Le théorème de Schwarz ou de Clairaut[1] est un théorème d'analyse portant sur les dérivées partielles secondes d'une fonction de plusieurs variables. Sous certaines hypothèses, il dit que l'ordre des deux dérivations : dériver par rapport à la variable y d'abord, puis par rapport à une variable x revient au même que dériver par rapport à la variable x d'abord puis par rapport à la variable y. Autrement dit :
Corollaire — Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un ouvert de ℝn. Si f est deux fois dérivable en un point, alors sa matrice hessienne en ce point est symétrique[5].
La symétrie de la hessienne signifie que le résultat d'une dérivation partielle à l'ordre 2 par rapport à deux variables ne dépend pas de l'ordre dans lequel se fait la dérivation par rapport à ces deux variables :
.
Ce théorème est parfois appelé par les anglophones « Young's theorem[6] » (théorème de Young), nom qui désigne également une extension aux dérivées d'ordre supérieur[7].
Un contre-exemple
Le résultat ci-dessus peut tomber en défaut lorsque les hypothèses ne sont pas vérifiées. Un premier contre-exemple, assez compliqué, a été donné par Schwarz lui-même en 1873[réf. nécessaire]. Un deuxième contre-exemple, plus simple, est proposé par Peano en 1884[8]. Il s'agit de la fonction définie par :
En appliquant le théorème de Schwarz, on en déduit :
Ceci est donc une condition nécessaire d'exactitude de la forme différentielle. Une forme différentielle vérifiant cette condition nécessaire est dite fermée.
Plus généralement, en dimension n :
toute forme exacte de classe C1 est fermée,
ce qui, dans le cas particulier d'une 1-formeω, s'écrit :
Démonstration pour une 1-forme
Considérons une 1-forme exacte
où la fonction f est de classe C2. Nous savons par ailleurs que
Ainsi pour tout
et
En dérivant et respectivement selon et ,
et
En vertu du théorème de Schwarz — qui s'applique ici car les sont supposés de classe C1 — ces deux dérivées partielles sont égales, d'où
ce qui achève la démonstration.
Notes et références
↑En France et en Belgique, il est parfois appelé théorème de Clairaut. Cf. James Stewart (trad. Micheline Citta-Vanthemsche), Analyse. Concepts et contextes, vol. 2 : Fonctions de plusieurs variables, De Boeck, , 1064 p. (ISBN978-2-8041-5031-0, lire en ligne), p. 764.
↑(en) R. G. D. Allen, Mathematical Analysis for Economists, New York, St. Martin's Press, (lire en ligne), p. 300-305.
↑Ernst Hairer et Gerhard Wanner (trad. de l'anglais), L'Analyse au fil de l'histoire [« Analysis by Its History »], Springer, (1re éd. 1996) (lire en ligne), p. 316-317.
↑Ce contre-exemple est détaillé sur Wikiversité (voir infra).