Le Tour de la RDA a été disputé durant toute la durée de l'existence de ce pays. Il faisait partie des compétitions pour "amateurs" inscrites au calendrier cycliste international établi par l'Union cycliste internationale. 37 éditions[1] de cette course ont été organisées.
Nom officiel
DDR-Rundfahrt ou Tour de RDA : lors de sa création en 1949, la course s'est appelée le Tour de la Zone orientale ou Ostzonen-Rundfahrt, car elle est antérieure à la date de la proclamation "officielle" de la RDA[2]. L'intitulé générique "Tour de RDA" adopté à partir de 1950, est la contraction du nom officiel : "Tour de RDA, pour l'unité et la liberté de l'ensemble du sport allemand[3]".
Organisation
À la différence de la Course de la Paix, l'autre grande compétition cycliste internationale à parcourir les routes de l'Allemagne orientale, organisée par des organes de presse[4], l'organisation du Tour de RDA incombe directement à la Fédération cycliste de RDA[5]. La première édition, en 1949, longue de 1 186 km, est courue en 7 étapes. Les deux Tours suivants, qui sont parmi les plus longs en kilométrage, 1 823 km en 1950, 1 747 km en 1951, sont fractionnés en 10 étapes, mais dès 1952 le nombre des étapes se stabilise entre 8 et 9.
Participation
Hormis les coureurs de la RDA, le Tour de RDA n'a pu que rarement présenter un plateau international de valeur. La programmation de la course par l'UCI la rend itinérante dans le calendrier entre juin et septembre, voire octobre, fait obstacle à des programmations externes.
Les participants proviennent de deux "viviers" : les équipes sont soit des sélections nationales, soit des sélections des divers districts de la RDA (équivalentes d'équipes régionales), soit des équipes des grands clubs de la RDA. Des exemples pris dans les 15 premières années d'existence de la course, permettent de mieux appréhender cette participation :
En 1950 (2-), ce sont des équipes régionales, issues des "Länder" de la RDA qui envoient leurs sélections : Berlin, Thüringe, Saxe, etc. Bernhard Trefflich, le vainqueur, appartient à l'équipe de Thüringe.
2 équipes régionales viennent de la République fédérale d'Allemagne: "I.V Nordrhein-Westfalen" et "Radsportverband Würtemberg".
19 équipes de sociétés : SC et SV Einheit Berlin, SC et SV Wismut Karl-Marx-Stadt, SV Rotation Leipzig, SC Wissenschaft Leipzig (équipe de G-A. Schur), SV Motor, SV Stahl, SV Lokomotive, SV Post Berlin, SV Turbine, SV Dynamo Berlin, SV Chemie, SV Medizin Dresde, SV Traktor, etc.
En 1956 (5-), la configuration est semblable, mais un club belge, le WAC Hoboken, va fournir le vainqueur, Alfons Hermans. 2 équipes des "Länder" de RFA (Basse-Saxe et Rhénanie du Nord-Westphalie) sont aussi au départ[8]
L'année 1957 (11-) n'est pas sans alerter sur la santé réelle du cyclisme est-allemand. Pour la seconde année consécutive, le Tour "national" échappe aux coureurs du crû. Le Belge Eddy Pauwels succède au Belge Hermans,
L'étatisation
En 1957, le sport de l'Allemagne de l'Est se restructure. Cela passe par la création de la D.T.S.B. (Deutschen Turn-und Sportbund), la Confédération sportive et Gymnique allemande, à laquelle se rattachent toutes les fédérations sportives[9]. De 6000 clubs en 1960, la DTSB passe à 10 250 clubs en 1985, de 1,4 million de licenciés en 1960, le sport de RDA passe à 3,5 millions d'adhérents à la DTSB en 1985. Le cyclisme s'organise en une Fédération cycliste, la D.R.S.V. (Deutsche Radsport-Verband) qui adhère à la DTSB[10]. Grâce aux victoires personnelles, ou par coureur interposé, de Gustav-Adolf Schur, Championnat du monde "amateurs" 1958, 1959, 1960, Course de la Paix 1959, 1960, grâce au succès de l'organisation des Championnats du monde 1960 à Leipzig et Karl-Marx Stadt (Chemnitz), la nouvelle Fédération cycliste débute sous des auspices rieurs. Pourtant en 1960, le Tour de RDA est sacrifié à l'organisation des "Weltmeisterschafften". La décennie qui suit est marquée par un recul des résultats internationaux, hormis les 2 victoires entre Berlin, Prague et Varsovie de Klaus Ampler (1963) et Axel Peschel (1968), par l'absence d'organisation du Tour de RDA en 1964 (pour cause de calendrier surchargé et de Jeux olympiques ?), en 1969, et 1970... Les effectifs des licenciés cyclistes traduisent le malaise, qui ne concerne pas que la RDA mais sous réserve d'inventaire, également la plupart des pays "cyclistes". Stagnant en 10 ans, de 1960 à 1970, les chiffres montrent la sortie de crise[11]: en 1980, les effectifs doublent par rapport à 1960 et augmentent de près de 10 %, les 5 années suivantes.
La formule change en 1961. La présence d'une sélection nationale de la RDA a abouti tant en 1958 qu'en 1959 au monopole des victoires d'étapes de cette équipe[14]... Elle est donc abandonnée.
Il est à remarquer l'absence au palmarès du Tour de la RDA, de coureurs des nations dont le régime politique était idéologiquement proche de celui de la RDA, tels l'URSS ou la Pologne. Seule la Tchécoslovaquie délégua des sélections dépassant les "seconds couteaux". Ainsi:
Deux champions remportèrent le Tour de RDA en 4 occasions : Gustav-Adolf Schur (1953, 1954, 1959, 1961) et Bernd Drogan (1977, 1978, 1979, 1982).
Gustav Schur en son domaine
C'est lors de sa participation en 1951 au Tour de RDA, que le champion se fait remarquer. Il a 20 ans et termine juste au bas du podium. Ses performances sont notables[16]:
Né l'année du premier succès de Schur dans la Course de la Paix, issu de la petite communauté sorabe, 3 fois titré champion du monde, des "amateurs" en 1982 à titre individuel, en 1979 et en 1981 dans l'épreuve par équipes, Bernd Drogan est co-recordman des victoires au Tour de RDA, où il a accumulé les "places", après y avoir fait ses premiers tours de roue en 1974, à l'âge de 19 ans :
Ces opus livrent des notes biographiques sur les coureurs cyclistes de la RDA, ignorés des sites cyclistes. Les suppléments Friedensfahrt, édités chaque année par Neues Deutschland, jusqu'en 1989 complètent la documentation.
Notes et références
↑Le Tour de RDA semble n'avoir pas été organisé en 1960, 1964, 1969, 1970.
↑Littéralement nommée "À travers la Zone orientale" (Quer durch die Ostzone), la course disputée entre le 9 et le 18 septembre 1949, a lieu avant la date de la proclamation de la République démocratique allemande, le 9 octobre 1949. Source : brochure de présentation du 5e Tour de RDA, DDR-Rundfahrt 1953, pages 4-5.
↑DDR-Rundfahrt für Einheit und Freiheit im gesamtdeutschen Sport.
↑ dont à partir de 1952 le quotidien du Parti SED au pouvoir : Neues Deutschland
↑"Sektion Radsport der Deutschen Demokratischen Republik".
↑Radsport Woche, Fachorgan des Präsidiums der Sektion Radsport des DDR, Nr. 36, 29 août 1955 : "Startliste der DDR-Rundfahrt 1955.
↑"Starterliste 1956", dans DDR-Rundfahrt, 1956, 5.-15. Juli, supplément de 20 pages de Radsport-Woche, Tägliche Rundschau, Berlin.
↑La RDA, le sport au cœur, plaquette de 48 pages, éditée par l'Association "France-RDA", Paris, 1987.
↑ Cf l'éditorial de Radsport Woche, Nr.31 du 5 août 1958. La transformation de la Section cycliste, relativement autonome, en Fédération sportive dépendante d'une autorité sportive étatique ne va sans doute pas sans remous. Une année est nécessaire à la transformation, dûment pédagogisée dans l'organe fédéral.
↑La RDA, le sport au cœur, ib., page 28: état chiffré par discipline sportive des pratiquants sportifs de la RDA.
↑Radsport-Almanach, 1960. Pages 24-27. Voir en sources
↑En 1958 : Erich Hagen, étapes 1,2, 3 et 4; Bernhard Eckstein, étape 5; Egon Adler, étapes 6 et 7; Gustav-Adolf Schur, étape 8. En 1959, Schur, étapes 1, 2, 5, 6, 7; Adler, étape 3; Manfred Weissleder, étape 4; Eckstein, étape 8. Seule la 9e étape est remporté par l'allemand de l'Ouest Edler.
↑Max Bartoskiewicz est né le 18 octobre 1913, à Berlin. (source: brochure DDR-Rundfahrt 1953, rubrique : "Sie trügen bisher das Gelbe".)
↑Bernhard Trefflich est né à Weimar le 9 juin 1924.
↑Bernhard Wille, né le 14 janvier 1926, à Kumpel, près d'Eisleben.
↑Erich Schulz est né à Berlin le 14 avril 1914. Il commençait de courir en 1931 à l'âge de 17 ans. Le régime hitlérien envoyait sa génération à la guerre pendant 5 ans où le vélo ne fut qu'un souvenir. Il reprenait cependant la compétition après la guerre. Il devait mourir le 6 juillet 1956, lors du départ d'une étape du Tour de RDA, auquel il participait encore, à 42 ans (note rédigée d'après le texte d'hommage paru en 1957 dans la plaquette 1. DDR-offenes Strassenrennen "Rund um die Braunkohle" zum "Tag des Republik" am 7. Oktober 1957).
↑Dieter Lüder, né le 6 mars 1935 (source : Friedensfahrt 1956).
↑Alphonse Hermans, né le 4 avril 1937, à St-Lenaerts, Belgique (source : Tout le cyclisme, N° spécial Miroir du cyclisme, 1963).
↑Dieter Grabe est né le 13 septembre 1945 à Bennewitz, en Saxe (RDA)
↑Wolfgand Wesemann est né le 30 octobre 1949 à Elbeu, Saxe-Anhalt (RDA)