Fils de Jean Dominique Leroy (1758-1803), avocat, membre du Tribunat, puis préfet de l'Aude et de Louise Catherine Papillon de Latapy (1780-1852), Armand Jacques est le frère aîné d'Adolphe Le Roy de Saint-Arnaud (1801-1873), conseiller d'État et sénateur et le frère utérin d'Adolphe de Forcade Laroquette (1820-1874), qui deviendra ministre. Les deux frères Saint-Arnaud[1] épousent deux sœurs, Eugénie et Louise, filles du marquis de Trazegnies d'Ittre, ancien colonel d'infanterie néerlandaise, et de Marie-Anne-Charlotte-Louise, comtesse d'Argenteau. De son premier mariage avec Louise Pasquier (1800-1836), le maréchal de Saint-Arnaud a une fille, Louise-Hortense (1831-1857) qui épouse Maurice de Chastenet, marquis de Puységur, ancien officier d'ordonnance de l'empereur Napoléon III et descendant du maréchal de Puységur. D'où postérité. En 1848, il se remarie avec Louise-Anne-Marie de Trazégnies (1816-1905)[2].
Premières années
En 1814, le jeune Armand Leroy, collégien du lycée Napoléon, travaille aux fortifications de Paris et, après la déchéance de Napoléon Ier, s'engage dans la Garde nationale à cheval de Paris. Il acquiert alors son surnom d'Achille et adopte le patronyme de Saint-Arnaud. Il parvient à entrer dans les gardes du corps du Roi, compagnie Grammont, mais en est renvoyé pour vol. Entré dans un régiment d’infanterie, il doit démissionner après avoir provoqué son commandant en duel.
Campagne de Grèce (1822)
Il s'embarque en mai 1822 à Marseille sur le Duchesse-d'Angoulême en compagnie d'un groupe d'autres volontaires philhellènes qui partent en Grèce pour secouer le joug turc[3],[4]. Débarqué le 25 mai à Navarin, il ne participe qu'à quelques escarmouches près de Modon ; déçu par son aventure, il quitte la Grèce au bout de quelques jours (il écrit de Salonique le 12 juin) sur le navire qui l'avait amené, et s'embarque de Salonique pour la France le 5 août grâce au soutien du consul de France[5], après avoir visité plusieurs villes du Levant[4].
Il mène ensuite une existence irrégulière et misérable avant de demander sa réintégration dans l'armée en 1827. Il est nommé alors au 49e d'infanterie à Vannes. Désigné pour partir à La Martinique, il démissionne et la vie d'aventures recommence. Il donne des cours de langues, enseigne l'escrime, la musique et joue la comédie sous le nom de Florival.
Guerre de Vendée - Blaye - Palerme (1832-1833)
Il doit attendre 1831 pour enfin lancer sa carrière. Sa rencontre avec Bugeaud transforme Saint-Arnaud. Lieutenant le , il devient officier d'ordonnance du général Bugeaud et prend part à la répression des troubles en Vendée, il est ensuite chargé d'escorter la duchesse de Berry de Blaye à Palerme.
En 1837, nouvellement promu capitaine, il se distingue au siège de Constantine et est fait chevalier de la Légion d'honneur. Après la prise de Djidjelli en 1839, il est cité à l'ordre du jour. En 1840, l'année où il est autorisé par ordonnance royale à s'appeler Leroy de Saint-Arnaud, le général Schramm indique : « officier ardent et brave militaire ; s'est distingué plusieurs fois, digne d'avancement ». Il est chef de bataillon au 18e léger en août 1840, au Régiment de zouaves en mars 1841 ; lieutenant-colonel du 53e régiment d'infanterie de ligne en mars 1842 ; colonel du 32e régiment d'infanterie de ligne en octobre 1844, puis du 53e le même mois. Son avancement est la récompense de sa conduite lors de l'assaut de Constantine, de l'attaque du col de Mouzaia et de la prise de Mascara. Après avoir commandé les subdivisions de Miliana et d'Orléansville, il réprime l'insurrection du Dahra (1845-1847) puis contraint cheikh Boumaza à se constituer prisonnier en avril 1847. Dans une courte lettre datée du adressée à son frère, il écrit « Bou-Maza est entre mes mains! Il est ici [à Orléansville] depuis deux heures. C’est un beau et fier jeune homme! Nous nous sommes regardés dans le blanc des yeux. J'ai tout de suite annoncé cette bonne nouvelle au maréchal [Bugeaud], qui sera bien heureux ». Il est récompensé par le grade de maréchal de camp en novembre 1847. Il commande la subdivision de Mostaganem, celle d'Alger en 1849, après avoir été promu général de brigade en 1848. Il commande ensuite la division de Constantine en janvier 1850. En mai 1851, il commande en chef le corps expéditionnaire de 9 500 hommes dans les montagnes de la Petite-Kabylie, avec sous ses ordres les deux brigades des généraux Bosquet et de Luzy. Il est promu général de division en juillet 1851.
A partir de 1843, Saint-Arnaud comme d'autres chefs de l'armée d'Afrique reçoit les ordres de représailles de Changarnier et de Bugeaud. Il écrira : "ce système est horrible, mais il nous servira". En effet, les "lois de la guerre" que l'on pouvait retrouver en Europe étaient une notion vide de sens dans le Nord de l'Afrique. Ainsi le bey de Constantine, Achmet, se vantait de compter 12 000 têtes à son actif, et pas seulement d'ennemis, mais aussi des tribus coincées entre les Français et les hommes d'Abd El Kader. La réponse française fût alors de frapper vite et fort, en appliquant la même tactique. Saint-Arnaud décrit son quotidien dans de nombreuses lettres envoyées à sa famille : « On ravage, on brûle, on pille, on détruit les moissons et les arbres. » Les mots de Saint-Arnaud dans ses lettres sont directs. Il se plaint même parfois du manque de combats. Il commente aussi les actions de ses pairs : "Les journaux te donneront les tristes détails des extrémités cruelles où Pélissier a été obligé d'en venir pour soumettre les Ouled Rias qui s'étaient réfugiés dans leurs cavernes... Le fanatisme est une horrible chose. Pélissier a employé tous les moyens, tous les raisonnements, toutes les sommations. Il a dû agir de rigueur. J'aurais été à sa place, j'aurais fait de même, mais j'aime mieux que ce lot lui soit tombé qu'à moi". Il rajoute : "Aurait-on préféré lire : la colonne Pélissier a eu deux cents hommes tués devant les grottes des Ouled Rias, et toute la population a pu s'échapper avec ses armes ? "[6]. Il trouve que « l'Afrique perd de sa poésie » quand il pratique le massacre en grand par « l'enfumade », méthode consistant à asphyxier des centaines de personnes réfugiées dans des cavernes. Il emmure huit cents personnes de la tribu Sbeha, du 8 au [7]. Durant cet épisode, il demande à ce que la tribu se rende. Quelques insurgés paraissent, leurs camarades les abattent. Le 12, après une dernière exhortation, le feu est mis. et écrit par la suite à son frère : « Frère, personne n'est bon par goût et par nature comme moi !… Du 8 au 12 août, j'ai été malade, mais ma conscience ne me reproche rien. J'ai fait mon devoir de chef, et demain je recommencerai, mais j'ai pris l'Afrique en dégoût ! »[8].
Il passe au total plus de 13 ans en Algérie au cours de quatre séjours effectués entre 1837 et 1851.
En mars 1854, il quitte le ministère de la Guerre pour prendre le commandement de l'expédition de Crimée. Bien que sa santé soit déjà chancelante, l'Empereur lui accorde sa confiance.
Saint-Arnaud arrive à Constantinople en mai 1854 et embarque pour la Crimée le 5 septembre. Il remporte brillamment la bataille de l'Alma, le , mais miné depuis longtemps par une péricardite, il contracte également le choléra et, le 26 septembre, il remet le commandement à Canrobert. Le , il embarque à bord du Berthollet à dix heures du matin, afin de voguer vers Constantinople où il espère retrouver sa seconde épouse mais il meurt le même jour à quinze heures.
Napoléon III le fait inhumer aux Invalides[2]. En apprenant sa mort, le duc d'Aumale s'avouera profondément ému : "Cette épreuve-ci, pour moi, passe toutes les autres. Le maréchal et le duc échangeaient une correspondance importante depuis le moment où ce dernier fût nommé Gouverneur Général de l'Algérie. Il rajoutera, un quart de siècle plus tard : "C'était un des hommes les plus remarquables que j'ai connus"[6].
Le château Malromé
En 1847, le château Malromé (33) et son domaine sont transmis à Adolphe de Forcade Laroquette, président du Conseil d'État sous Napoléon III, et à son demi-frère, le maréchal de Saint-Arnaud, gouverneur de Paris et ministre de la Guerre, qui feront restaurer le château « d'après Viollet-le-Duc ».[réf. nécessaire] En 1883, le domaine est vendu à la comtesse Adèle de Toulouse-Lautrec ; son fils Henri de Toulouse-Lautrec, qui se plait à y séjourner fréquemment, y terminera son existence le .
↑ a et bLouis de Charbonnières, Saint-Arnaud Maréchal de France, Nemours, Nouvelles éditions latines, , 190 p. (ISBN978-2-7233-1230-1, Indisponible), p. 78
↑Louis de Charbonnières, Saint-Arnaud Maréchal de France, Rennes, Nouvelles éditions latines, , 190 p. (ISBN978-2-7233-1230-1, Indisponilble), p. 67 et 68
Maurice Quatrelles L'Epine, Le maréchal de Saint-Arnaud d'après sa correspondance et des documents inédits (en deux volumes : 1798-1850 et 1850-1854), Paris, libr. Plon, 1928 & 1929.
Jean Meyer, Jean Tarrade, Anne Rey-Goldzeiguer, Jacques Thobie, Histoire de la France coloniale, des origines à 1914 (III - "Le temps de la colonisation mercantiliste : 1837-1847), pp. 361-362, Armand Collin, collection U - histoire
Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, , 701 p. (ISBN978-2-35077-135-9), p. 360.
Henri Gabriel Ogilvy et Pierre Jules de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne : revue des familles d'ancienne chevalerie ou anoblies de ces provinces, antérieures à 1789, vol. 3, Typographie G. Gounonilhou, (lire en ligne) ;