L'atelier Berthier-Bessac est un atelier de fabrique de vitraux construit en 1892 par Jean-Augustin Bessac à Grenoble dans le département de l'Isère. Situé 10 rue Émile-Gueymard, en face de la gare, il est labellisé Patrimoine en Isère depuis 2011[1]. Racheté par Christophe Berthier en 1997, il est toujours en activité.
Histoire
Fondation
La fabrique de vitraux Bessac a été fondée en 1860 à Pont-d'Ain par l'abbé Pron et Antoine Bessac. Ce dernier, né à Lyon en 1824, avait appris son métier à Saint-Galmier, chez le maître-verrierAlexandre Mauvernay. À la mort d'Antoine Bessac en 1873, son fils aîné Benoit, âgé de 23 ans, reprend l'atelier. Après la disparition prématurée de Benoit, en 1882, Jean-Augustin, son frère (1858-1917), lui succède[2].
Installation à Grenoble
Alors qu'un troisième fils d'Antoine Bessac, Pierre, s'installe à Paris, Jean-Augustin quitte Pont-d'Ain pour Grenoble en 1892. Il fait construire un immeuble, à la fois domicile et ateliers, en face de la gare du PLM, dans un nouveau quartier encore très peu urbanisé[3]. Pour se faire connaître, il édite une petite revue, la Revue des Arts des Ateliers Bessac, envoyée gratuitement aux paroisses françaises.
Son plus jeune fils, Antoine-Eugène (né en 1898), prend sa succession en 1917 et élargit son rayon d'action en proposant aussi ses services aux œuvres missionnaires du monde entier[4]. L'atelier, qui a compté jusqu'à seize compagnons, a ainsi créé des vitraux pour de très nombreux monuments religieux en France, en Europe et sur les autres continents[2] : environ 3 000 édifices religieux en France possèdent des vitraux issus de l'atelier Bessac de Grenoble et environ autant à l'étranger[5].
Christophe Berthier, maître-verrier à Grenoble depuis 1981, a racheté les ateliers Bessac en 1997 et s'y est installé en 1998[6]. Il travaille avec trois personnes, deux compagnons expérimentés et une compagnonne.
L'atelier
Le bâtiment
L'immeuble de quatre niveaux, au 50 rue Émile-Gueymard, est construit en pierre factice de ciment prompt moulé et prolongé à l'est par un bâtiment de plain-pied. Il possède une tour d'angle carrée, à l'angle des rues de l'Isère et Émile-Gueymard ; couverte d'un toit en pavillon souligné par de faux mâchicoulis elle est éclairée par une grande verrière longiligne (côté ouest)[7].
La pièce au rez-de-chaussée de la tour, qui servait à tester la qualité de luminosité des vitraux à divers moments du jour, est haute de deux niveaux et richement décorée. Elle a été restaurée en 1999. Sur les murs sont peints des semis de fleurs de lys, avec des rinceaux en frises et des draperies en soubassement. Le plafond peint en trompe-l'œil représente un ciel étoilé avec le soleil au centre, encadré de quatre tableaux d'angle rappelant les compétences nécessaires aux maîtres verriers (architecture, sculpture, peinture et gravure)[1].
Les quatre larges verrières des deux salles de plain-pied où sont créés et restaurés les vitraux donnent au nord, rue de l'Isère.
Entrée et verrière ouest de la tour d'angle
Plafond en trompe-l'œil et peintures murales de la salle de la tour
La mémoire de l'atelier : verres colorés et cartons originaux
Travaux de restauration
L'activité
L'atelier actuel conserve les archives et les cartons originaux des vitraux créés par Antoine-Eugène Berthier depuis 1930. Il possède un stock de verres spéciaux d'environ 1 500 nuances et plusieurs fours, nécessaires à la vitrification des colorants, en particulier des grisailles.
Christophe Berthier crée aussi des vitraux pour des bâtiments publics (préau de l'école de Poisat en 1996, école Gabriel-Péri de Saint-Martin-d'Hères en 2002…)[9], pour des édifices religieux (église Saint-Hugues de Pontcharra, église de Réauville en 2006, église de Revel en 2008, église de Saint-Pierre-d'Allevard en 2014…)[10], pour des résidences privées (siège des éditions Glénat en 2009)[11], utilisant un vaste éventail de techniques et de matériaux pour « peindre avec la lumière »[6].