Elle est cofondatrice en 2002 puis présidente d'honneur de l'association Femmes et sciences et présidente de la Plateforme européenne des femmes scientifiques (European Platform of Women Scientists EPWS) à partir de 2017.
Parcours de formation et professionnel
Ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles (S1965)[4], agrégée de physique (1969), elle soutient en 1976 une thèse de sciences intitulée Pompage optique dans l'antimoniure de gallium : détection optique de la résonance électronique, à l'université Paris VI[5] et obtient le titre de docteur d'État ès sciences. Spécialiste de physique des solides, ses travaux ont porté sur le pompage optique dans les semi-conducteurs, la photo-émission d'électrons polarisés et l'optique en champ proche. Elle obtient notamment[6] la valeur communément acceptée du facteur de Landé des électrons dans l'Arséniure de Gallium g = -0,44, très différente de la valeur dans le vide g = 2, importante pour la compréhension de la physique du spin dans le régime de l'effet Hall quantique.
Claudine Hermann étudie la situation des femmes scientifiques en Europe occidentale. Fille de pharmacienne, elle s'interroge sur l'influence du métier de la mère et du métier du père dans l'orientation professionnelle des filles[8]. Elle s'efforce d'inciter les filles à investir les activités scientifiques, en réalisant des conférences et en publiant des articles[9]. Claudine Hermann souhaite « leur donner d'autres exemples que l'inaccessible Marie Curie[3]. »
À la suite de sa nomination comme première femme professeure de physique à l'École polytechnique, Claudine Hermann se sensibilise au déficit de femmes dans les secteurs scientifiques, et s'engage dans des actions institutionnelles. Elle participe aux études pionnières que dirigent Huguette Delavault (1924-2003) et le réseau Demain la parité, sur la place des filles dans les classes préparatoires scientifiques (1997), puis dans les grandes écoles scientifiques (1998). Elle est co-auteure d'un rapport intitulé Les enseignants-chercheurs à l'université : la place des femmes, avec Noria Boukhobza, Huguette Delavault et Françoise Cyrot-Lackmann[10], dont est tiré l'ouvrage, Les enseignantes-chercheuses à l'université : demain la parité ?[11].
De 1999 à 2006, elle représente, au sein de la Commission européenne, l'association Femmes et Sciences auprès de la Direction générale de la recherche. Elle est coauteure du rapport du groupe de travail « Femmes et sciences » du réseau ETAN, Intégrer la dimension du genre, un facteur d’excellence en 2000[13]. Ce rapport qui présente un état des lieux détaillé et des recommandations concrètes à l'intention de l'Union européenne et des États membres, a reçu l'approbation du commissaire européen à la Recherche Philippe Busquin. Claudine Hermann fait également le point sur les développements de cette question en France, à la direction de l'Enseignement supérieur du ministère de l'Éducation nationale et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dans la revue Sciences de l'Association française pour l'avancement des sciences (AFAS)[14].
En 2005, Claudine Hermann contribue à la fondation de la Plateforme européenne des femmes scientifiques (European Platform of Women Scientists(en)) (EPWS), qui regroupe une centaine d'associations et 15 000 femmes scientifiques. Elle en est vice-présidente, de 2009 à 2017, puis présidente de 2017 à 2021.
Claudine Hermann est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite puis promue au grade d'officier le au titre de « professeure à l'École polytechnique ; 32 ans de services civils »[15].
Elle est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur, faite chevalier de l'ordre le , promue au grade d'officier le au titre de « professeure, vice-présidente d'une association en faveur de la promotion des sciences chez les femmes »[16]. Elle est faite officier de l'ordre le puis promue au grade de commandeur le au titre de « physicienne, professeure honoraire des universités, vice-présidente d'association »[17]. Elle est faite commandeur de l'ordre le , puis élevée à la dignité de grand-officier dans l'ordre le [18] au titre de « physicienne » et faite grand-officier par le président François Hollande le [19].
Le 8 mars 2024, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, l'université Sorbonne Paris Nord à Villetaneuse a renommé l'un de ses amphithéâtres "Amphithéâtre Claudine Hermann"[21]. Un collège portera également le nom de Claudine Hermann à Massy à la rentrée 2024.
Physique statistique et illustrations en physique du solide, Éditions de l'École Polytechnique, 2003 (ISBN978-2-7302-1022-5).
Les enseignantes-chercheuses à l'université : demain la parité ? avec Huguette Delavault, Noria Boukhobza, Claudine Hermann, Corinne Konrad (ISBN978-2-747-53157-3).
(Article) « Que faire pour que les filles fassent des sciences ? », avec Véronique Slovacek-Chauveau, Cahiers pédagogiques, no 467, en ligne.
« Femmes et sciences, en Europe et en France », Sciences, revue de l'AFAS, no 2, , p. 3-6 (ISSN0151-0304).
↑Colette Guillopé et Isabelle Pianet, « La mort de Claudine Hermann, physicienne et cofondatrice de l’association Femmes & Sciences », Le Monde, no 23812, , p. 14 (lire en ligne)
↑Claude Weisbuch et Claudine Hermann, « Optical detection of conduction-electron spin resonance in , , and », Physical Review B, vol. 15, no 2, , p. 816–822 (DOI10.1103/PhysRevB.15.816, lire en ligne, consulté le ).
↑« Fonds Claudine Hermann (née en 1945) », sur Répertoire de fonds pour l'histoire et la philosophie des sciences et des techniques, (consulté le ).
↑« Claudine Hermann, en habituée de l'exigence quantitative, accumule des données, établit des statistiques sur les caractéristiques de ces perles rares que sont les femmes scientifiques. Bien plus que les hommes, elles seraient issues de parents ayant tous les deux suivi des études scientifiques. Le goût des maths et de la physique se transmettrait-elle de mère en fille ? Une très forte corrélation l'indique. Du coup, moins de femmes scientifiques signifie aussi moins de filles en sciences. » (…) « Claudine Hermann, fille de pharmacienne, - donc de mère scientifique, ce qui confirme les statistiques - était entourée de parents ayant fait de longues études », Azar Khalatbari, « Claudine Hermann, La cause des femmes », La Recherche, no 330, avril 2000.
↑Huguette Delavault, Noria Boukhobza, Claudine Hermann et Corinne Konrad (préf. Françoise Gaspard), Les enseignantes-chercheuses à l'université : demain la parite, Paris, L'Harmattan, , 192 p. (ISBN978-2-7475-3157-3, OCLC300773708, BNF38927375, lire en ligne).