C'est une côte rectiligne, sablonneuse, baignée par l'océan Atlantique qui déferle en puissants rouleaux, induisant la fréquentation des surfeurs. Elle est bordée de hautes dunes (les plus hautes d'Europe), fixées par une forêt de pins maritimes (forêt des Landes) et abritant de nombreux lacs et étangs. Le sable apporté par la mer est de 15 à 18 m3 par mètre de côte et par an. Selon les variations des courants marins et dans une moindre mesure l'élévation du niveau de la mer liée au réchauffement climatique[2], c'est aussi une zone particulièrement vulnérable à l'aléa « érosion du trait de côte »[3].
Le littoral des Alpes-Maritimes a été le premier à être baptisé « Côte d’Azur » en 1887[4]. En 1894, les stations balnéaires entre Cancale et le cap Fréhel (Saint-Malo, Dinard, Paramé) sont regroupées sous l’appellation de « Côte d'Émeraude », sur l’idée de l’avocat malouin Eugène Herpin. Ce mouvement étant lancé, il est logique que la côte aquitaine ait aussi sa couleur.
En 1905, le journaliste, reporter et poète Maurice Martin donne aux rivages de la côte Aquitaine le nom de « Côte d’Argent », expression inspirée des reflets argentés en surface de l’océan Atlantique. Cette appellation concerne dans un premier temps tout le littoral aquitain, de Royan à Hendaye. Selon un récit marqué d'un « vernis légendaire »[n 1], il expose son idée qui serait le fruit d'une illumination littéraire, le devant un parterre de journalistes et notables locaux lors d'une halte du Touring Club à Mimizan-les-bains alors qu'ils parcourent lettes et villages gascons en une mémorable caravane[5]. Ce nouveau concept remporte l'approbation de l’assistance. En 1907, le Congrès national des sociétés de géographie consacre officiellement ce vocable[6]. Diffusé avec succès, il est repris par photographes et affaires commerciales. La partie royannaise de la Côte d'Argent a été rebaptisée Côte de Beauté en 1930[7], la section au sud d'Anglet sera quant à elle renommée Côte basque.
Dans les années 1960/70, une mission interministérielle créée par décret du 20 octobre 1967, se voit confier l'aménagement touristique de l'ensemble de la côte aquitaine, en prenant exemple sur celui qui était en cours sur le littoral du Languedoc-Roussillon.
De nos jours, l'appellation « Côte d'Argent » tend à perdre un peu de sa force au profit de côte aquitaine ou côte landaise.
Une dénomination aux contours variables
Bien que l'on considère souvent de nos jours que la Côte d'Argent se termine au sud à l'endroit où commence la Côte basque, certains auteurs estiment que la Côte d'Argent se prolonge jusqu'à l'embouchure de la Bidassoa. À commencer par son créateur, Maurice Martin, qui décrit la Côte d'Argent comme s'étendant "de l'embouchure de la Gironde à celle de la Bidassoa, de Royan à Hendaye"[n 2]. D'autres sources[n 3],[8],[9] reprennent ces délimitations de façon plus ou moins explicite.
Les stations
La Côte d'Argent, constitutive du golfe de Gascogne, compte parmi ses nombreuses stations :
Localisation de la Côte d'Argent le long du littoral aquitain en couleur grise.
Dunes à Hourtin-Plage.
Côte d'Argent, vue aérienne du littoral dans le Médoc. On distingue tour à tour : la forêt des Landes, la station balnéaire de Lacanau, le cordon dunaire, la plage, l'océan.
Plage de la chambre d'Amour, fin de la Côte d'Argent.
La côte sableuse se termine au niveau de la grotte de la Chambre d’Amour à Anglet. Passé ce lieu, la plage change radicalement d'aspect, les rochers remplacent le sable fin des Landes de Gascogne, c'est le début de la Côte basque. Selon les sources, la Côte d'Argent comprend aussi:
Côte d'Argent[n 4] est le nom d'un gâteau roulé local du littoral aquitain, inventé par André Carrau, fait de génoise, de meringue italienne, de crème au rhum et de pignons[11].
Notes et références
Notes
↑« Ce baptême s’inscrit en fait dans ce qu’on appellerait aujourd’hui une série d’opérations de communication soigneusement concertées. Les deux premiers événements organisés pour « lancer » la Côte d’Argent, les « caravanes », sortes de voyages « sponsorisés » organisés à travers la forêt landaise et le long du littoral au cours de l’année 1905 ont, à l’origine, pour fonction de promouvoir le projet d’un boulevard routier qui courrait de Hossegor à Hendaye. Le projet va dériver vers la promotion du littoral, associée à la mise en valeur de la station d’Hossegor ». Cf Catherine Bertho-Lavenir, Guy Latry, « Côte d'Argent, Côte d'Émeraude : les zones balnéaires entre nom de marque et identité littéraire », Dans Le Temps des médias, no 8, , p. 105-117 (DOI10.3917/tdm.008.0105).
↑Revue des Français, 1912: "(Maurice Martin) La Côte d'Argent dont le signataire de ces lignes fut le parrain comme Stephen Liéeard fut le parrain de la Côte d'Azur et mon confrère Emile Gautier celui de la Côte d'Emeraude, la Côte d'Argent qui s'étend de l'embouchure de la Gironde à celle de la Bidassoa, de Royan à Hendaye (délimitation officiellement adoptée par le Congrès des Sociétés de Géographie, en 1907), a précisément pour charme incomparable cette diversité de sites."
↑Guide vert Michelin : « La "Côte d'Argent" est le nom donné à cette partie de la côte aquitaine dont le tracé quasi rectiligne s'étend de l'embouchure de la Gironde à celle de la Bidassoa ; le littoral landais, de la Gironde à l'Adour, en constitue la majeure partie. »
↑Mongi Bourgou, Les littoraux: entre nature et société, Publications de l'ENS, , p. 228.
↑Mickael Penverne, « Marseille : Le niveau de la mer a monté de 16 cm depuis 1885 », 20 minutes, (lire en ligne, consulté le ).
↑S. Aubié, C. Mallet et J. Favennec, Caractérisation de l’aléa érosion (2020-2040) de la Côte Aquitaine dans le cadre de l’étude stratégique de gestion du trait de côte : Rapport final, Observatoire de la Côte Aquitaine, , 100 p. (lire en ligne [PDF]).
↑Stéphen Liégeard, La Côte d'azur, Paris, Maison Quantin, 1887, 430 p. [Prix Bordin décerné par l'Académie française en 1888.]
Arbouille D. (1987) La sédimentation de la plate-forme continentale nord-aquitaine au Quaternaire terminal : un exemple de système transgressif, thèse de 3e cycle, université de Bordeaux 1.
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Le Treut H. (coord.) (2013) Les impacts du changement climatique en Aquitaine. Dynamiques environnementales – A la croisée des sciences.
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