Le signe de bénédiction, appelé aussi geste de bénédiction, est une gestuelle et une représentation iconographique chrétienne qui consiste à bénir des personnes et à appeler sur elle la protection divine. Dans le christianisme, ce signe est fait par Dieu, le Christ, les saints, les membres du clergé.
Historique
Le geste de bénédiction « apparaît très tôt dans l’art chrétien des catacombes et reprend le geste du rhéteur antique qui sur l’agora, réclame le silence pour prendre la parole ». La main levée du Christ « représente donc beaucoup plus qu’une bénédiction : c’est le geste de celui qui enseigne et énonce la parole divine, qui juge aussi[2] ».
Cette disposition des doigts ne s'attache au commencement qu'aux figurations du Christ–Logos. Elle devient une bénédiction sacramentelle attribuée au Pantocrator et aux saints à partir du IXe siècle qui voit la dogmatisation de la vie religieuse dans l'Église d'Orient, puis est adoptée par le clergé[3].
Typologie
Il existe une différence entre deux bénédictions selon la liturgie grecque ou latine, et selon l'iconographie byzantine ou occidentale. La benedictio graeca se fait avec la main droite, l’index entièrement ouvert, le grand doigt légèrement courbé, le pouce croisé sur l’annulaire et le petit doigt courbés[4], geste dans lequel certains historiens d'art ont vu la figuration du monogramme du Christ, IC-XC — abréviation reprenant la première et la dernière lettre de chacun des mots grecs « ΙησοῦϹ / IHCOYC (Jésus) » et « ΧριστόC XPICTOC (Christ) »[5]. Les deux doigts tendus symboliseraient la double nature — humaine et divine — du Christ et les trois autres joints figurant la Trinité[6]. La benedictio latina se fait également avec la main droite, laissant le pouce libre, les trois premiers doigts ouverts étant également interprétés comme une image de la Trinité divine, tandis que l'annulaire et l'auriculaire repliés unis symboliseraient la double nature du Christ[7].
Alors que les évêques en Occident se sont réservé la bénédiction avec les trois doigts ouverts, les prêtres durent, eux, la pratiquer avec la main ouverte tout entière[8].
Similitudes avec l'iconographie bouddhiste
Dans l'art bouddhique, les représentations de Bouddhas utilisent un nombre restreint de mudrā, dont certains présentent certaines similitudes au niveau de la disposition des doigts[9].
Fançois Bœspflug, Dieu et ses images. Une histoire de l'Éternel dans l'art, Paris, Bayard, 2011 (nouvelle éd. intégrale et révisée) (1re éd. 2008), 523 p. (ISBN978-2-227-48294-4), chap. 3 (« Dieu dans l'art paléochrétien. IVe – VXe siècle »), p. 71-95; v. aussi p. 102
(en) E. Dale Saunders, Mudrâ. A Study of Symbolic Gestures in Japanese Buddhist Sculpture, Princeton, Princeton University Press, (1re éd. 1960), XXIII + 296 p. (ISBN978-0-691-01866-9), p. 55-65; 66-75; et les notes correspondantes p. 216-224