Sheppard propose à Bley d'intégrer dans le groupe le trompettiste italien Paolo Fresu, avec lequel il voulait jouer[4]. Quand le trompettiste accepte, Bley se rend compte qu'elle ne connaît pas du tout sa musique, et commence à écouter tous ses albums[5]. L'association du son brut du ténor avec l'approche riche et texturée de Fresu est une des réussites de l'album[4].
Le livret de l'album fait avec humour le récit la quête de The Lost Chords à la recherche de Fresu, de Bogota à Rome en passant par Guatemala, Paris et Naples[6],[2].
À propos des morceaux
The Banana Quintet
Bley écrit une suite pour le quintet avec Fresu dans lequel le nombre cinq se retrouve à de nombreuses reprises : sections de cing mesures, accords de quinte, mesures à cinq temps[5]… En cherchant un titre à cette suite qui puisse faire référence au cinq, Steve Swallow, le compagnon de Bley, évoque les cinq doigts de la main. Bley pense aussitôt à l'expression « a hand of bananas » (« un régime de bananes »)[5]. Elle décide d'appeler sa suite The Banana Quintet, sur le modèle du « Trout Quintet » (le quintette « la truite ») de Schubert[5]. Une fois l'œuvre finie, elle se retrouve avec six sections, elle décide d'appeler la dernière One Banana More pour garder la suite centrée sur le chiffre cinq[5].
One Banana est une des plus belles ballades de Bley avec Útviklingssang (Social Studies, 1981)[7]. Elle débute un jeu de « call and response » entre Fresu et Sheppard[8].
Five Banana est construit sur un rythme latin, et présente la combinaison la plus complexe de cinq temps et de cycles de cinq mesures[7]. On y retrouve un des thèmes de One Banana[8].
One Banana More est une coda brève sans improvisation[7].
Liver of Life
Liver of Life (« Viveur de vie ») est la première pièce que Bley a écrite pour deux cuivres[5]. Elle avait le titre en réserve depuis quelque temps, il lui semblait bien correspondre aux personnalités de Fresu et Sheppard[5].
Death Of Superman/Dream Sequence #1 - Flying
L'Instabile Orchestra avait commandé une pièce à Bley, qu'elle a commencé à écrire avant que le projet ne tombe à l'eau[5]. La suite est intitulée Death Of Superman, et s'inspire de la vie de Christopher Reeve, qui a incarné le superhéros au cinéma[8],[6]. Une des sections a été arrangée pour big band (Someone to Watch), la séquence de rêve est ici adaptée pour le quintet[5]. La mélodie est exposée par Steve Swallow dans le registre aigu de sa guitare basse[6].
Pour Thomas Conrad (JazzTimes), il s'agit du « meilleur album depuis des années pour chacun d'eux [Bley et Fresu][13] ». Thom Jurek (AllMusic) considère que cet album surpasse le pourtant très réussi The Lost Chords, et est probablement le meilleur album en petit ensemble de Bley[4], en accord avec John Kelman (All About Jazz), qui salue également l'élégance des compositions de Bley[7]. John Fordham (The Guardian) salue le talent des improvisateurs[10]. Tyran Grillo classe l'album dans les trois meilleurs publiés sur Watt Records par Bley et Swallow[6].
Ben Ratliff, dans The New York Times, écrit que Sheppard et Fresu « sonnent très bien ensemble, enchevêtrant leurs phrases et leurs improvisations, créant d'élégantes couleurs. […] [C'est un disque] serein, courtois et plein de secrets[14] ». Pour Martin Longley (BBC), « l'ensemble a un son plus vaste que la plupart des quintets : Bley insinue du vocabulaire issu du big band pour créer de vastes paysages picturaux[15] », ce que note aussi S. Victor Aaron dans sa critiique élogieuse[8].
Manfred Papst, dans la Neue Zürcher Zeitung am Sonntag écrit : « [Carla Bley] sait nous surprendre à chaque album… Encore une fois ici s'entremêlent intimité et douce ironie, technique et grâce sublimes, tradition et innovation décontractée[1] ».