homens » », dans História e Memórias da Academia, t. 2
« Consideração física e botânica da planta Aerides, que nasce e se alimenta do ar », dans História e Memórias da Academia, t. 2
James Britten(en), « Notes on Haya », dans Journ. Bot. 36: 413-418, 1898 ; Includes a critical note on Loureiro's specimen of « Stapelia Cochinchinensis » in the herbarium of the British Museum, confused by R. Brown with « Stapelia Chinensis » Lour.
↑Il a déterminé astronomiquement la position de Hué et d'autres villes.
↑ a et bLe titre continue avec des éléments que nous ne considérons plus de nos jours comme en faisant partie : « labore, ac studio Johannes de Loureiro Regiae Scientiarum Academiae Ulyssiponensis socii : olim in Cochinchina catholicae fidei praeconis : ibique rebus mathematicis, ac physicis in aula praefecti jussu Acad. R. Scient. in lucem edita » (… grâce au travail et aux études de João de Loureiro, membre de l'Académie royale des sciences de Lisbonne, autrefois héraut de la foi catholique en Cochinchine et préposé aux matières mathématiques et physiques à la cour de ce pays [Flore] éditée sur l'ordre de l'Académie royale des sciences).
↑Merrill 1933, p. 230, a par exemple détecté dans la Flore générale de l'Indo-Chine de Paul Henri Lecomte plus de 320 noms binomiaux proposés par Loureiro ou basés sur ses descriptions, mais où son nom n'est pas mentionné.
↑« L'absence de planches et une terminologie déficiente causée par le manque de familiarité avec les travaux d'autres botanistes rendent souvent les descriptions obscures. »Joseph Dalton Hooker et Thomas Thomson, Flora Indica, 1855, p. 46.
↑Gomes 1865 reproduit aussi des lettres adressées à Loureiro.