Utagawa Kunimasu(歌川 国升?)[1] est un dessinateur japonais d'estampes sur bois de style ukiyo-e, actif à Osaka de 1832 à 1852 environ. Il utilise le nom Sadamasu (貞升) jusqu'en janvier 1848 quand il le change pour celui de Kunimasu (国升).
Kunimasu est élève de Utagawa Kunisada. Parmi ses propres élèves, on compte Konishi Hirosada, Utagawa Sadamasu II et probablement Hasegawa Sadanobu I.
Biographie
On connaît très peu de détails personnels de Kunimasu, pas même ses dates de naissance et de mort[2]. Les historiens d'art ont tendance à dater son activité du début des années 1830 jusqu'au début des années 1850[3]. Un annuaire de type Who's who de 1835 de la région de Naniwa (Osaka) le décrit comme un « maître » du genre ukiyo-e et indique qu'il est déjà un artiste bien établi au début des années 1830[4]. D'autres manuscrits du milieu des années 1840 le répertorient comme habitant du district Senba (船場) d'Osaka[4]. En 1899, une brève biographie par l'historien Sekine Shisei (1868–1912) de l'ère Meiji est incluse dans un recueil de biographies. Selon Sekine, Kunimasu est un riche propriétaire qui a étudié le dessin de gravure sur bois auprès d'Utagawa Kunisada à Edo[5], avant de se faire mécène de plusieurs élèves et d'ouvrir sa propre école de dessin d'estampes[4]. D'autres ont suggéré que l'artiste, issu d'une famille aisée, était propriétaire d'une entreprise de construction navale[6]. Ce qui est certain est qu'il disposait d'une liberté financière considérable et l'a utilisée pour promouvoir le style ukiyo-e et ses producteurs à Osaka.
Noms
Par convention, l'artiste est connu par un certain nombre de noms au long de sa carrière[7] :
En 1846 ou plus tôt, il a commencé à signer des tirages sous le nom Kunimasu en hommage à Kunisada qui avait pris le nom Toyokuni en 1844. Le changement de nom ne pouvait pas, cependant, être rendu officiel avant 1848 et la levée des réformes Tenpō[4].
Sceaux
En plus des sceaux de noms énumérés ci-dessus, Kunimasu utilise trois sceaux symboles : un sceau en forme de chauve-souris, symbole (寿 [ju - longévité) et le cartouche toshidama-in. Ce dernier signe distinctif est réservé aux membres de l'école Utagawa de dessinateurs d'estampes. Des exemples d'autres sceaux apposés sur des tirages de Kunimasu existent mais sont indéchiffrables[4].
Œuvre
La première impression connue de Kunimasu est un banzuke, affiche de théâtre datant du début 1830. Signée eshi Utagawa Sadamasu ga (絵師 歌川 貞升 画), l'impression a presque certainement été réalisée alors qu'il est à Edo en train d'étudier auprès d'Utagawa Kunisada[4]. Kunimasu a été décrit comme une figure « influente » sur la scène artistique d'Osaka. L'un de ses plus grandes réalisations est la vulgarisation du format chūban[9],[4]. Kunimasu commence à expérimenter avec des portraits d'acteurs en gros plan dans cette taille en 1840, peu avant que la mise en œuvre des réformes Tenpō ne perturbe la production des yakusha-e . Il encourage Hirosada, son élève et condisciple de Kunisada, à emboîter le pas. Avec l'abrogation des réformes Tenpō au printemps de 1847, Hirosada devient le pionnier du renouveau du portrait au format chuban, probablement grâce à l'appui financier de Kunimasu[10].
Les critiques tendent à admirer le « sens de la couleur » de Kunimasu et... « sa palette dominée par des couleurs intenses avec des contrastes subtils » ainsi que l'« audacieuse franchise » de ses lignes[4]. Il est en outre crédité de l'usage de « tours-de-force techniques » tels que « des pigments métalliques somptueusement imprimés », « le gaufrage, le brunissage [et] la surimpression »[4].
La plus grande partie de l’œuvre de Kunimasu relève du genre yakusha-e, c'est-à-dire des portraits d'acteurs du monde théâtral kabuki local. Cela est une caractéristique commune des artistes de la région Kamigata où la grande majorité des artistes ne sont pas des professionnels mais « des fans talentueux de kabuki »[11]. Kunimasu en particulier est crédité pour l'« expression de la psychologie de la représentation sur scène à travers des physionomies puissantes et variées et les placements vivants ou inhabituels des personnages de ses compositions »[12].
En 1852, Kunimasu et son élève Hirosada visitent Edo où ils se joignent à d'autres élèves de Kunisada dans la création de modèles d'arrière-plan pour une série de portraits d'acteurs en demi-longueur[13]. Peu après être retourné à Kamigata, Kunimasu se détourne de l'ukiyo-e et se met à la peinture. Il termine sa carrière en produisant des tableaux dans le style de l'école Shijō, connue pour son mélange de la tradition japonaise avec le réalisme occidental[6].
Élèves
Kunimasu est bien connu pour avoir été un soutien actif des imprimeurs d'Osaka et avoir directement aidé la carrière d'un certain nombre d'artistes. Parmi ceux dont on sait qu'ils ont étudié auprès de Kunimasu figurent[4] :
↑Utagawa Kunimasu est un nom japonais traditionnel ; le nom de famille (ou le nom d'école), Utagawa, précède donc le prénom (ou le nom d'artiste).
↑La National Gallery of Victoria donne 1773 pour année de naissance et 1810 pour l'année de sa mort; ces dates ne sont cependant confirmées par aucune autre source et la NGV ne cite aucune référence. Voir ici
↑Roberts: 1830-1852; Doesburg: 3/1830-11/1854; Pushkin: fin des années 1820-1852; Lyon Collection: 1832-1852; MFA Boston: 1834-1852; Barry Rosenteel Japanese Print Collection: 1832-1854.
↑Le MET attribue ses gravures à Hasegawa Sadamasu (japonais, actif de 1830 aux années 1840) mais aucune autre institution / source ne semble rattacher le nom Hasegawa à l'artiste. Il est possible qu'il y ait confusion avec Hasegawa Sadanobu (長谷川貞信) (1809-1879), un élève de Sadamasu. Voir ici.
Annexes
Bibliographie
(en) Timothy Clark, C. Andrew Gerstle (dir.), « Ready for a Close-up: Actor 'Likenesses' in Edo and Osaka », dans Kabuki Heroes on the Osaka Stage 1780-1830, Londres : British Museum Press, 2005.
(en) Roger S. Keyes et Keiko Mizushima, The Theatrical World of Osaka Prints, Philadelphia : Philadelphia Museum of Art, 1973, p. 269.
(en) Hiroko Kitagawa, Amy Reigle Newland (dir.), « Kamigata-e: The Prints of Osaka and Kyoto », dans The Hotei Encyclopedia of Japanese Wood Block Prints, vol 1. Amsterdam : Hotei Publishing, 2005, p. 229-232.
(en) Laurance P. Roberts, A Dictionary of Japanese Artists: Painting, Sculpture, Ceramics, Prints, Lacquer, Weatherhill : New York, 1990.