Sergueï Sourovikine termine en 1987 avec une médaille d'or sa formation à l'école supérieure de commandement interarmes Frounzé d'Omsk. Après avoir obtenu son diplôme, il commande un peloton de fusiliers motorisés, puis sert comme commandant d'une unité de fusiliers motorisés de la 2e division de fusiliers motorisés de la Garde[6]. Il participe à la guerre d'Afghanistan de 1979-1989[7] et en 1989, il se distingue dans des exercices de combats d'infanterie[8].
Devenu capitaine, il commande en août 1991 le 1erbataillon de fusiliers motorisés de la 2 division de fusiliers motorisés de la Garde, bataillon composé de 20 BMP-1 et d'un BRDM-2. Il est envoyé par le Comité d'État sur l'état d'urgence dans le cadre des couvre-feux sur l'Anneau des Jardins de Moscou. Lors de la tentative de putsch à Moscou menée par tenants de la ligne « dure » au sein du Parti communiste de l'Union soviétique, dans la nuit du 20 au 21 août, la colonne est arrêtée par la foule, des barrages sont construits sur la voie publique[7]. Sergueï Sourovikine s'adresse à la foule en avertissant qu'il y a des munitions dans le BMP, exige de laisser passer le convoi et tire deux coups de semonce vers le haut avec son arme de service. Puis, avec une partie de la colonne (12 véhicules de combat), il perce les barrages et quitte les lieux. En riposte aux attaques de la foule contre les véhicules de combat restants, trois jeunes ont été tués[7]. Les assaillants brûlent un véhicule de combat d'infanterie, un autre est endommagé, six militaires sont blessés[9]. Après l'échec de la tentative de putsch, Sergueï Sourovikine est arrêté, mais les poursuites sont annulées. Le président Boris Eltsine déclare « ... il faut libérer immédiatement le major Sourovikine » précisant ainsi qu'il doit être élevé en grade pour exécution exemplaire du devoir militaire[10].
Alors qu'il étudie à l'académie militaire Frounzé, en septembre 1995, il est reconnu coupable de complicité dans l'acquisition et la vente, ainsi que par le tribunal militaire de la garnison de Moscou, d'armes à feu et de munitions sans autorisation appropriée (article 17, partie 1 de l'article 218 du code pénal de la RSFSR). Il est condamné à un an de sursis de privation de liberté[11],[12] mais « Lorsque l'enquête a découvert que l'officier avait été piégé, l'accusation a été abandonnée et la condamnation a été éteinte » (chef adjoint du département des enquêtes militaires du district fédéral du Sud, Sergueï Sypatchev)[13],[14]. Cependant, les opposants de Sergueï Sourovikine tentent de spéculer sur le sujet d'une condamnation pour vente d'armes, malgré le fait qu'elle ait été annulée. Ensuite, Sergueï Sourovikine fait appel au tribunal et obtient l'annulation de cette décision de condamnation qui avait été prise contre lui.
En 1995, il termine avec les honneurs l'Académie militaire Frounzé et sert au Tadjikistan, comme commandant d'un bataillon de fusiliers motorisés, puis devient chef de l'état-major du 92e régiment de fusiliers motorisés, chef de l'état-major et commandant du 149e régiment de fusiliers motorisés de la Garde, chef d'état-major de la 201e division de fusiliers motorisés de la Garde[15].
En 2005-2008, il est chef de l'état-major et premier vice-commandant de la 20e armée interarmes de la Garde (Voronej) ; d'avril à novembre 2008, il commande la 20e armée interarmes de la Garde.
En 2012, il dirige un groupe de travail du ministère russe de la Défense pour créer une police militaire dans la perspective d'être nommé chef de la direction principale de la police militaire[14],[18]. Sur la base des résultats des travaux, il a créé un corps militaire et une nouvelle structure et entre dans le classement des personnes les plus autorisées de Russie selon le Centre panrusse de recherche sur l'opinion publique (VTsIOM) et le magazine Le Reporter russe[19]. Du 27 octobre 2012 jusqu'à octobre 2013, il est chef de l'état-major et premier vice-commandant du district militaire est[20].
De mars à décembre 2017, il commande les forces russes d'intervention en Syrie[22],[23]. Il est alors surnommé le « boucher de Syrie »[24], du même surnom que son prédécesseur, Alexandre Dvornikov[25] en raison du grand nombre de victimes causées par leurs méthodes non conventionnelles et des bombardements sur des cibles civils perpétrés sous leurs commandements.
En septembre 2017, Sergueï Sourovikine forme un groupe opérationnel de police militaire pour débloquer un peloton de 29 militaires, entouré par des forces supérieures de terroristes. Le résultat est que les militaires russes sont tous libérés et que les terroristes islamistes subissent des pertes importantes[26]. Sous le commandement du général Sergueï Sourovikine, l'opération réussit à atteindre ses objectifs dans la lutte contre les « terroristes » (selon la terminologie pro-Assad) et contribue à libérer plus de 95 % du territoire de la Syrie au profit du régime autoritaire de Bachar Al-Assad. La phase militaire active de l'intervention russe en Syrie est achevée le 11 décembre 2017, et les forces militaires russes commencent leur évacuation[27],[28],[29]. Selon des experts militaires, c'est Sergueï Sourovikine qui a réussi à renverser le cours de la guerre en Syrie et à organiser la défaite des formations militaires rebelles et insurgées[30].
De janvier à avril 2019, il commande les forces russes dans l'opération militaire en Syrie. Sergueï Sourovikine commande le groupement russe de troupes en Syrie pendant plus d'un an, plus longtemps que n'importe lequel des officiers supérieurs qui ont occupé ce poste[33]. Entre mai et août 2019, il dirige les forces russes pendant l'offensive de Khan Cheikhoun, avec pour objectif de récupérer la province d’Idleb, dernier bastion syrien aux mains des rebelles[7]. Cette opération est caractérisée par des « douzaines d’attaques aériennes et terrestres sur des cibles civiles et des infrastructures, en violation du droit international », selon un rapport de Human Rights Watch de 2020[7].
Sourovikine, aussi surnommé le « général Armageddon »[Note 1],[40], est réapparu publiquement lors de la visite de la mosquée Abdelhamid Ben Badis à Oran, en Algérie, le 14 septembre 2023[41]. Vêtu d'une tenue quasi-civile et accompagné de militaires russes en uniforme, il est reçu par l'Imam de la mosquée, Abou Abdallah Zebar, qui lui a fait visiter les lieux[42]. Il est également aperçu lors d'une visite au fort de Santa Cruz situé sur les hauteurs d'Oran[43]. Selon des médias russes, cette visite a été organisée par le ministère russe de la Défense[44].
↑« Guerre en Ukraine, en direct : en difficulté sur le terrain, la Russie remplace le commandant de son offensive », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑(ru) Alexandre Pintchouk. «Штандарты в надёжных руках» (Les normes entre de bonnes mains), in Krasnaïa zvezda (L'Étoile rouge), article du 29 novembre 2017