Les Circassiens, réfugiés du Caucase russe en 1865, sont réinstallés dans les cazas de Çarşamba (Samsun), Bafra et autres. Ils sont considérés comme travailleurs et bien insérés ; ils mettent en valeur les régions marécageuses de la province[3].
Les Géorgiens exilés de Batoum sont, selon le géographe Vital Cuinet, moins pacifiques ; ils habitent surtout dans les montagnes où ils exercent les activités de zaptiye (gendarme) ou de brigand ; des bagarres les opposent souvent aux habitants[4].
Trébizonde fait partie des six vilayets à forte minorité arménienne. Pendant la Première Guerre mondiale en Orient, cette population est presque entièrement déportée pendant le génocide arménien de 1915. Au début de 1916, l'armée russe mène une série d'opérations terrestres et navales autour de Trébizonde ; la campagne de Trébizonde(en) (-) s'achève par la conquête de la ville. Les Ottomans la reprennent en 1917 à la faveur de la révolution russe.
Djemal Azmi(en), gouverneur du vilayet pendant la guerre et qui a fortement contribué à l'extermination des Arméniens, est condamné à mort par les cours martiales turques de 1919-1920. Exilé en Allemagne, il sera assassiné à Berlin en 1922 par des militants arméniens dans le cadre de l'opération Némésis.
La mer Noire assure une pêche abondante, surtout des marsouins, qui produisent de l'huile, et des anchois[5]. Dans les années 1860, la pêche au marsouin rapportait 300 000 kg d'huile par an[6]. Le bétail, à la fin du XIXe siècle, est estimé à 40 000 bœufs et vaches, 800 000 moutons et chèvres, 50 000 chevaux et mules[7].
Le climat humide rend l'agriculture florissante et largement exportatrice : noix et noisettes, produits surtout dans le caza de Giresun, orge et avoine, tabac dans les sandjaks de Samsun et Trébizonde, haricots blancs, fruits et légumes de Gümüşhane ; par contre, la production de riz, lin et chanvre est en baisse[8]. Par ailleurs, c'est une des rares provinces de Turquie qui soit importatrice de céréales. Les forêts, très épaisses, surtout autour de Trébizonde, Giresun, Samsun et Gümüşhane, couvrent une surface totale de 2 500 km²[7].
Les ressources minières sont importantes avec 120 gisements connus, surtout dans la chaîne pontique : plomb argentifère, cuivre, fer, manganèse, 2 mines de charbon. Mais elles sont peu exploitées et la plupart en voie d'abandon à la fin du XIXe siècle ; les investisseurs étrangers sont découragés par les difficultés administratives[9].
Le vilayet n'a aucun port de commerce et les échanges passent uniquement par la voie terrestre. La première route carrossable vers Erzurum et la Perse n'est ouverte qu'en 1863. Une jetée, construite à Trébizonde en 1885, n'offre aucune sécurité aux navires[10].
Louis-Frédéric Hoffmann, « Le Vilayet de Trébizonde, d'après des documents fournis par M. Vital Cuinet, secrétaire de l'administration de la Dette publique ottomane à Constantinople. », Le Globe. Revue genevoise de géographie, t. 29, , p. 236-259 (lire en ligne)