Attiré depuis toujours par l'exotisme et les sociétés dites « primitives », Paul Gaugin s'embarque en 1891 pour la Polynésie. Il y reste jusqu'en 1893. C'est lors de son second séjour (à partir de 1895) qu'il peint Te tamari no atua. Gauguin trouve à Tahiti son paradis terrestre : une colonie suffisamment éloignée d'une civilisation occidentale qui lui faisait horreur.
Œuvre
Te tamari no atua est sans doute l'une des Nativités les plus surprenantes de l'histoire de la peinture : pas de Rois mages ni de Joseph, le divin enfant relégué à l'arrière-plan, et une Marie en pareo allongée sur son lit décoré, semblant épuisée par l'accouchement. Unique référence au sacré, l'auréole jaune autour de la tête de l'enfant[1].
Le modèle est une adolescente de 14 ans, maîtresse du peintre alors âgé de 48 ans. Attendant un enfant qui devait venir au monde aux alentours de Noël, elle lui a inspiré cette représentation iconoclaste de la naissance du Christ. Ce n'était pas la première fois que Gauguin, qui avait reçu une éducation religieuse, livrait « une réinterprétation radicale d'une image du christianisme » : huit ans plus tôt, il avait peint en Bretagne La Vision après le sermon, puis s'était représenté en Jésus à la veille de la crucifixion, ce qui avait entraîné sa rupture avec Van Gogh.