Circonscription de l'Église latine en Irak ainsi que dans les États voisins
L'Église catholique en Irak (en arabe : الكنيسة الكاثوليكية في العراق, translittéré : alkanisat alkathulikiat fi aleiraq), désigne l'organisme institutionnel et sa communauté locale ayant pour religion le catholicisme en Irak.
L'Église catholique en Irak appartient à 17 circonscriptions ecclésiastiques qui ne sont pas soumises à une juridiction nationale au sein d'une Église nationale mais sont soumises à la juridiction universelle du pape, évêque de Rome, au sein de l'« Église universelle[1] ».
En étroite communion avec le Saint-Siège, les évêques des juridictions en Irak sont membres de deux instances de concertation :
L'article 2 stipule que « la Constitution garantit pleinement les droits religieux à la liberté de croyance et de culte religieux de tous les individus comme les Chrétiens » ;
L'article 3 stipule que « l'Irak est un pays aux multiples religions et confessions » ;
L'article 10 stipule que « l'État s'engage à garantir la libre pratique des rituels » ;
L'article 14 stipule que « les Irakiens sont égaux devant la loi, sans discrimination fondée sur la religion » ;
L'article 41 stipule que « les Irakiens sont libres de leur engagement en faveur du statut personnel conforme à leur religion » ;
L'article 42 stipule que « chacun dispose de la liberté de croyance » ;
L'article 43 stipule que « les adeptes de toutes les religions et confessions sont libres ».
Cependant deux articles font de l'Irak non pas un État séculier comme était le régime précédent aux institutions laïcs, mais un État religieux avec l’islam pour religion d'État[4] et une législation qui prend sa source dans la charia :
L'article 2 :
« 1. L'Islam est la religion officielle de l'État et une source fondamentale de la législation. » ;
« a) Aucune loi ne peut être promulguée si elle est contraire aux principes établis de l'Islam. » ;
« 2. La Constitution garantit l'identité islamique de la majorité du peuple irakien » ;
L'article 3 stipule que « l'Irak est membre fondateur et actif de la Ligue arabe ; il applique sa charte, et il fait partie du monde islamique » ;
Sa devise nationale est « Allahu Akbar » (Dieu est le plus Grand).
Contrairement au Coran, les hadiths[5] (propos attribués à Mahomet et rapportés par divers témoins) interdisent l'apostasie sous peine de mort. Les lois et règlements d’engagement personnel empêchent donc la conversion d'un musulman au christianisme[6].
Le prosélytisme d'une religion autre que l'islam n'est pas autorisé[7] même si aucune loi n'interdit expressément le prosélytisme[8].
L’article 372 du Code pénal irakien de 1969 ordonne que toute personne qui insulte publiquement un symbole ou une personne qui est un objet de culte peut être punie d’emprisonnement[9].
Les non-musulmans ne sont pas soumis à la charia mais à la loi religieuse de la communauté à laquelle le citoyen appartient. La Constitution garantit aux citoyens le droit de choisir à quel tribunal (civil ou religieux) ils souhaitent attribuer ses affaires de statut personnel, telles que le mariage, le divorce, la garde des enfants et l’héritage.
La Loi du Statut personnel de 1959 spécifie que le tribunal civil doit consulter l’autorité religieuse compétente d’un non-musulman pour connaître son opinion[10].
La loi irakienne autorise le mariage civil[11]. Une femme musulmane ne peut pas épouser un chrétien (sourate n°2, verset n°221). Le tribunal catholique n'autorise pas le divorce qui peut cependant être annulé. Sinon, les époux se convertissent à l'Islam ou à une autre confession chrétienne autorisant le divorce.
Sur les 328 sièges du Conseil des représentants, la loi réserve cinq sièges pour les chrétiens (Bagdad, Ninive, Kirkouk, Erbil et Dohouk)[12]. En 2009, les sièges chrétiens sont de trois (Bagdad, Mossoul et Bassora)[13].
Le christianisme a été introduit en Irak au Ier siècle par l'apôtre Thomas et Mar Addai (Thaddée d'Édesse) et ses élèves Aggai et saint-Mari[14].
Au commencement du XVIIe siècle, l'Émir Afrasiyab de Basra entrait en affaires avec les Portugais et alors ceux-ci établirent un comptoir dans la ville et eurent même la permission d’édifier une église.
Le régime de Saddam Hussein (1979-2003) a porté un coup sévère à la liberté des chrétiens en nationalisant leurs écoles[15]. De plus, les chrétiens étaient discriminés à l'égard des musulmans. Une loi a établi que dans les écoles publiques, on ne pouvait enseigner l'histoire du christianisme que si au moins un quart des élèves étaient chrétiens. Mais la présence d'un étudiant musulman était suffisante pour imposer à chacun l'étude du Coran.
La chute en 2003 du régime de Saddam Hussein qui avait favorisé les communautés minoritaires comme les sunnites et les chrétiens au détriment de la majorité chiite, a laissé la place à cette dernière. Chassés du pouvoir, les djihadistes sunnites ont alors poursuivi la guerre d'Irak.
Ce sont principalement les chiites qui ont persécuté les chrétiens. Les attaques, initialement isolées, se sont transformées en persécution[16].
En seulement cinq ans (2003-2008), la population chrétienne d'Irak est passée de 800 000 à 450 000 fidèles[17].
Plus de 65 églises ont été attaquées ou détruites en une trentaine d'attaques. Ceux qui ont quitté le pays sont allés en Europe ou en Amérique du Nord, ou dans des pays voisins tels que la Jordanie et la Syrie :
Le , six voitures piégées explosent en même temps devant cinq églises chrétiennes, quatre à Bagdad et une à Mossoul faisant 18 morts et une soixantaine de blessés;
Fin 2004, un groupe armé du PDK a attaqué l'église catholique syriaque Saint-Jean-Baptiste à Bakhdida, et plusieurs fidèles ont été rassemblés, battus et emmenés[18].
En , des explosions près de plusieurs églises et de bâtiments chrétiens à Kirkouk et à Bagdad font trois morts et neuf blessés.
État islamique d'Irak et du Levant (2006-2014)
En 2007, à Dora, quartier à majorité chrétienne à 10 kilomètres au sud-ouest de Bagdad, des djihadistes sunnites qui ont instauré un prétendu “État islamique en Irak”, prélève la jiziya (impôt des infidèles), qui s'élève jusqu'à 200 dollars par an[19];
Certaines familles chrétiennes sont contraintes de donner une de leurs filles en mariage à un musulman pour rester;
Une fatwa interdit de porter la croix au cou. Quant aux églises, c’est à coups de grenades qu’elles ont été contraintes d’ôter les croix de leurs coupoles et de leurs façades;
À la mi-, l’église assyrienne de Saint-Georges a été incendiée.
En , le curé de la paroisse Ragheed Aziz Ghanni est attaqué à Mossoul, le prêtre et les trois sous-diacres qui l'accompagnent sont tués;
En , l'église chaldéenne de Saint-Paul à Mossoul est presque détruite par une explosion; Le couvent des religieuses dominicaines "Jadida" est également touchés. Trois jours plus tard, une voiture piégée explose contre la cathédrale chaldéenne du Sacré-Cœur;
En , l'archevêque chaldéen de Mossoul, Paulos Faraj Rahho, est enlevé, son corps sera retrouvé quelques jours plus tard. Dans les mois qui ont suivi, 15 000 chrétiens se sont enfuies au Liban, en Syrie ou en Turquie[20].
Entre 2003 et 2009, 710 chrétiens ont été assassinés[21]. Le séminaire de Bagdad et la faculté de théologie de la capitale ont déménagé à Ankawa, près d'Erbil.
Le , la veille de la Toussaint, 42 personnes ont été tuées sur le coup (au total 68) et 60 autres blessées dans la cathédrale syriaque catholique du Perpétuel-Secours de Bagdad[22]. Les deux prêtres ont été tués (voir : Attentat de la cathédrale de Bagdad). L'attentat provoquera la création de l'association Fraternité en Irak, dont la création est actée l'année suivante, en 2011[23]. Dans les semaines qui ont suivi, quarante des soixante-cinq églises de la capitale ont été également touchées au moins une fois.
En , les djihadistes sunnites occupèrent les zones denses en chrétiens, Mossoul comme les plaines de Ninive – jadis la région d’Irak avec le plus haut pourcentage de non-musulmans. A Mossoul, les djihadistes sunnites ordonnèrent aux chrétiens de quitter la ville sous peine d'être tué, à moins qu’ils ne se convertissent à l’islam ou payent la jizya (taxe de dhimmitude)[24]. Les chrétiens ne reçurent plus de nourriture ni eau et leurs maisons furent tagués par un sigle en peinture[25]. À la fin de , environ 3 000 chrétiens ont fui Mossoul[26]. Plus de 120 000 chrétiens ont fui les plaines de Ninive vers le Kurdistan irakien (notamment dans la région d'Erbil) ou bien à l'étranger[27]. Entre août et , le monastère de Saint-Élie de Mossoul est détruit[28]. En , les djihadistes sunnites ont fait sauter une partie du Couvent des Sœurs chaldéennes à Alaraby[29]. En , les djihadistes sunnites ont chassé les moines du monastère catholique des Saints Behnam et Sarah qui a été démoli à l’explosif[30],[31]. En , les seuls chrétiens restant dans la Mossoul sont soit emprisonnés ou soit handicapés[32],[33]. La ville de Mossoul fut libéré en .
Du 3 au , les djihadistes sunnites occupèrent la ville de Sinjar, des catholiques n'eurent pas le temps de fuir et furent prisonniers jusqu'en 2015[34].
Du 6 au , les djihadistes sunnites ont attaqué des villages chrétiens dans les plaines de Ninive, dont Qaraqosh, obligeant plus de 120 000 chrétiens à fuir, principalement dans la zone kurde[35].
Entre 2014 et 2017, à Karamlech, les djihadistes sunnites ont incendié 797 maisons chrétiennes et 97 ont été réduites à néant.
De 2003 à , 1 200 chrétiens ont été tués (dont cinq prêtres et Mgr Paulos Rahho ), 62 églises ont été endommagées et plus de 100 000 réfugiés ont été dépouillés de tous leurs biens[36].
En , deux chrétiens enlevés à Bagdad ont été exécutés malgré le paiement d'une rançon de 22 000 €[37],[38].
En , les djihadistes sunnites ont pulvérisé à la dynamite l’église de la Vierge Miraculeuse appelée aussi ou « du Réveil » à Mossoul[40].
En , plusieurs centaines de chrétiens syriens, chaldéens et assyriens, de la région de Nahla, dans la province irakienne nord du Dohuk, ont protesté contre l’expropriation illégale de leurs biens[41]. On dénombre environ 7000 extorsions de propriété de chrétiens à Bagdad depuis 2003[42].
En , l'État islamique a été chassé d'Irak [43], mais plus de 120 000 chrétiens sont toujours déplacés.
Depuis le XIXe siècle, il existe dans le pays une délégation apostolique de Mésopotamie, du Kurdistan et d' Arménie Mineure, qui est devenue la délégation de l'Irak d'après-guerre.
Délégués apostoliques
Henri-Marie Amanton, OP † ( - démissionne avant le );
Nicolás Castells, OFMCap. † ( - , décédé);
Zaccaria Fanciulli, OFMCap. † ( a succédé 15 - au , décédé);
Eugène-Louis-Marie Lion, OP † ( - , décédé);
Henri-Victor Altamayer, OP † ( 17 - ?, démission);
Désiré-Jean Drure, OCD † ( - , décédé);
François de Berré, OP † ( - , décédé);
Antonin-Fernand Drapier, OP † ( - , nommé délégué apostolique en Indochine);
Armand-Etienne M. Blanquet du Chayla, OCD † (démission le - );
Paul-Marie-Maurice Perrin † ( - );
Nonces apostoliques
Le , le Saint-Siège et l’Irak établissent des relations diplomatiques. La nonciature apostolique d'Irak a été créée le avec le bref Quantum Utitatis du pape Paul VI.
Paul-Marie-Maurice Perrin † ( - , nonce apostolique nommé en Éthiopie);
Paolo Mosconi † ( - retraité en );
Jean-Édouard-Lucien Rupp † ( - , nommé observateur permanent du Saint-Siège auprès de l' Office des Nations unies et des institutions spécialisées à Genève);
Antonio del Giudice † ( - , décédé);
Luigi Conti † ( - , nommé nonce apostolique en Équateur);
Marian Oles † ( - , nommée nonce apostolique au Kazakhstan, au Kirghizistan et en Ouzbékistan);
Giuseppe Lazzarotto ( - nommé nonce apostolique en Irlande);
Fernando Filoni ( - , nommé nonce apostolique aux Philippines);
Francis Assisi Chullikatt ( - , nommé observateur permanent du Saint-Siège auprès de l'Organisation des Nations unies);
Giorgio Lingua ( - , nommé Nonce Apostolique à Cuba);
Alberto Ortega Martín, depuis le .
Institutions
En 2009, dans la capitale Bagdad, il y avait soixante-cinq églises chrétiennes, en plus des couvents. Environ la moitié des églises sont catholiques[46];
Dans une population de 39 millions d'habitants où 95-98%[47] appartiennent à l'Islam, les chrétiens forme une communauté religieuse minoritaire de 400 0000 fidèles (1,6 %) dont 300 000 catholiques (0,95 %), puis les orthodoxes (0,5 %) et enfin les protestants (0,03 %).
Avant la guerre d'Irak commencée en 2003, les chrétiens étaient 1,5 million (6 %).
En 2010, les chrétiens n'étaient plus que 800 000 (4 %), dont 662 000 catholiques, à savoir : 600 000 chaldéens (3 %), 47 000 syriaques (90 000 en 2010), 6 000 latins, 5 000 arméniens, 3 000 melkites, 1 000 maronites.
Entre 2003 et 2015, un certain nombre de chrétiens se sont enfuis en Syrie, en Jordanie, au Liban ou les pays occidentaux, faisant chuter de 66 % le nombre de chrétiens en Irak (80 % depuis 1990).
Les chrétiens en Irak vivent principalement dans les grandes villes : Bagdad, Bassorah, Erbil, Dohouk, Zakho et Kirkouk, ainsi que dans des villes et des régions assyriennes telles que les plaines de Ninive au nord comme Mossoul[7].
↑« Le sang d'un musulman peut être versé pour celui qui s'éloigne de l'islam et quitte les musulmans », Sahîh Bukhari, vol. 9, livre 83, numéro 17, rapporté par Abdullah ou encore « Celui qui change de religion, tuez-le », Sahîh Bukhari, vol. 9, livre 84, numéro 57, rapporté par A'krama Mouli Ibn Abbas
↑(en) Suha Rassam, Christianity in Iraq : Its Origins and Development to the Present Day, Gracewing Publishing, , 203 p. (ISBN978-0-85244-633-1, lire en ligne)
↑Alexandre Del Valle, Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? : la nouvelle christianophobie, Maxima, , 360 p. (ISBN978-2-8188-0255-7, lire en ligne)