Le CANT Z.506 a été conçu initialement par Filippo Zappata comme hydravion à flotteurscatamaran de transport pour 12 à 14 passagers, propulsé par trois moteurs en étoile de 455 kW (610 ch) Piaggio Stella IX. Il était dérivé d'un hydravion plus gros et plus lourd, le Z.505[3]. Le Z.506 entra en production en 1936 sous l'appellation de Z.506A, mû par des moteurs en étoile à neuf cylindres, plus puissants, des 560 kW (750 ch) Alfa Romeo 126 RC.34 qui lui donnaient une puissance maximum de 780 ch au décollage et de 750 ch à 3 400 mètres. Le fuselage avait une structure en bois recouverte de lamelles en bois de tulipier. Les ailes étaient construites avec une structure en trois longerons en caissons reliés par des nervures couvertes de contreplaqué. Les flotteurs étaient faits en duralumin, couverts en écailles de 12,5 mètres de long. L'armement consistait en une mitrailleuse calibre 12,7 mm (0,5 inch) Breda-SAFAT en position dorsale et en trois mitrailleuses calibre 7,7 mm (0,303 inch) de carlingue, une ventrale et deux latérales. Il embarquait un équipage de 5 personnes[4]. Il a été produit par les usines Cantieri Riuniti dell'Adriatico et Cantiere Navale Triestino (CRDA-CANT), situées respectivement à Monfalcone et Finale Ligure. Il fut aussi produit par Piaggio Aero sous licence. Le Z.506A entra en service avec la compagnie aérienneAla Littoria qui desservait la Méditerranée.
Une version militaire fut développée sous la désignation de Z.506B. Elle était propulsée par trois moteurs 560 kW (750 ch) Alfa Romeo 127 RC 55 et entra en service en 1939. Cette version fut aussi un briseur de records[5]. Une plus grande version du Z.506A fut construite en 1937 sous la désignation de CANT Z.509.
Engagements
Utilisation civile
Le Z.506A entra en service en 1936 avec la compagnie aerienne Ala Littoria sur les routes aériennes autour de la Méditerranée, parmi lesquelles celles de la ligne de l'EmpireRome-Syracuse-Benghazi.
Records
Piloté par le pilote d'essaiMario Stoppani, le Z.506A établit un certain nombre de records d'altitude, de vitesse et de distance dans sa classe entre 1936 et 1938, incluant les records de vitesse de 308,25 km/h sur 5 000 km, 319,78 km/h sur 2 000 km et 322,06 km/h sur 1 000 km. Il vola consécutivement 5 383,6 km en circuit fermé. Il transporta une charge de 2 000 kg à 7 810 m et de 5 000 kg à 6 917 m[3].
Utilisation militaire
Le Z.506B fut d'abord utilisé comme avion de reconnaissance et bombardier-torpilleur dans la guerre civile espagnole. Au début de la Seconde Guerre mondiale, 97 avions étaient opérationnels avec deux Stormi da Bombardamento Marittimo et quelques Squadriglia da Ricognizione Marittima. Le 31eStormo B.M. "autonomo" avec 22 avions était basé à l'aéroport de Cagliari-Elmas, en Sardaigne ; le 35eStormo B.M., avec 25 Z.506 à Brindisi (Pouilles). Il fut utilisé intensivement en 1940-1941 en France et en Grèce[6]. Ce modèle eut son baptême du feu le , le jour suivant l'attaque de quelques bombardiers français sur la base d'Elmas, tuant 21 aviateurs et détruisant quelques CANT. Z.501. Dans la soirée du , quatre 506B de la 31e escadrille attaquèrent des cibles en Afrique française du Nord, chacun déversant des bombes de 250 kg et trois de 100 kg. Le modèle prit aussi part dans la bataille de Calabre. Dans la guerre contre la Grèce, il fut utilisé contre des cibles côtières et le canal de Corinthe. Il joua un rôle important dans la conquête de plusieurs îles grecques, y compris Corfou, Céphalonie et Zante. Du fait de sa vulnérabilité face aux chasseurs, il fut restreint dans son utilisation à des unités de reconnaissance (Squadriglie da Ricognizione). Plus tard dans la guerre, il fut utilisé comme avion de patrouille maritime et pour les missions de sauvetage en mer. Le 506 dut souvent faire des atterrissages forcés en Espagne[7], du fait de pannes de moteurs, de dommages de combat ou de manque de carburant. Une version spéciale de sauvetage en mer, le Z.506S Soccorso, fut utilisée en petit nombre par la Luftwaffe.
Quand l'Italie entra en guerre le , quatre escadrilles (Squadriglie) de missions de sauvetage en mer furent constituées à Orbetello. C'étaient la 612a à Stagnoni, avec des avions marqués DAMB, GORO, BUIE, CANT (le prototype) et POLA, ainsi que la 614a à Benghazi, avec DUCO, ALA, DODO and DAIM. Les deux autres sections avec chacune deux aéronefs basées à Torre del Lago et en mer Égée à Leros. La dernière fut ultérieurement transférée à Rhodes[8]. Ces unités subirent de sérieuses pertes car beaucoup de pilotes alliés ne cessèrent pas leurs attaques contre ces aéronefs même après qu'ils eurent été identifiés avec des croix rouges. Par exemple, le , au large de Malte, un Hawker Hurricane du 46 Squadron abattit un CANT, puis en descendit un autre qui avait été envoyé secourir l'équipage du premier. Le sergent Etchells, dans 249 at Malta rappelait :
« J'ai descendu un Cant Z506 près de la Sicile, peint en blanc, qui avait des croix rouges sur les ailes, et qui était apparemment un avion de sauvetage en mer. Le Sqn Ldr Barton désapprouva mais l'AOC approuva. Je n'avais pas vu les croix rouges sur ses ailes à ce moment-là et je ne sais pas si j'aurais agi différemment si je les avais vues[9]. »
Un Cant 506 devint célèbre chez les Alliés, parce qu'il fut le seul avion volé par des prisonniers de guerre sur le Front ouest (il fut alors utilisé par la RAF depuis Malte)[1],[10].
Variantes
Z.506
Prototype, un seul exemplaire construit.
Z.506A
Version civile.
Z.506B
Version militaire, 324 unités construites.
Z.506S
version sauvetage en mer
Z.506 avion terrestre
Un aéronef fut converti en avion terrestre dans une tentative de Mario Stoppani pour un record d'endurance. Elle n'eut pas lieu à cause du mauvais temps.
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Survivants
Un seul avion a été préservé, le Z.506 B codé 84-4, aujourd'hui au Musée historique de l'aviation de Vigna di Valle. Il avait fait son premier vol le , avait été affecté à la 186e Squadraglia le , et avait effectué sa première mission de guerre le [12].
↑voir Philippe Conrad, p. 58 : Ramón Franco (frère cadet du général Franco), commandant de la base aérienne de Majorque se tua en pilotant cet engin. Il est vrai qu'il comptait peu d'heures de vol sur ce type d'avion et que la météo était exécrable à 6 h 5 du matin. Le sabotage a été exclu.
Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Les avions, t. 3 : La Seconde Guerre mondiale - France, Allemagne, Angleterre, etc., Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », (ISBN2-8003-0387-5), p. 194-195.
Italo de Marchi, « Le CANT Z.506 Airone », Le Fana de l'Aviation, no 268, , p. 14-27.
(en) Brian Cull, Frederick Galea, 249 at Malta: Malta top-scoring Fighter Squadron 1941-1943, Wise Owl Publications, Malta, 2004, (ISBN978-9993232520).
(it) De Marchi, Italo - Tonizzo, Pietro. CANT. Z. 506 "airone"- CANT. Z. 1007 "alcione" . Modena, Mucchi Editorr, 1997. NO ISBN.
(en) Green, William. War Planes of the Second World War: Volume Six - Floatplanes. London:Macdonald, 1962.
(it) Gunston, Bill. Gli aerei della seconda guerra mondiale. Milano, Alberto Peruzzo Editore, 1984