La constitution du Bloc de gauche met fin à l'émiettement historique des mouvements d'extrême gauche portugais, divisés sur leurs programmes et avec lesquels les grands partis de gauche refusaient tout accord. Elle intervient dans un contexte de crise du Parti communiste et d’insatisfaction face au gouvernement socialiste d'António Guterres. La constitution du Bloc de gauche est aussi le résultat de la mobilisation de la société civile lors du référendum de 1998 sur la dépénalisation de l’avortement qui a contribué à renforcer la coopération entre les différentes forces de la gauche radicale[1].
Il a obtenu huit sièges et 6,38 % le 20 février 2005, obtenant le meilleur résultat depuis sa création. Le Bloc de gauche a effectué une percée lors des élections européennes de 2009, envoyant trois eurodéputés siéger au Parlement européen avec 10,7 % des suffrages exprimés.
Cette chute s'amplifie lors des élections municipales de 2013, le Bloc perdant sa seule mairie et n'ayant plus aucun élu au conseil de Lisbonne, Semedo ayant été incapable de sauver son siège. Elle est confirmée par le résultat des élections européennes de 2014, au cours desquelles le Bloc perd deux de ses trois sièges au Parlement européen avec seulement 4,6 % des suffrages exprimés (cinquième parti du pays).
Soutien au gouvernement socialiste minoritaire
Aux élections législatives de 2015, le Bloc de gauche, emmené par la tête de liste Catarina Martins recueille 10,19 % des voix et a ainsi droit à 19 députés. Dans la foulée, le Bloc de gauche, ainsi que le Parti communiste et les écologistes, acceptent de soutenir un gouvernement socialiste sans toutefois y participer. Cette alliance de gauche, inédite au Portugal depuis la chute de Salazar, s’explique par la volonté de ne pas reconduire le Premier ministre de droite Pedro Passos Coelho, arrivé en tête aux élections, mais dont la politique d’austérité est décriée[21].
Sans se désolidariser du gouvernement socialiste, le , le Bloc de gauche vote contre le projet gouvernemental de diminution d'une taxe sociale acquittée par les sociétés sur le salaire minimum[22].
Opposition
Les divergences avec le gouvernement Costa se font sentir quand le e Bloc de gauche et le Parti communiste s'abstiennent lors du vote du budget pour l'année 2021. La rupture est consommée un an plus tard, quand les deux formations votent cette fois contre, reprochant à l'exécutif de consacrer trop peu de fonds aux services publics et à l'amélioration du pouvoir d'achat. Le Parlement est dissous par le président de la République et des élections législatives anticipées se tiennent le . Le Bloc de gauche, tout comme le Parti communiste, subit une sévère défaite avec 4,43 % des voix et perd quatorze sièges pour n'en conserver que cinq, alors que le Parti socialiste remporte la majorité absolue.
Le 14 février 2023, Catarina Martins annonce ne pas se représenter comme candidate au poste de coordinatrice du parti lors des élections internes de la même année, citant notamment pour catalyseur la défaite du parti lors des élections législatives de 2022[23]. Le 28 mai suivant, Mariana Mortágua est désignée nouvelle coordinatrice nationale du Bloc[24].
Idéologie
Le Bloc de gauche critique le modèle capitaliste de croissance économique.
Il appelle à un renforcement du service public, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la sécurité sociale. Il est partisan d’une réforme fiscale qui taxerait plus lourdement les grandes fortunes et d’une lutte plus sévère contre la corruption.
Dès ses débuts, le Bloc de gauche a également soulevé, pour la première fois dans l’arène politique portugaise, certaines questions sociétales qui lui ont valu la qualification de « parti des causes fracturantes » : droit à l’avortement, légalisation du cannabis et dépénalisation des drogues dures, légalisation de l’union des homosexuels et droit à l’adoption, lutte contre les violences conjugales...
La dimension écologique a pris une importance particulière avec la Ve convention du parti, en 2007, qui a préconisé l’adoption d’un plan d’énergie durable et un commerce plus équitable entre les nations.
Dans le domaine de la politique étrangère, le Bloc de gauche est resté partisan de la construction européenne, tout en en critiquant les modalités. Ses positions sont devenues plus critiques dans le contexte de la crise de la dette publique grecque[25]. Il soutient la sortie de l'euro, obstacle selon lui à la souveraineté du Portugal et à une politique économique indépendante, la restructuration de la dette portugaise et la sortie de l’OTAN[26].
↑Jean-Baptiste Chastand, « Au Portugal, la gauche provoque la chute du gouvernement et veut « tourner la page de l’austérité » », Le Monde.fr, (ISSN1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
↑« Portugal. Premier échec au Parlement du gouvernement socialiste », Ouest-France.fr, (lire en ligne, consulté le ).