Elle est organisée annuellement le deuxième dimanche d'août. Sierre-Zinal est aussi appelée « la course des cinq 4 000 » du nom des cinq montagnes culminant à plus de 4 000 m, visibles du parcours de la course : Weisshorn (4 506 m), Zinalrothorn (4 221 m), Ober Gabelhorn (4 063 m), Cervin (4 478 m) et Dent Blanche (4 357 m). La première édition de cette course de montagne s'est déroulée en 1974.
Histoire
Au début des années 1970, les courses de montagne sont encore relativement rares en Suisse. Plutôt que de s'inspirer de ce qui existe déjà, Jean-Claude Pont décide de créer sa propre course en suivant ses idées novatrices. Il trace un parcours particulièrement long de 31 km qui relie la ville de Sierre au village de Zinal en traversant le val d'Anniviers. La course est également ouverte à toutes et tous. Ainsi les femmes courent sur le même parcours que les hommes et les sportifs populaires sont invités à participer dans la catégorie « Touristes »[1]. Malgré le scepticisme des autorités locales, la première édition est un succès. 422 coureurs rallient la ligne d'arrivée. Le fondeur Edi Hauser remporte la victoire devant le favori désigné, le champion olympique Gaston Roelants[2].
À la suite du succès de cette première édition, Jean-Claude Pont est contacté par Noël Tamini, fondateur du magazine Spiridon, qui souhaite promouvoir la discipline de course en montagne. Les deux hommes créent la Coupe internationale de la montagne (CIME) dont la première édition a lieu en 1975. La course Sierre-Zinal est inscrite au calendrier de la compétition. Elle est avec la course Sierre-Montana, la seule course classée en catégorie A, confirmant d'emblée son caractère international[3],[4]. En 1979, la CIME introduit une nouvelle catégorie d'épreuve baptisée « Super ». Elle est réservée aux courses présentant des difficultés comme un long parcours ou un fort dénivelé. Sierre-Zinal est choisie comme l'une des trois épreuves inaugurales « Super »[5].
En 2002, les conditions météorologiques sont particulièrement mauvaises. Des températures très froides et de la neige sur le haut du parcours forcent les organisateurs à raccourcir la course jusqu'à Chandolin la veille du départ[6]. Cette édition se retrouve également au calendrier de la saison inaugurale de la Skyrunner World Series. La course est ensuite présente au calendrier de façon irrégulière[7].
Vainqueur sur l'édition raccourcie de 2002, le multiple champion du monde Jonathan Wyatt s'impose à nouveau l'année suivante sur le parcours complet en signant le temps de référence absolu de 2 h 29 min 12 s[8].
L'Écossaise Angela Mudge est la première femme à franchir la ligne d'arrivée sous la barre des 3 heures en 2001[10]. Son record sera ensuite battu par la Suissesse Angéline Joly puis par la Tchèque Anna Pichrtová qui détient depuis 2008 le record féminin en 2 h 54 min 26 s[11].
En 2017, l'Érythréen Petro Mamu termine quatrième. Il perd cependant cette place à la suite de sa suspension pour dopage[12].
Lors de l'édition 2019, Kílian Jornet et Maude Mathys remportent la victoire en établissant chacun un nouveau record du parcours[15].
Initialement prévue le , l'édition 2020 est dans un premier temps reportée au en raison de la pandémie de Covid-19[16]. Les mesures sanitaires liées à la pandémie rendent cependant compliqué la tenue de la course sous sa forme traditionnelle. Les organisateurs décident alors de mettre en place un format spécial sur un mois, du au , avec un départ à la carte pour les inscrits et sur un parcours légèrement modifié[17]. Les coureurs élites prennent le départ le dernier jour de la compétition[18]. Les tenant du titre Kílian Jornet et Maude Mathys s'imposent à nouveau. L'orienteur français Frédéric Tranchand crée la surprise avec un temps canon effectué le qui lui vaut la deuxième place finale[19],[20].
En 2022, le vainqueur initial de la course Mark Kangogo est suspendu à la suite d'un contrôle positif à deux substances interdites par l'Agence mondiale antidopage. Sa première place revient ainsi à Andreu Blanes, qui avait alors terminé deuxième. Il devient le deuxième espagnol après Kílian Jornet à remporter l'épreuve[21],[22]. Chez les femmes, la Kényane Esther Chesang est disqualifiée à son tour en , sept mois après l'épreuve, pour avoir été suspendue provisoirement depuis le ; les organisateurs de la course ne sont informés de cette suspension qu'en . C'est Maude Mathys qui remporte ainsi l'épreuve 2022[23]. Kilian Jornet gagne une dixième fois la course en 2024, battant son propre record de l'épreuve[24].
Organisation
Jean-Claude Pont, directeur de la course depuis sa création en 1974, cède sa place en 2014 à Tarcis Ançay[25], ancien vainqueur de la course. Mais celui-ci ne reste que six mois à la tête de l'organisation[26], cédant sa place à Vincent Theytaz au début de l'année 2015.
Plusieurs départs sont donnés dans deux groupes différents : cinq départs pour les « touristes » selon leurs temps de course, le premier à 4 heures 45 du matin pour les dossards 4001 à 4595, le deuxième à 4 heures 55 pour les dossards 5001 à 5595, le troisième à 5 heures 05 pour les dossards 6001 à 6595, le quatrième à 5h 15 pour les dossards 7001 à 7595 et le dernier à 5 heures 25 pour les dossards 8001 à 8595 (il n'y a pas de classement dans la catégorie touristes) ; trois départs pour les « coureurs » selon leurs temps de course, le premier à 10 heures 00 pour les dossards 1001 à 1565, le deuxième à 10h05 pour les dossards 2001 à 1565 et le troisième à 10 heures 10 pour les dossards 3001 à 3565 (avec classement et diverses catégories selon l'âge et le sexe). Tous les participants doivent être arrivés à Zinal avant 16 h s'ils veulent que leur temps soit comptabilisé.
Après un départ au pied de la route du val d'Anniviers, les participants s'engagent dans une montée abrupte jusqu'au pâturage de Ponchette (1 870 m) : huit kilomètres de distance, mais 1 300 mètres de dénivelé, ce qui correspond à 34 % de l'effort total à fournir[27]. S'ensuit une nouvelle montée moins raide avec une portion roulante et même une courte descente jusqu'à Chandolin (2 000 m). Le chemin continue ensuite en pente très irrégulière pendant une dizaine de kilomètres jusqu'à Nava (2 425 m), point culminant de la course, en passant par Tignousaz (2 180 m) et l'hôtel Weisshorn (2 337 m). La portion entre l'hôtel Weisshorn au km 19,8 et Nava au km 22,5 permet de voir devant soi les cinq sommets à plus de 4 000 m d'altitude. S'ensuit un long « faux-plat » descendant avec quelques portions rocailleuses et en passant par Barneuza (2 210 m) où se tient le dernier ravitaillement. Finalement, les trois derniers kilomètres sont une descente pentue et technique à travers la forêt et les pâturages, éprouvante pour les genoux déjà fatigués, avant l'entrée dans le village de Zinal (1 680 m) où une fête populaire anime la proclamation des résultats et la remise des prix.
Coureurs à quelques minutes du départ.
Montée sèche dans les premiers km.
Ravitaillement de Tignousa.
Entre Tignousa et l'hôtel Weisshorn.
L'hôtel Weisshorn, haut lieu de la course.
Panorama sur des sommets à plus de 4 000 m d'altitude et Zinal plus bas.
↑Francesca Sacco, « Venus en démonstration à Sierre-Zinal, les coureurs de l'extrême ont échoué », Le Temps, (ISSN1423-3967, lire en ligne, consulté le )
↑« Sierre-Zinal 2022: la suspension de Kangogo est confirmée, l’Espagnol Andreu Blanes promu vainqueur », Le Nouvelliste, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bClaude-Alain Zufferey, « Course à pied: Maude Mathys gagne officiellement l’édition 2022 de Sierre-Zinal », Le Matin, (ISSN1018-3736, lire en ligne, consulté le ).