L'Holocène (du grec ancien : ὅλος / hólos, « entier », et καινός / kainós, « récent ») est une époque géologique s'étendant sur les 12 000 dernières années, toujours en cours. Il est fréquemment subdivisé en fonction de palynozones.
Étymologie
Le mot Holocène est formé sur deux mots grecs anciens : hólos (ὅλος, entier) et kainós (καινός, nouveau), l'idée étant que cette époque est « entièrement nouvelle ».
La remontée du niveau des océans, amorcée à la fin du dernier maximum glaciaire, durant lequel le niveau des mers était à environ 120 mètres sous le niveau actuel, et due à la fonte des inlandsis de l'hémisphère nord, s'est amplifiée au début de l'Holocène, jusqu'à atteindre le niveau actuel il y a environ 6 000 ans. La mer Noire s'est remplie il y a environ 8 000 ans. La hausse du niveau marin isola les îles Britanniques du continent européen.
Avec la fonte des calottes glaciaires, les terres situées au-dessous ou à la marge des anciens inlandsis, libérées du poids de la glace, remontent (isostasie du manteau supérieur). Cependant, la remontée des eaux permit une transgression temporaire dans les terres situées en marges des inlandsis. Des fossiles marins peuvent être trouvés en Ontario, au Vermont, au Québec et au Michigan. En dehors des zones de haute latitude où la mer s'est avancée à la suite de la dépression glaciaire, on trouve ce type de fossiles dans le lit des lacs, les plaines d'inondation, et les dépôts à l'intérieur des cavernes.
Fluctuations climatiques
Au début de l'Holocène, la température s'élève notablement jusqu'au VIIIe millénaire av. J.-C. Les précipitations augmentent, entraînant une diminution des zones désertiques. Les zones habitables se décalent vers le Nord. À la faveur du réchauffement climatique, faune et flore tempérées reconquièrent les moyennes et hautes latitudes, et les écosystèmes de climats froids sont isolés dans des niches écologiques. La répartition des espèces est ainsi fortement modifiée (remontées vers le nord des biomes et des biocénoses).
Des variations climatiques importantes se produisent par la suite.
Vers , le Sahara se couvre de végétation et de multiples lacs s'y créent. Les troupeaux de grands herbivores quittent les zones tropicales où les forêts s'étendent, pour se diriger vers les savanes apparues dans les déserts du Nord et du Sud. Ils sont suivis par une population humaine de chasseurs-cueilleurs, ensuite remplacés au Néolithique par des éleveurs et agriculteurs venus du Proche-Orient. Ils laissent des peintures et gravures rupestres dans le Sahara. Le retour ultérieur du désert, entre 3000 et , contraint cette population à migrer sur les rives du Nil, donnant naissance à l'Égypte antique.
En Amérique vivaient[5] jusqu'à il y a environ 13 000 ans de nombreux très grands animaux (jusqu'au triple des tailles des animaux correspondants en Afrique contemporaine). Toute cette mégafaune a brutalement disparu[6] :
Les mastodontes, parents des mammouths et éléphants, vivaient dans les forêts nord-américaines. Ils semblent avoir disparu assez brutalement, après avoir vécu plus de 30 millions d'années, du Mexique à l'Alaska actuels. Le mammouth laineux et le mammouth américain (le plus gros de tous les proboscidiens, pesant 10 tonnes environ) qui vivaient dans des espaces plus ouverts, et qui étaient parfaitement adaptés aux toundras, ont également brutalement disparu. Ainsi que le mammouth nain (moins de 2 m de haut).
Le glyptodon a disparu à la fin de la période glaciaire.
Les ours géants à face courte de près du double de la taille d'un grizzly, et probablement plus rapides grâce à des jambes plus longues, qui ont peut-être freiné le passage de l'homme vers l'Amérique par le détroit de Béring, ont disparu aussi.
Tout comme le castor géant, ainsi que des espèces plus petites dont trois genres d'équidés, et plusieurs variétés de chameaux et tapirs nord-américains, ainsi qu'un pécari de grande taille.
De nombreux mammifères herbivores à bois, l'un des gibiers préférés de l'homme préhistorique ont aussi disparu d'Amérique du Nord à cette époque, tels l'antilope d'Amérique ou l'orignal de Scotts (plus grand que l'élan et l'orignal contemporains).
Toutes ces espèces (appartenant à 60 genres de grands mammifères, et incluant une vingtaine d'espèces d'équins) ont disparu d'Amérique sur quelques millénaires, ce qui est une période très brève à l'échelle des temps géologiques. Ceci après avoir survécu aux trois dernières glaciations. Tous les grands animaux terrestres ont été affectés.
En Eurasie, l'extinction de la mégafaune fut un peu moins sévère qu'en Amérique. Il est probable que les mammifères avaient évolué en même temps que l'homme devenait un prédateur redoutable, la sélection conservant ceux qui se méfiaient le plus du bipède.
Alors que les précédentes extinctions massives étaient dues à des phénomènes naturels, comme les éruptions volcaniques, les chutes de pluies acides par exemple, l'extinction du Quaternaire s'explique vraisemblablement par la surchasse exercée par l'Homme moderne.
L'Homme utilisateur du feu, chasseur maîtrisant la pierre taillée, puis l'arc, la sagaie ou le propulseur, voire le boomerang en Australie, chassant avec des chiens[7], parfois expert en traque et piégeage animal, voire en poison, semble avoir une grande part de responsabilité dans ces disparitions, lesquelles ont peut-être eu d'importantes conséquences en matière d'écosystème et de physionomie des paysages. En Australie, l'introduction des dingos (chien domestique redevenu sauvage) par les premiers habitants de l'île aurait pu causer la disparition de nombreuses espèces animales et de la totalité des grands carnivores indigènes.
L'hypothèse selon laquelle l'homme serait totalement ou principalement responsable de ces disparitions est parfois dite théorie du Blitzkrieg. Elle a notamment été portée et diffusée par Paul S. Martin qui note que de nombreuses pointes de flèches ont été trouvées dans les gisements de fossiles, parfois encore fichées dans certains os. Cette théorie est discutée et d'autres hypothèses (compatibles avec celle-ci) ont été proposées, dont l'introduction de pathogènes ou de parasites qui auraient été responsables d'importantes zoonoses qui auraient décimé les grands animaux (non confirmées à ce jour par l'étude des fossiles), les grands animaux moins nombreux s'y seraient peut-être moins bien adaptés que les petits animaux dont la diversité génétique était peut-être plus élevée.
En archéologie
Dans de nombreuses régions d'Eurasie, l'Holocène ouvre la voie au Mésolithique.
Par la suite, le Néolithique marque le début d'un accroissement démographique exponentiel de l'espèce humaine, connu sous le nom de transition démographique agricole[8].
Références
↑Blytt & Sernander, in De-Beaulieu, Striae, 1982, Changements climatiques et leur impact sur les populations passées, Département de paléoclimatologie & paléoenvironnements marins / E.P.H.E. lire en ligne.
↑Bernhard Eitel, Les marges de désert, berceaux des civilisations, Pour la Science, 375, (janvier 2009), p. 76-82.
↑Pierre Pagé, Les grandes glaciations : l'histoire et la stratigraphie des glaciations continentales dans l'hémisphère Nord, Guérin, , p. 361.
↑Jared Diamond (trad. de l'anglais), Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, États-Unis, Éditions Gallimard, , 896 p. (ISBN978-2-07-036430-5), p. 235.
↑Germonpré M., Sablin M.V., Stevens R.E., Hedges R.E.M., Hofreiter M., Stiller M. et Jaenicke-Desprese V., 2009. Fossil dogs and wolves from Palaeolithic sites in Belgium, the Ukraine and Russia: osteometry, ancient DNA and stable isotopes. - Journal of Archaeological Science 2009, vol. 36, no2, p. 473-490.
↑Jean-Pierre Bocquet-Appel, « La transition démographique agricole au Néolithique », dans Jean-Paul Demoule, La révolution néolithique dans le monde, CNRS éditions, (ISBN978-2-271-06914-6), p. 301-317.