Alice Paul est la fille aînée des quatre enfants de Tacie Parry et de William Mickle Paul I, des Quakers convaincus de l’équité citoyenne des femmes de leur inclusion dans l'éducation, la vie sociale et professionnelle pour améliorer la société. La mère d'Alice, suffragette, emmène régulièrement sa fille à des réunions en faveur du droit de vote des femmes[1],[2],[3],[4],[5],[6].
Après ses études secondaires au Moorestown Friends School , Alice Paul entre en 1901 au Swarthmore College[2],[7],[8] d'où elle sort en 1905 après avoir passé des certificats en biologie, elle change d'orientation pour s'intéresser à la sociologie, la politique, les institutions humaines[4]. Elle est admise à la Columbia University School of Social Work(en)New York puis en 1907, elle entre à l’université de Pennsylvanie où elle soutient son Master of Arts (mastère 2) en sociologie[1] puis elle part en Grande-Bretagne étudier les mouvements sociaux. Durant son séjour, elle rencontre des suffragettes britanniques comme Emmeline Pankhurst[9] et l'américaine Lucy Burns[5] auprès desquelles elle apprend les méthodes d'activisme pour faire entendre les droits des femmes. De retour aux États-Unis elle reprend ses études à l'université de Pennsylvanie où elle soutient avec succès son Ph.D (doctorat) d'économie en 1912[10],[2],[3].
Alice Paul organise à Washington, le , le jour précédent la prise de fonctions du présidentWoodrow Wilson, une manifestation en faveur du droit de vote des femmes[15], cette manifestation rassemble plus de 5 000 personnes venues de tous les États de l'Union. Les préparatifs des festivités attirent des milliers de badauds et certains s'en prennent aux manifestants. La police a laissé faire, malgré les violences, la manifestation atteint son objectif : attirer l'attention de la presse nationale sur la question du suffrage féminin et de faire valoir une réforme de la Constitution des États-Unis par l'adoption d’un amendement constitutionnel accordant le droit de vote aux femmes, revendication qui se démarque de celle formulée par des suffragettes comme Susan B. Anthony et Elizabeth Cady Stanton, demandant un droit vote état par état[16],[17],[18],[2].
Les méthodes de Alice Paul commencèrent à créer des tensions entre elle et les leaders de la NAWSA, qui estimaient qu'un amendement constitutionnel n'était pas un objectif réalisable. Lorsque leur travail de pression se révéla infructueux, Alice Paul et ses soutiens fondent en 1916 le National Woman's Party (NWP)[19],[20] ; elles se mirent alors à reprendre quelques-unes des méthodes utilisées par le mouvement des suffragettes en Grande-Bretagne. Le National Woman’s Party fut largement financé par Alva Belmont[21],[22], une femme du monde multi-millionnaire, le NWP publiait une revue hebdomadaire, Suffragist.
Lors de l'élection présidentielle américaine de 1916, Alice Paul et le NWP firent campagne contre le refus persistant du président Woodrow Wilson et d'autres responsables démocrates de soutenir l'amendement constitutionnel. En , le NWP commença ses premières protestations politiques en formant un piquet de protestation devant la Maison-Blanche. Les femmes formant les piquets s’appelaient des « sentinelles silencieuses » ; elles tenaient des banderoles réclamant le droit de vote. C’était un exemple d'une campagne de désobéissance civile non violente. En , des protestataires furent arrêtés sur des accusations d’obstruction du trafic. Beaucoup, comme Lucy Gwynne Branham et Alice Paul, furent reconnues coupables et incarcérées à la Occoquan Workhouse, en Virginie (de nos jours le Lorton Reformatory(en)) et à la prison du district de Columbia[3],[23],[24],[25],[26].
En protestation contre les conditions d’incarcération à la Occoquan Workhouse, Alice Paul entreprit une grève de la faim ; elle fut placée à la section psychiatrique de l’hôpital de la prison et gavée de force d'œufs crus à travers un tube d'alimentation. Lorsque ce qu’elle subissait fut connu grâce à la médiatisation, de nouvelles manifestations se déroulèrent, maintenant la pression sur l'administration Wilson. En , Wilson annonça que le suffrage des femmes était un besoin urgent en tant que « mesure de guerre », et demanda au Congrès d'adopter le projet de loi. En 1919, grâce à la majorité d’un seul vote de l'État du Tennessee, le XIXe amendement à la Constitution des États-Unis garantissait le vote des femmes[1],[2],[3].
L’amendement sur l'égalité des droits (ERA)
En 1923, Alice Paul et Crystal Eastman[27] rédigent une proposition d’amendement sur l’égalité des droits dans la Constitution (Equal Rights Amendment- ERA)[28],[29]. Cette proposition ne passera pas au Sénat avant 1972, quand elle fut approuvée puis soumise pour ratification. L’approbation par 38 États était nécessaire pour assurer l'adoption de l'amendement. Il n’y eut pas assez d’États — seulement 35 — pour voter en faveur de l’amendement à temps pour la date limite. Toutefois, les efforts pour faire adopter l’ERA par le Congrès dans les années 1970 sont toujours d’actualité, ainsi que les efforts visant à adopter un nouvel amendement sur l’égalité. Plusieurs états ont adopté l'ERA dans leurs constitutions respectives, en janvier 2020, la Virginie devient le 38° et dernier État nécessaire pour ratifier l'amendement sur l'égalité des droits, mais rien n'est encore décidé, une bataille judiciaire est déjà en cours[30],[31],[32],[33],[34],[35].
Vie privée
Alice Paul décède des suites d'un infarctus à l'âge de 92 ans le dans la résidence la Quaker Extension Greenleaf dans la ville de Moorestown, dans le Comté de Burlington du New Jersey, près de sa maison familiale de Paulsdale(en)[2],[3].
Deux pays ont émis un timbre-poste en son honneur : la Grande-Bretagne en 1981 et les États-Unis en 1995 (un timbre à 78 ¢ dans la série « Great Americans »)[51],[52].
Il est prévu de diffuser en 2012, aux États-Unis, une pièce de 10 $ d’un demi-once d'or, dans le cadre d’une série « First Spouse »[53], pour honorer les présidents des États-Unis qui remplissent leur mandat sans épouse, comme le président Chester A. Arthur dont l'épouse, Ellen Arthur, est décédée avant son entrée en fonction[54].
En 1989, lors du centenaire de la Fondation Alice Paul, des fonds furent réunis pour acheter la ferme de brique à Mount Laurel, où elle est née[55],[11].
La série téléviséeTimeless consacre l'épisode 7 de la saison 2 au combat des suffragettes et à Alice Paul[59].
Références
↑ abcd et e(en-US) John A. Garraty (dir.), American National Biography, vol. 17 : Park - Pushmataha, New York, Oxford University Press, USA, , 952 p. (ISBN9780195127966, lire en ligne), p. 156-158
↑ abcdefg et h(en-US) Alden Whitman (dir.), American Reformers : An H.W. Wilson Biographical Dictionary, New York, H.W. Wilson Co., , 930 p. (ISBN9780824207052, lire en ligne), p. 640-642
↑ abcdefg et h(en-US) Anne Commire & Deborah Klezmer, Women in World History : A Biographical Encyclopedia, vol. 12 : O - Q, Waterford, Connecticut, Yorkin Publications / Gale Cengage, , 879 p. (ISBN9780787640712, lire en ligne), p. 391-398
↑(en-US) « Alice Paul, 1922 Alumna », Washington College of Law Heritage, (lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) « Alice Paul », sur Archives of Women's Political Communication (consulté le )
↑(en-US) History com Editors, « Alice Paul », sur HISTORY (consulté le )
↑(en-US) Sally Hunter Graham, « Woodrow Wilson, Alice Paul, and the Woman Suffrage Movement », Political Science Quarterly, Vol. 98, No. 4, hiver, 1983-1984, p. 665-679 (lire en ligne)
↑(en-US) « Visit a former prison of suffragists now turned into an arts center in Virginia », Los Angeles Times, (ISSN0458-3035, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) « ‘Night of terror’: The suffragists who were beaten and tortured for seeking the vote », The Washington Post, (lire en ligne)
↑(en-US) Gregory S. Schneider, Laura Vozzella & Patricia Sullivan, « A long time to wait’: Virginia passes Equal Rights Amendment in historic vote », The Washington Post, (lire en ligne)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Notices dans des encyclopédies et manuels de références
(en-US) Alden Whitman (dir.), American Reformers : An H.W. Wilson Biographical Dictionary, New York, H.W. Wilson Co., , 930 p. (ISBN9780824207052, lire en ligne), p. 640-642.
(en-US) Shelley Fisher Fishkin (dir.) et David Bradley (dir.), Encyclopaedia of Civil Rights in America, vol. 2 : Equal Rights Amendment--Presidency, U.S, Armonk, état de New York, Routledge, , 721 p. (ISBN9780765680006, lire en ligne), p. 682-684,
(en-US) John A. Garraty (dir.) et Mark C. Carnes (dir.), American National Biography, vol. 17 : Park - Pushmataha, New York, Oxford University Press, USA, , 952 p. (ISBN9780195127966, lire en ligne), p. 156-158.
(en-US) Monique Avakian, Reformers : Activists, Educators, Religious Leaders, Austin, Texas, Raintree Steck-Vaughn, , 83 p. (ISBN9780817257330, lire en ligne), p. 56,
(en-US) Anne Commire (dir.) et Deborah Klezmer (dir.), Women in World History : A Biographical Encyclopedia, vol. 12 : O-Q, Waterford, Connecticut, Yorkin Publications / Gale Cengage, , 879 p. (ISBN9780787640712, lire en ligne), p. 391-398.,
(en-US) Helen Rappaport, Encyclopedia Of Women Social Reformers, vol. 2 : M-Z, Santa Barbara, Californie, ABC-CLIO, , 891 p. (ISBN9781576071014, lire en ligne), p. 532-535,
(en-US) Donna Langston, A to Z of American Women Leaders and Activists, New York, Facts on File, , 291 p. (ISBN9780816044689, lire en ligne), p. 174-176,
Essais et biographies
(en-US) Inez Haynes Irwin, The Story Of Alice Paul and the National Women's Party, Fairfax, Virginie, Denlingers Publishing Ltd (réimpr. 1977, 2009, 2018) (1re éd. 1921), 516 p. (ISBN9781720778745, OCLC1222883797, lire en ligne),
(en-US) Mary Walton, A Woman's Crusade : Alice Paul and the Battle for the Ballot, New York, St. Martin's Press, , 304 p. (ISBN9780230611757),
(en-US) Chris Lunardini, Alice Paul : Equality for Women and Perfecting Democracy, Philadelphie, Pennsylvanie, Westview Press, coll. « Lives of American Women » (réimpr. 2018) (1re éd. 2012), 220 p. (ISBN9780813347615, OCLC808684605, lire en ligne),
(en-US) J.D. Zahniser et Amelia R. Fry, Alice Paul : Claiming Power, New York, Oxford University Press, USA (réimpr. 2019) (1re éd. 2014), 416 p. (ISBN9780199958429, OCLC891805224, lire en ligne),
(en-US) Deborah Kops, Alice Paul and the Fight for Women's Rights : From the Vote to the Equal Rights Amendment, Honesdale, Pennsylvanie, Calkins Creek, , 232 p. (ISBN9781629793238, lire en ligne),
(en-US) Dona Herweck Rice, True Life : Alice Paul, Huntington Beach, Californie, Teacher Created Materials, coll. « Time for kids nonfiction readers », , 68 p. (ISBN9781493836352),
Articles
(en-US) Sidney R. Bland, « New Life in an Old Movement: Alice Paul and the Great Suffrage Parade of 1913 in Washington, D. C », Records of the Columbia Historical Society, Washington, D.C., vol. 71/72, hiver, 1971/1972, p. 657-678 (22 pages) (lire en ligne),
(en-US) Amelia R. Fry, « Suffragist Alice Paul's Memoirs: Pros and Cons of Oral History », Frontiers: A Journal of Women Studies, vol. 2, no 2, , p. 82-86 (5 pages) (lire en ligne),
(en-US) Amelia R. Fry, « The Two Searches for Alice Paul », Frontiers: A Journal of Women Studies, vol. 7, no 1, , p. 21-24 (4 pages) (lire en ligne),
(en-US) Sally Hunter Graham, « Woodrow Wilson, Alice Paul, and the Woman Suffrage Movement », Political Science Quarterly, vol. 98, no 4, hiver, 1983-1984, p. 665-679 (15 pages) (lire en ligne),
(en-US) J. D. Zahniser, « The Fifteenth Star: Alice Paul and the National Woman’s Party in Minnesota », Minnesota History, vol. 67, no 3, , p. 154-161 (8 pages) (lire en ligne),