Un trio d’anches est un ensemble musical composé d’un hautbois, d’une clarinette et d’un basson ; parmi les trios composés d’instruments à vent de la famille des bois, le trio d’anches est le plus important d’entre eux, avec le trio flûte, clarinette et basson ; le nom donné à ce type d'ensemble musical vient de cette lamelle, l'anche, qui vibre pour produire le son.
Formations de trios d’anches célèbres
Parmi les formations de trios d’anches ayant laissé un nom dans l’histoire des concerts et des enregistrements de musiques pour ce type d’ensemble musical, on peut citer le Trio d'anches de Paris ; cette formation est créée en 1927, et ses musiciens sont Myrtil Morel, hautbois, Fernand Oubradous, basson, Pierre Lefebvre, clarinette ; le trio d’anches, qui est, à cette époque, une combinaison instrumentale assez nouvelle, trouve un écho chez de nombreux compositeurs qui écrivent des partitions pour le Trio d'anches de Paris ; parmi ces compositeurs, on peut citer : Jacques Ibert, Darius Milhaud, Albert Roussel, Florent Schmitt, Bohuslav Martinů[1].
Le développement du répertoire pour ce trio d'anches dans les années 1930 est probablement associé à l'action de Louise Hanson-Dyer, fondatrice de la maison d'édition « Éditions de l'Oiseau-Lyre ». Son mari, J.B. Hanson, a rendu compte de son intérêt pour cet ensemble :
« Elle était australienne et une femme aux talents superbes. Aimant la sonorité du trio d'anches, c'est-à-dire, tout simplement, le son qu'il faisait, elle décida de sortir des disques phonographiques. Mais il y avait peu de musique pour cet ensemble. Elle a donc demandé aux compositeurs que vous mentionnez (qui étaient bien sûr des connaissances personnelles) d'écrire des trios. Quand je dis que les compositeurs étaient des connaissances, vous devez comprendre que Louise Dyer, bien qu'australienne, vivait à Paris et était bien connue dans le monde de la musique. La plupart des trios ont été écrits, publiés et enregistrés dans la période 1934-1939. Depuis lors, bien sûr, le trio d'anches a été repris dans le monde entier. »
Les compositeurs concernés par les commandes sont Georges Auric (1899-1983), Henri Barraud (1900-1997), Joseph Canteloube (1879-1957), Jacques Ibert (1890-1962), Boyan Ikonomow (1900-1973), Daniel-Lesur (1908-2002), Darius Milhaud (1982-1974) et Henri Sauguet (1901-1989).
On retiendra également comme trios d'anches célèbres, outre le Trio d'anches de Paris[2] :
le trio d’anches de René Daraux, trio lui-même composé de René Daraux au hautbois, Fernand Gossens à la clarinette et Ange Maugendre au basson ;
ou le trio André Dupont, composé de Paul Taillefer (hautbois), André Dupont (clarinette) et André Gaby (basson).
Le trio d’anches avant le XXe siècle
Le trio d’anches existe, avant le XXe siècle, dans une forme différente de celle que nous connaissons à l’époque actuelle ; ce trio est composé de trois instruments à vent de la famille des bois, mais il ne s’agit pas d’une formation composée d’un hautbois, d’une clarinette et d’un basson. On trouve ainsi, dans l’orchestre de l’époque baroque, un groupe de trois instruments, avec deux hautbois et un basson ; c’est un trio, qui, dans des suites orchestrales, jouait dans une sorte d’opposition au groupe des cordes, et intervenait en soliste en reprenant des phrases musicales ; c’est le cas, par exemple, dans la première suite d’orchestre de Jean-Sébastien Bach. On trouve aussi un autre type de groupe de trois instruments, avec, par exemple, deux clarinettes et un basson, dans les Divertimentos KV 439b de Wolfgang Amadeus Mozart. On trouve également un groupe de trois instruments d’un autre type, avec, par exemple, deux hautbois et un cor anglais, dans le Trio op. 87 de Ludwig van Beethoven[3].
Le trio d’anches moderne
Le trio d’anches composé du hautbois, de la clarinette et du basson ne prend de l’importance qu’à partir du début du XXe siècle ; les compositeurs, et tout particulièrement les compositeurs français, utilisent les richesses musicales que permet le trio d’anches, et composent des pièces assez nombreuses pour cette formation[4].
Les instruments du trio d’anches
L’ensemble formé par les trois instruments à vent du trio d’anches permet aux compositeurs, pour écrire une partition en trio, de mettre en valeur les richesses nombreuses et contrastées de chacun des trois instruments, comme l’a écrit Walter Willson Cobbett ; pour le hautbois, le musicologue anglais note : « Le hautbois dispose de beaucoup plus grandes variations de couleurs sonores qu’on ne le suppose généralement. (…) Le hautboïste peut produire des sons aussi doux que n’importe quel instrument à vent. » ; concernant la clarinette, il indique : « La clarinette est en même temps un instrument de mélodie et d’accompagnement. (…) Ses nuances peuvent être réduites jusqu’à un point de fuite, ce qui lui permet de fusionner avec n’importe quelle combinaison d’instruments à cordes ou à vent, qu’elle enrichit sans jamais être gênante. » ; pour ce qui est du basson, il dit : « Le son du basson est d’une étonnante beauté, aussi romantique que celui du hautbois. (…) Il a été largement utilisé dans de domaine de la musique de chambre comme base des ensembles à vent. »[5]
L'emploi d'instruments secondaires (comme le cor anglais à la place du hautbois, le cor de basset ou la clarinette basse à la place de la clarinette) est courant, y compris sous forme d'alternance entre l'instrument principal et l'instrument secondaire pendant l'exécution de la pièce.
Cette liste indique, pour chaque œuvre musicale, le titre de l’œuvre, avec, si ces données sont connues, la référence dans le catalogue des œuvres du compositeur ainsi que la date de publication.
Les compositions sont présentées par ordre chronologique de la date de naissance du compositeur. Cette liste se base en partie sur les œuvres pour trio d’anches répertoriées par S. M. Helm dans son Catalogue de musique de chambre pour instruments à vent[6]. Cette liste n’inclut pas les arrangements faits pour trio d’anches à partir de partitions — comme celles de Bach, ou de Mozart — qui n’ont pas été écrites pour cette formation musicale.
Georges Pfeiffer (Versailles 1835 - 1908, compositeur français) : Trois feuillets d'album, pour piano. op. 47 : 1. Musette. Transcrit par le compositeur pour hautbois, clarinette et basson (1873)
Ange Flégier (Marseille 1846 - 1927, compositeur français) : Trio pour hautbois, clarinette et basson. (1897)[7]
Joseph J. Daynes(en) (Norwich 1851 – 1920, compositeur américain) : Trios pour hautbois, clarinette et basson
Antoine Banès (Paris 1856 - 1924, compositeur français) : Mes pipeaux pour piano. Villanelle. Transcrit par le compositeur pour hautbois, clarinette et basson (1900)
Mikhaïl Ippolitov-Ivanov (Gatchina 1859 - 1935, compositeur russe) : Deux chants kirghizes pour hautbois, clarinette et basson : 1. Seineb. 2. Moldibaj. (1931)[8].
Gabriel Allier (Lyon 1863 - 1924, compositeur français) : Scène champêtre, Trio pour hautbois, clarinette et basson (1920)[9].
Guy Ropartz (Guingamp 1864 – 1955, compositeur français) : Entrata e Scherzetto pour hautbois, clarinette et basson (1947)[10].
↑James Ernest Gillespie, The reed trio: an annotated bibliography of original published works, Detroit, Information Coordinators, (lire en ligne), p. 11-12
↑Walter Wilson Cobbett, « Dictionnaire encyclopédique de la musique de chambre », 2 tomes, Bouquins, 1999
↑Collectif, sous la direction de François-René Tranchefort, « Guide de la musique de chambre », Fayard, 1989
↑Walter Willson Cobbett, « Dictionnaire encyclopédique de la musique de chambre », 2 tomes, Bouquins, 1999.
↑Sanford Marion Helm, Catalog of chamber music for wind instruments, Da Capo Press, 1969
(en) Jacqueline Therese Bretz, The Reed Trio: Analysis of Works by Ibert, Françaix and Schreiner with a Representative Repertoire List : Doctor of Musical Arts in the Graduate School of The Ohio State University, The Ohio State University, (lire en ligne [PDF]).