La Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille (SSAAL) est une société savante, assurant la diffusion des sciences et des techniques depuis 1785 (mais formellement déclarée le [1]).
Histoire
Officiellement et administrativement créée par dix passionnés de sciences (Malus, Drapiez, Lambert, Testelin, Judas, Trachez, Maquet, Debau et Peuvion[1]) en 1802 sous le nom de société des amateurs des sciences et des arts de Lille (mais parfois nommée société des amateurs de sciences et arts[2]) après des débuts intenses[3],[4] avec Charles-Joseph Panckoucke sous la dénomination de Collège des Philalèthes (« fondé à Lille en 1785 sous la protection du prince de Soubise, gouverneur des Flandres »[5]), rebaptisée société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille en 1819, renommée temporairement société royale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille lors de la Restauration (ordonnance royale du ) et société impériale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille sous le Second Empire, cette société savante de Lille est déclarée d'utilité publique en 1862[6].
Les archives de la société ont été partiellement détruites lors de l'incendie et la destruction de l'hôtel de ville de Lille en 1917.
Dès le début du XIXe siècle, elle a soutenu les pionniers et diffusé les savoirs pour l'avancement des arts, des sciences et des technologies à Lille, enrichissant les collections publiques lilloises.
Le décret d'utilité publique du indique les objectifs suivants :
« la propagation des sciences, des lettres, des beaux-arts, de l'agriculture et de l'industrie ».
« elle récompense les services rendus aux sciences, aux lettres, aux beaux-arts soit par des médailles d'honneur, soit par des prix »[12].
Certaines de ses actions ont pris les formes suivantes :
Prix Kuhlmann[13] : le prix de la fondation Kuhlmann est issu d'un legs de cinquante mille francs à la société des sciences au XIXe siècle.
La société joue les rôles de cénacle[32] et de mécène des arts, en particulier au travers de la bourse Wicar : « Les membres se réunissent une dizaine de fois par an dans des locaux mis à leur disposition par la municipalité. Avec celle-ci, ils maintiennent une bourse créée par le peintre Jean-Baptiste Wicar (1762-1834) assurant deux séjours d'artistes à Rome d'une durée de 6 mois chaque année, dans un appartement-atelier légué à la société par le peintre »[33],[34]
Développement des sciences et techniques lilloises
Sciences physiques et mathématiques
Le physicien membre éminent de la Société est Charles Delezenne qui assure à partir de 1806 des cours municipaux dans les domaines de l'optique, l'acoustique, l'électricité, l'électromagnétisme[36] et qui, à partir de 1817, établit un cours municipal de mécanique, préfiguration de la chaire de mécanique de la faculté des sciences de Lille, tenue par Alcippe Mahistre en 1854 qui assure aussi des cours à l'École des arts industriels et des mines (École centrale de Lille).
Le membre correspondant Alexandre Joseph Hidulphe Vincent publie dans les Mémoires de la Société (1834) la première version d'un mémoire[37] contenant des résultats qui restent importants aujourd'hui, en informatique[38].
Les travaux réalisés à Lille par Louis Pasteur entre 1854 et 1857 conduisent à la présentation de son 'Mémoire sur la fermentation appelée lactique'[40] dans le cadre de la Société le . À Lille, Louis Pasteur commence ses travaux sur les germes et la fermentation, pour répondre aux demandes des brasseurs lillois concernant la conservation de la bière[41]. Après le pionnier Frédéric Kuhlmann, Louis Pasteur initie à Lille les premières relations fructueuses entre l'enseignement supérieur et les industriels en chimie en France, en donnant un cours de chimie appliquée et en répondant aux requêtes des industriels du Nord qui orientent sa recherche académique appliquée, via la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille.
Plusieurs membres de la Société tels que Théophile-Jules Pelouze et Benjamin Corenwinder[42] ont étudié les distilleries et procédés chimiques, en particulier la chimie de la betterave à sucre et les procédés industriels pour la transformation du sucre des mélasses en alcool.
Jean Pierre Louis Girardin fait part de ses travaux à la faculté des sciences et devient président de la société. Charles Viollette, son adjoint et successeur à la faculté, est membre résidant de la société
Dans la lignée des cours publics dans des disciplines scientifiques initiés à Lille dès 1750, l'enseignement scientifique et technique soutenu par la Société dans le cadre de chaires municipales conduisit à la création de l'École des arts industriels et des mines de Lille en 1854. L'École centrale de Lille en est l'héritière.
Développement de l'enseignement primaire supérieur et professionnel
La Société des sciences de Lille a contribué à la réduction des accidents d'engins et d'explosions de machines à vapeur ; elle est ainsi un précurseur dans la région Nord-Pas de Calais des actions de sûreté de fonctionnement mises en place ultérieurement par l'APAVE (Association des propriétaires d'appareils à vapeur et électriques).
La création en 1858 de cours municipaux à l'intention des chauffeurs mécaniciens et conducteurs de machines à vapeur[45] fut initiée par Jules Gosselet et la Société des sciences et ses résultats supervisés par les professeurs Gabriel Alcippe Mahistre, puis Alexandre Guiraudet et Charles Viollette, membres du jury d'examen à ses débuts[46],[47]. Ce cours municipal pour adultes subsista jusqu'en 1939 [48].
↑Les premières sociétés savantes de Lille furent l'Académie Brunin fondée par Charles-Joseph Panckoucke, puis le Collège des Philalèthes fondé en 1785 par Liborio Valentino, apothicaire à Lille, et Charles-Joseph Panckoucke, libraire et éditeur de revue. Ce collège fut actif jusqu'à la Révolution française en 1789 (1). "Le Collège des Philalèthes dont l’activité fut intense, malgré sa création tardive et son existence éphémère (1785-1789). Issu d’une loge maçonnique, il fut remplacé en 1802 par la création de la « société des amis des sciences et des arts » qui se caractérisa à son tour par son intérêt, comme son aîné, pour le développement des disciplines scientifiques"(2). (Référence : Pierre-Yves Beaurepaire « “Une école pour les sciences”. Le collège des Philalèthes et la tentation académique des élites maçonniques lilloises à la fin de l’Ancien Régime », Revue du Nord, t. LXXXI, 332, Études sur Les élites dans la France du Nord (xve-xxe siècle). Composition, pouvoirs et éthique sociale réunies par P. Guignet, octobre-décembre 1999, p. 723-744). [1]
↑Hyppolyte Verly, Essai de biographie lilloise contemporaine 1800-1869, Lille, Leleu, (lire en ligne)
↑Louis Danel, ingénieur diplômé de l'institut industriel du Nord à Lille en 1880, était imprimeur rue Jean-sans-Peur à Lille et président du Syndicat des maîtres-imprimeurs de France
↑Société des sciences, de l'agriculture et des arts, de Lille. Séance solennelle du 21 décembre 1884. Discours de M. Alph. Colas, 'Sur la peinture lilloise'. Séance solennelle du 21 décembre 1884.
↑Mémoire sur la résolution des équations numériques. Mémoires de la société royale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, 1834, p. 1-34. Cet article est republié dans le Journal de Mathématiques Pures et Appliquées, 1836, vol 1, p. 341-372.
↑Certains résultats du mémoire permettent de prouver l'arrêt d'une famille d'algorithmes d'isolation de toutes les racines réelles, de polynômes en une indéterminée, à coefficients réels et de degré arbitrairement élevé. La fonction realroot[2] du logiciel MAPLE en fournit un exemple.
↑Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille. Séance solennelle du 18 décembre 1910. Discours de M. A. Calmette 'Ce que Pasteur dut à Lille et ce que Lille doit à Pasteur'
↑Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, Lille, (lire en ligne), p. 477
↑Philippe Marchand, Le Cours municipal des chauffeurs-mécaniciens de Lille, 1858-1939 : une expérience de formation professionnelle d’adultes, INRP, coll. « Histoire de l'éducation (revue) », , 66e éd. (lire en ligne)