Les fortifications de Paris aux XIXe et XXe siècles comprennent trois périmètres :
Elles ont été construites à deux périodes distinctes :
Sur le plan militaire, Paris est un camp retranché situé dans une cuvette.
En 1670, Louis XIV fait démolir les enceintes de Charles V et de Louis XIII. Paris devient une ville ouverte et va le rester pendant près de deux siècles. En 1689, Vauban exprime des réserves sur cette démolition et préconise un dispositif comprenant : la remise en état de l'enceinte, son doublement par une autre qui englobe les villages de Chaillot, Montmartre et Belleville, deux citadelles (à l'ouest et à l'est) permettant de voir l'ennemi de loin et de retarder son approche, et l'utilisation de l'espace entre les deux enceintes pour de l'élevage, afin d'augmenter les capacités de résistance au soutien d'un siège[1]. Ses idées restent lettre morte.
Louis XVI fait construire le mur des Fermiers généraux, qui n'est pas conçu comme une fortification militaire mais comme une enceinte destinée à percevoir l'octroi.
On lit dans le Dictionnaire encyclopédique paru en 1844[2] :
« L'opinion s'était accréditée depuis longtemps que Paris ne devait point avoir de fortifications. Ce ne fut donc point sans étonnement qu'on vit tout à coup faire, en 1841, la proposition de le fortifier. Mais l'état des affaires de l'Europe avait inspiré des craintes ; on avait parlé de guerre, et bientôt tout le monde fut persuadé que la France allait avoir à se défendre contre une nouvelle coalition européenne. C'est sous l'influence de cette préoccupation que fut proposée et acceptée une loi, qui ordonnait la construction d'un système de défense autour de Paris. Plus tard, on voulut revenir sur cette idée, mais on était trop engagé ; les uns par crainte, les autres par une fausse honte, reculèrent devant le rappel de la loi, ne firent entendre que de tièdes ou d'incomplètes réclamations, et par une inconséquence incroyable, Paris voit s'élever autour de lui quatorze forts, dont l'érection avait une année auparavant soulevé l'indignation de la population. »
Au XIXe siècle, chaque invasion prussienne (1814-1815 et 1870) provoque l'éloignement des fortifications, le rôle de chacune de ces enceintes successives (1841-1845, 1874) consistant à englober la ligne des hauteurs d'où l'ennemi a bombardé la ville lors de la précédente invasion.
Pendant la guerre de 1870, les fortifications se révèlent inefficaces.
Dans le cadre des réflexions sur la défense du pays qui se poursuivent après la Première Guerre mondiale, rien de nouveau n'implique une défense rapprochée de la capitale. Pour mémoire, le calendrier général est le suivant :
La doctrine d’emploi des forts dépend du contexte de l'époque. Au milieu du XIXe siècle, les routes sont peu nombreuses. En raison de la taille d'une armée en campagne, celle-ci est obligée d'emprunter les axes de communication existants afin que les chariots d'approvisionnement puissent la suivre sans s'enliser dans les chemins de terre à la mauvaise saison.
Ainsi, un ouvrage militaire, placé sur un axe important de communication est à même de ralentir fortement, voire de stopper, une troupe composée de plusieurs milliers d'hommes. Exemple : le fort de Charenton est placé sur les actuelles RN6 et RN19 qui étaient respectivement, à l'époque, les routes de Genève et de Belfort ; le pont de Charenton sur la Marne et le pont à l’Anglais sur la Seine sont situés à proximité.
En temps de guerre, le fort remplit plusieurs fonctions, qui sont les fonctions classiques d’une place forte :
À l'époque, quand l'ennemi voulait le prendre, les soldats devaient monter à l'assaut sous la mitraille des défenseurs protégés par d'épaisses murailles et tirants de meurtrières.
Le système d'ouvrages détachés, constituant la première ligne de défense à quelques kilomètres de Paris[6], en complément de l'enceinte entourant Paris, comprenait :
La carte ci-contre montre la position des forts par rapport à la ville, à l'occasion des combats de la Commune de Paris en 1871.
Les seize forts construits autour de Paris entre 1840 et 1845 font l'objet du tableau suivant.
L'ordre (première colonne) est celui dans lequel apparaissent les forts lorsqu'on tourne autour de Paris dans le sens des aiguilles d'une montre (N-E-S-O).
Selon le cas, le nom d'un fort est soit celui de la commune où il est situé à l'origine, soit celui de la commune qu'il défend.
Cette section donne la liste des ouvrages avancés réalisés de 1870 à 1890, dans le cadre des fortifications du Système Séré de Rivières, à environ 20 km de la capitale[9].
L'enceinte de Thiers était entourée (côté extérieur à Paris) d'une zone non aedificandi (inconstructible) destinée à former un glacis battu par l'artillerie et sur lequel aucun obstacle n'est toléré, pas même des arbres (son étendue correspond, peu ou prou, à l'emprise actuelle des boulevards des Maréchaux et du boulevard périphérique, souvent abrégé en Périph' par les Franciliens). Avec l'obsolescence militaire post-guerre de 1870 et la construction de fortifications en grande banlieue (ligne Séré de Rivières, entre autres), cette zone est réappropriée par une population pauvre chassée de Paris par la spéculation immobilière et des travailleurs déracinés, venus de province ou de l'étranger. Cette zone se couvre de cabanons et habitations précaires, formant un immense bidonville, entrecoupé de jardinets et de potagers. Même si la population des zoniers n'est pas exclusivement criminelle, très loin de là, l'endroit a mauvaise réputation, des prostituées de basse classe y font métier de leurs charmes, des Apaches y rôdent, et la presse bourgeoise bien-pensante stigmatise régulièrement la « zone » et les « classes dangereuses »[15]. La situation n'évoluera que lentement, avec la construction des HBM (Habitations à bon marché, ancêtres de HLM), immeubles de béton et brique, salubres et bien conçus, construits le long des boulevards des Maréchaux dans la période allant de l'avant guerre de 1914 à la Seconde Guerre mondiale, et les dernières traces de la zone seront effacées par la construction du boulevard périphérique parisien dans les années 1960-1970.
Restent de cette époque des traces lexicales, comme les mots zône et zônard et les abréviations argotiques du mot fortification : les fortif's ou les lafs.
Un certain folklore (chansons réalistes) et une littérature para-policière évoque cette époque et ces lieux à jamais disparus, leur conférant une sorte d'aura légendaire[16].
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