Il est le fils du physiologiste Pierre Flourens, professeur au Collège de France, secrétaire perpétuel avec François Arago de l'Académie des sciences, député en 1838-1839 et le frère aîné d'Émile Flourens, futur ministre des affaires étrangères de la Troisième République.
Carrière
Professeur au Collège de France à 25 ans en 1863, il est chargé de traiter l’Histoire des races humaines où ses opinions antireligieuses et antibonapartistes le font interdire de cours après une année d'exercice[1]. Il publie alors ses leçons sous le titre d’Histoire de l'Homme. Il y aspire alors à l'instauration d'une République universelle, qu'il voit comme la composante d'une lutte millénaire entre la culture aryenne, athée, et la culture sémitique, mystique[2]. Il enseigne notamment que la supériorité physique, intellectuelle et morale des Aryens blonds aux yeux bleus les destine à dominer ou à déplacer les peuples inférieurs noirs, bruns et jaunes[2].
Vie politique
En exil en Belgique en 1865, il rejoint les partisans des minorités agissantes, proches du courant blanquiste[2] , puis installé à Istambul et Athènes, il prend fait et cause pour les Crétois insurgés contre l'Empire ottoman[1] et sollicite en leur faveur les gens d'opinion avancée dans toute l'Europe dont Victor Hugo, l'ancien concurrent malheureux de son père à l'Académie française. En 1866, il participe à l'insurrection crétoise avec le grade de capitaine. Il est nommé ambassadeur de Crète auprès du gouvernement grec qui, cédant aux pressions du gouvernement français, l'expulse vers la France.
Opposant politique au Second Empire et désormais propagandiste des théories socialistes, il est emprisonné pendant trois mois en 1869. Il devient chroniqueur militaire du journal La Marseillaise d'Henri Rochefort, et se bat en duel contre Paul de Cassagnac, qui le blesse au ventre. Accusé de prendre part dans une tentative de complot contre Napoléon III, il est en détention provisoire avec son ami Maurice Garreau en janvier 1870[3],[4]. Après l'arrestation de Rochefort en , il s'enfuit en Hollande puis en Angleterre, où il devient un familier de Karl Marx[1]. En , la haute-Cour siégeant à Blois le condamne à six ans de prison par contumace.
Franc-maçon et membre de sociétés de libre pensée depuis 1865, il participe de leur activité depuis son exil, écrivant dans La Libre Pensée du : « L'ennemi c'est Dieu. Le commencement de la sagesse c'est la haine de Dieu […], cet épouvantable mensonge qui, depuis six mille ans, énerve, abrutit, asservit la pauvre Humanité »[5].
Premier mort parmi les membres de la Commune, il est inhumé auprès de son père au cimetière du Père-Lachaise à Paris dans la 66e division et sa tombe devient, au cours des années suivantes, le premier lieu de rassemblement pour commémorer la révolution parisienne vaincue.
Une unité militaire de la Commune fut baptisée en son honneur les « Vengeurs de Flourens ».
William Butcher, vernien américain, suggère que le personnage du Captaine Nemo, de par ses idées et ses actes en Crète, est inspiré de Gustave Flourens[6]. Malgré les transformations éditoriales de Hetzel, Leonidas Kallivretakis conteste en partie ce point de vue[7].
Léonidas Kallivretakis, Gustave Flourens (1838-1871) et la Grèce (thèse de 3e cycle ès études grecques), Paris, université Paris-IV, , 506 + 28 (SUDOC006517390).
Leonidas Kallivretakis, "Jules Verne's Captain Nemo and French Revolutionary Gustave Flourens: A Hidden Character Model?". The Historical Review , 2004, p 207–244.
Alain Dalotel, « Un héros de Belleville, le communard Gustave Flourens », Gavroche, no 115, janv-févr 2001.
Éric Lebouteiller, « Gustave Flourens (1838-1871), le « Chevalier de la révolution » », La Commune, bulletin des Amies et Amis de la Commune, no 60, 2014.
Jacqueline Brossollet, « Gustave Flourens », sur universalis.fr.
↑Recueil mensuel de législation, de jurisprudence et de doctrine sur les matiéres rentrant dans les attributions des commissaires de police, Journal des commissaires de police, (lire en ligne)
↑Joel W. Hedgpeth, « The Annotated Jules Verne: Twenty Thousand Leagues Under the Sea. Walter James Miller », The Quarterly Review of Biology, vol. 52, no 4, , p. 389–390 (ISSN0033-5770 et 1539-7718, DOI10.1086/410130, lire en ligne, consulté le )
↑Leonidas Kallivretakis, « Jules Verne's Captain Nemo and French Revolutionary Gustave Flourens:A Hidden Character Model? », The Historical Review/La Revue Historique, vol. 1, , p. 207 (ISSN1791-7603 et 1790-3572, DOI10.12681/hr.177, lire en ligne, consulté le )