Fils d'instituteur, Jean-Marie Pirot, devenu plus tard Arcabas, est né le à Trémery en Moselle. Il passe son enfance à Metz. Très tôt passionné par le dessin et la peinture, il bénéficie de l’enseignement de son premier maître Clément Kieffer. La première grande déchirure de sa vie est la seconde Guerre mondiale. Comme tant d'autres adolescents mosellans devenus des Malgré-nous en Moselle annexée, Jean-Marie Pirot est incorporé de force dans l'armée allemande et voit le sang couler à l’âge de 17 ans. Il parvient à s’enfuir, reste caché de longs mois et finalement gagne Paris.
En 1948, il rencontre Jacqueline Barrucand, qui se forme à la psychologie scolaire, ils auront deux enfants Étienne né en 1952 qui deviendra sculpteur et Isabelle née en 1954 qui deviendra comédienne et auteure.
Impressionné par l’une des créations majeures de l’Art sacré moderne d’après-guerre, l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du plateau d’Assy, il va sillonner dès lors le Dauphiné et la Savoie à la recherche d’une église à décorer.
En 1949/1950, il orne de peinture a fresco la Chapelle du Villard de Saint-Paul-sur-Isère en Savoie, dédiée à Saint François de Sales.
Enfin, une église de montagne lui est confiée. C’est ainsi qu’à partir de 1953, il se fait connaître à travers une œuvre monumentale réalisée en plusieurs étapes pendant plus de 30 ans : l'ensemble d'art sacré de l'église Saint-Hugues à Saint-Pierre-de-Chartreuse dans le massif du même nom. Le chantier débute en 1951, il y reviendra à trois reprises. L'église Saint-Hugues devenue musée départemental d'art sacré en , lors de la donation de cet ensemble (111 œuvres) par l'artiste au Conseil général de l'Isère, elle a été rebaptisée depuis la disparition du peintre Musée Arcabas en Chartreuse. Il réalise ensuite l'ensemble des vitraux de la nouvelle église Notre-Dame des Neiges[1] de l'Alpe d'Huez, imaginée par le père Jaap Reuten et inaugurée en 1969, treize de 1990 à 2002, douze représentant l'évangile de Marc et le treizième au-dessus de la porte d'entrée, le début et la fin de l'univers.
Heureux bénéficiaire de commandes du gouvernement français, de collectivités locales ou de communautés religieuses, il remporte, dès les années 1950, de nombreux appels d’offres ou concours (1 % par exemple) et réalise un grand nombre d’œuvres monumentales
De 1969 à 1972, il est artiste invité par le Conseil des arts du Canada et professeur titulaire à l’université d’Ottawa, où il crée et dirige l'atelier collectif expérimental.
À son retour en France, l’artiste est conscient de n’être plus tout à fait le même peintre, son écriture a changé, matériaux et couleurs ont évolué, il se cherche une nouvelle identité, il prendra désormais le pseudonyme d’Arcabas.
En 1991, il réalise avec son fils Étienne, sculpteur, à l’initiative du curé-archiprêtre Bernard Heudré, un ensemble important de mobilier liturgique pour la Cathédrale Saint Vincent de Saint-Malo (Maître autel, ambon, siège de présidence, fonts baptismaux…), consacré en décembre par MgrJacques Jullien, archevêque de Rennes.
Il a réalisé en 2005, le mobilier liturgique de la chapelle où est inhumé Robert Schuman à Scy-Chazelles en Moselle. Œuvre la plus importante de l'artiste dans son département d'origine.
Dauphinois de cœur, l'artiste est très présent dans différentes collections privées ou publiques en Rhône-Alpes.
Son œuvre est très présente aussi à l'étranger : et en particulier : en Belgique, à Bruxelles, au Palais Archiépiscopal où est présent son grand polyptyque titré l’Enfance du Christ (2002), et à Montaigu (Scherpenheuvel) où le Cardinal Daneels a souhaité voir installé là aussi un autre grand ensemble, le polyptyque Passion et Résurrection (2003).
En Italie, particulièrement en Lombardie, où en 2008, il est chargé par Dom Emilio Bronzzoni de l'aménagement complet (peintures, sculptures, vitraux, céramique du sol, mobilier liturgique, chasubles) ainsi que de la Campanella (cinq cloches), de la chapelle de la communauté de Piturello à Torre de Roveri à Bergame où l’on peut aussi admirer le polyptyque Les pèlerins d’Emmaüs (1994), puis par la suite de la chapelle de la Peta, à Costa Serina (vitraux, toile, mobilier liturgique). Mais aussi à Ardesio, à Cenate Sotto, ou à l’invitation de Enzo Bianchi à Magnano et à San Géminiano pour la Communauté de Boze, à Alba, et au Vatican où figure dans les appartements Pontificaux une Madone.
En 2012 il est pressenti pour créer les vitraux de la basilique du Sacré-Cœur de Grenoble en cours de rénovation : 24 vitraux (de 13 m2 chacun), l’un des plus grands ensembles de vitraux moderne du début du XXIe siècle commençant en France, il choisit le thème de la création qu’il affectionnait et qui seront réalisés par l'atelier Berthier-Bessac de Grenoble. En , les six premiers vitraux monumentaux sont inaugurés dans la basilique, puis six autres sont aussi installés. L’ensemble du chantier sera terminé à la fin de l’année 2019 sous le contrôle de Christophe Berthier ami et collaborateur de confiance, Arcabas n’aura pas vu l’ensemble achevé.
Parmi les grands polyptyques d’Arcabas celui qui servit de décor à la lecture du Journal d’un curé de campagne de Georges Bernanos en 1962 à Grenoble, a été installé en décembre 2019 dans la nef du Couvent des Jacobins à Toulouse. Titré L’hommage à Bernanos il trouve son origine dans l’émotion qui saisit Arcabas à la lecture des Grands cimetières sous la lune, pamphlet antifranquiste du grand écrivain. Son installation à Toulouse inscrit cette œuvre dans l’univers mémoriel qui marque l’histoire de la ville rose, capitale de la Retirada des républicains espagnols.
Arcabas a fait de nombreuses expositions, à Paris, Berlin, Bruxelles, Luxembourg, Ottawa, Bergame, Francfort, Lyon, Grenoble, Marseille ou Strasbourg…
Il est inhumé à Saint-Hugues de Chartreuse où il repose avec son épouse Jacqueline qui l’a accompagné sa vie durant et a largement contribué à faire connaître son œuvre.
Son travail, s’est beaucoup inspiré des paraboles et récits de la Bible, généralement sous forme de fresques, de cycles de tableaux et de polyptyques complétés parfois par des prédelles. C'est le cas de ses polyptyques L’hommage à Bernanos (1962), de La petite suite noir et or (1975), du cycle Les pèlerins d’Emmaüs (sept peintures - 1994), de L'Enfance du Christ (onze panneaux à l'huile – 2002), de Passion/Résurrection (vingt tableaux à l'huile – 2003), et de l’ensemble de Saint-Hugues de Chartreuse.
Arcabas réintroduit généralement dans le traitement de sujets sacrés : éléments et figures de la vie quotidienne actuelle, allusions à des thèmes d'actualité ou à une universalité qui dépasse largement les cadres bibliques.
Son œuvre est riche d’un très grand nombre d’œuvres aux thèmes variés : natures mortes, paysages, animaux, nus, portrait et autoportraits.
Grand coloriste, l'usage de la couleur est particulièrement important dans l’ensemble de son œuvre : les toiles de l'artiste se caractérisent par leur intense chromatisme et par l'application fréquente de feuilles d'or, qui font de son travail une véritable œuvre sacrée même quand les thèmes n’ont rien de biblique.
Le mariage des écritures abstraites et figuratives est significatif de son œuvre.
Symbolique utilisée
Parmi les grands thèmes abordés dans son œuvre reviennent les scènes de la vie quotidienne, les anges protecteurs, les scènes inspirées des Evangiles.
Les symboles sont omniprésents dans le travail du peintre, jusqu'à composer exclusivement certains petits tableaux, ce qui leur confère une dimension abstraite. Parmi les symboles utilisés, nous pouvons évoquer une croix trapue généralement réalisée à la feuille d'or. Ainsi, la croix devient un signe de vie, d'une grande richesse. À plusieurs reprises, l'artiste utilise également un « X » mais ne donne pour explication qu'une inspiration abstraite, comme pour quelques autres formes souvent reprises, que l’artiste qualifiait d’expression libre de son paysage intérieur.
Engagements
Homme d’engagement, Arcabas n’a jamais pris de carte d’aucun parti, syndicat ou mouvement. Ce sont ses rencontres, ses amitiés, qui l’ont parfois amené à s’engager. Proche du groupe Esprit de Grenoble, du personnalisme d’Emmanuel Mounier, il a toujours eu une attention et une affection particulière pour ceux « qui luttent contre l’injustice et le mensonge », pour ceux qui souffrent.
Collections publiques et réalisations monumentales
France
Ardennes – Aubigny-les-Pothées – Carmel de la Fontaine Olive, Les Pèlerins d'Emmaüs, Le pain et le vin, deux peintures sur toile - 1992
Haute-Savoie – Meythet - Église paroissiale St-Paul, dans le chœur La Résurrection, peinture murale 72 m2 - 1998
Haut-Rhin – Ferrette – Groupe scolaire, Bannière de la ville, mosaïque - 1962
Ille-et-Vilaine – Montigné – Chapelle de la Maison de retraite des prêtres de Bretagne, La tempête apaisée, peinture sur toile et mobilier liturgique - 1997
Ille-et-Vilaine – Rennes – Cathédrale : mobilier liturgique (en collaboration avec le sculpteur Étienne) - 1993
Ille-et-Vilaine – Saint-Malo, Cathédrale, mobilier liturgique (en collaboration avec le sculpteur Étienne - 1991-1992
Isère - Alpe-d'Huez – Église N.D. des Neiges (architecte J. Marol), 12 verrières – 75 m2 – de 1990 à 2000
Isère – Biviers, Centre de Saint Hugues de Biviers, Chapelle Marie et l'Enfant Jésus, Peinture sur toile - 1969
Isère – Grenoble – Église Saint Augustin sur la paroi du chœur : Les pèlerins d'Emmaüs, peinture sur toile - 1978 ; Chapelle de semaine : La Rencontre de Marie et d'Elisabeth : peinture sur toile - 1990 ; Baptistère, Oiseau en vol, sculpture métal 1990
Isère – Grenoble – Préfecture, Place de Verdun. Dans le Hall La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil, exergue de René Char. Peinture murale - 1963 & Dans la salle de réunion "Fourrier" : C'est la nuit qu'il est bon de croire à la lumière, peinture sur toile - 1975
Isère – Grenoble : Campus universitaire de St Martin d'Hères, Université Mendès-France Institut d'Études politiques, La guerre et La paix, 2 peintures sur bois – 1967
Isère – Grenoble – Basilique Saint Joseph, Les pèlerins d'Emmaüs, peinture sur toile – 1976
Isère – Grenoble – Église Saint-Vincent-de-Paul, Saint-Vincent-de-Paul et La Trinité, deux peintures sur toile – 1993
Isère – Grenoble – Institut Universitaire de Technologie, Les signes du Zodiaque, cinq peintures sur toile - 1962
Isère – Grenoble – Centre œcuménique Saint-Marc, toile abstraite, peinture sur toile – 1972
Isère – Grenoble – Centre Médico Psycho-Pédagogique, Étienne à vélo, peinture sur toile – 1978
Isère – Grenoble – Basilique du Sacré-Cœur, Ensemble de 24 vitraux sur le thème de la création et une sculpture en métal, La Trinité – de 2012 à 2019
Isère – Moirans – Église Saint-Pierre, ensemble de six vitraux – 2012 à 2014
Isère – Chamrousse – Église du Saint-Esprit (Avec l’architecte Pierre Jomain) – Paroi de lumière en béton, Tabernacle, Madone, huile sur aluminium - 1967
Isère – La Tour du Pin – Église paroissiale : Les rois mages, Retable – huile sur bois – 2001
Isère – Le Fontanil – Station d'épuration des eaux usées de la vallée du Grésivaudan Aquapole : Façade : La vague (gravure dans le béton), Hall d'entrée et salle supérieure : Joie de l'eau purifiée – peintures murales – 1988 et 1989
Isère – Le Sappey en Chartreuse – Église paroissiale La Résurrection – 10 vitraux : bi-verre - 2002
Isère – Meylan – Lycée du Grésivaudan Le chevalier Bayard, peinture murale acrylique - 1988
Isère – Pont de Claix – résidence des personnes âgées Irène Joliot Curie, Le Rêveur – Sculpture – 2001
Isère – Pontcharra – Église paroissiale, retable La Trinité ou l'hospitalité d'Abraham, technique mixtes – 1999, Les oiseaux, sculpture en métal - 2001
Isère – Quaix en Chartreuse, Église, Hommage à la Pieta d'Avignon, Peinture sur toile - 1976
Isère – Saint Hugues de Chartreuse – Église paroissiale – Musée Arcabas en Chartreuse – 111 œuvres originales, (peintures, sculptures, vitraux, incrustation de laiton dans le sol et la porte d'entrée, mobilier liturgique) réalisation 1952 – 1986
Isère – Saint-Egrève – Groupe scolaire de Prédieu, L'oiseau, mosaïque - 1968
Isère – Sanctuaire de N.D. de la Salette – Les Noces de Cana (peinture sur toile – 1989), Déploration (peinture sur toile – 1989) Pantocrator et Tétramorphe (Cul de four et travée du chœur, peinture murale - 1991), Chapelle de la Rencontre, 2 vitraux, tabernacle bronze, mobilier liturgique - 1995
Belgique – Malines-Bruxelles - Palais archiépiscopal : L'enfance du Christ, polyptyque – onze huiles sur toile – 2002
Belgique – Montaigu (Scherpenheuvel) – Sanctuaire de N. D. de Montaigu, Passion-Résurrection, polyptyque – vingt huiles sur toile - 2003
Équateur- Porto-Viejo, Église, Christ ressuscitant, Croix en bois peinte - 2001
Italie – Bergame à Torre de Roverie –Chapelle de la résurrection Communita Pitturello, ensemble des œuvres de la chapelle dont le Cycle des pèlerins d'Emmaüs, polyptyque, peinture, huile sur toile et or fin et Les femmes myrophores, peintures, vitraux sous plomb, céramiques au sol, mobilier liturgique, poignées de bronze, vêtement liturgiques, campanile - 1995 et 1996
Italie – province de Bergame, Costa serina – dans la chapelle - peintures Le fils prodigue et Madone à l’enfant, vitraux et aménagements liturgiques -2002
Italie – province de Bergame, Ardesio – église paroissiale, Le baptême du Christ « hommage à Piero de la Francesca », huile sur toile – 2007
Italie – province de Bergame, Cenate Sotto - église paroissiale, Annonciation, huile sur toile – 1988
Italie – province de Biella, Magnano – Monastero di Bose, Bible, huile sur toile
Italie – province de Sienne, San Gémignano – Fraternité de Bose à Cellole, Madone à la chouette, huile sur toile – 2013
Italie – province de Coni dans le Piémont, Alba – Église du hameau de Mussotto, Transfiguration, Huile sur bois - 2009
Suisse – Collex-Bossy - Église Saint Clément, La Résurrection, Retable, acrylique sur bois, 4,20 × 2,80 m, 2001
Vatican – Appartement pontificaux – Madone au bébé endormi, huile sur toile - 2008