Le style a consolidé le rapprochement entre la samba brésilienne et le jazzaméricain[7], en particulier le bebop et le hard bop, des styles de jazz largement expérimentés par les musiciens brésiliens dans les gafieiras[b] et les boîtes de nuit, notamment à Rio de Janeiro[6],[8]. Ayant sa formation initiale basée sur le piano, la contrebasse et la batterie, la samba jazz a progressivement absorbé des ensembles instrumentaux plus larges[6].
Contrairement à la bossa nova, qui est un style de samba caractérisé par son esprit intimiste, sa sonorité douce et la retenue des éléments sonores, la samba-jazz possède de nombreuses composantes présentes dans l'improvisation et la stridence[9]. Cependant, à mesure que la bossa nova se faisait connaître, la samba jazz fut favorisée par le répertoire bossa-novista[10] et par toute une génération d'instrumentistes influencés par le jazz américain, comme Dom Salvador, Sérgio Mendes, J. T. Meirelles, Edison Machado, Dom Um Romão, Manfredo Fest, Zimbo Trio, Tamba Trio(pt), Milton Banana Trio, Jongo Trio(pt), entre autres, ont commencé à s'impliquer dans la nouvelle façon de faire de la samba avec João Gilberto en tête de proue[11],[12].
Histoire
Durant sa jeunesse, le guitaristebrésilienLaurindo Almeida est convaincu que les musiciens ne doivent pas rester dans leur propre pays[13]. En 1936, à l'âge de 19 ans, il décroche un emploi dans l'orchestre d'un bateau de croisière qui accoste au Portugal, en Espagne, en France, en Belgique, en Hollande et en Allemagne, ce qui lui permet d'aller à Paris voir Django Reinhardt et Stéphane Grappelli jouer avec le Quintet du Hot Club de France[14],[15],[13],[16].
Possédant une collection de disques de jazz américains, Almeida rêve cependant de s'installer aux États-Unis : il choisit la Californie parce qu'il sait qu'il y a là beaucoup de travail en studio[13]. Il débarque donc en 1947 à l'âge de 30 ans en Californie et, étant déjà un artiste bien établi au Brésil, il décroche un job dans un studio d'Hollywood, où il collabore au film A Song is Born de Danny Kaye[14],[17]. Mais le musicien Joe Riddle est frappé par le fait qu'Almeida joue de la guitare avec les doigts, alors que l'habitude aux États-Unis était d'utiliser un plectre[13]. Riddle le recommande à Stan Kenton, qui est à l'époque à la recherche d'un nouveau son acoustique à la guitare et apprécie le fait qu'Almeida joue avec les doigts[17],[13]. Kenton lui dit « Je ne veux plus de plectre ou de guitare électrique, je veux quelque chose de vraiment pur et clair »[13]. Almeida quitte donc les studios d'Hollywood et intègre l'orchestre de Kenton, dont il reste le guitariste durant trois ans, de 1947 à 1950[18],[13],[19]. Il y joue le rôle de guitariste / arrangeur / compositeur, un rôle inédit aux États-Unis à l'époque[15],[16].
En 1950, Stan Kenton tombe malade et il dissout son big band[13] : Almeida se lie alors avec le saxophonisteBud Shank, le bassisteHarry Babasin et le batteur Roy Harte[17]. Le jeune producteur Richard Bock, fondateur du label Pacific Jazz Records, leur demande d'enregistrer un disque[17],[13]. Shank est enthousiaste mais ne sait trop que faire[17],[13]. Almeida suggère alors « Et bien, marions nos musiques et voyons ce qui se passe »[17],[13]. Shank et Babasin jouent tous deux un rôle très important dans l'élaboration de l'aspect jazz de l'album[17],[13] et en le quatuor enregistre ce disque innovant dans lequel il mélange le jazz et la samba brésilienne[14],[18],[20].
Almeida baptise ce nouveau style « samba-jazz »[15].
Avec leurs albums Turma da Gafieira (1957), Samba Em Hi-Fi (1958) et Melodia Ritmo Alegria (1962), le groupe Turma da Gafieira, composé de plusieurs artistes de renom de l'époque, tels que Baden Powell, Sivuca et le batteur Edison Machado, est également considéré comme précurseur du genre[9],[21].
Après Holiday in Brazil, rebaptisé plus tard Brazilliance Volume 2, viendra enfin en 1959 Latin Contrasts[18],[31], parfois appelé Brazilliance Volume 3.
Notes et références
(pt) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en portugais intitulé « Samba jazz » (voir la liste des auteurs).
↑En portugais, le terme samba est un nom masculin, et ses sous-genres sont également accordés au masculin. Néanmoins, la samba s'est fait connaître en France — et donc en français — comme danse avant d'être reconnue comme un genre musical à part entière[1]. Même si certains puristes[2],[3] préfèrent conserver le masculin, l'usage général[1] ainsi que les définitions des dictionnaires français[4] privilégient l'utilisation du genre féminin. C'est ce genre qui a donc été privilégié dans cet article.
↑Les gafieiras sont des lieux de danse où les classes populaires brésiliennes pratiquaient les danses de couples ou danses de salon, au début du XXe siècle.
Références
↑ a et b(pt) Carlos Sandroni, « La samba à Rio de Janeiro et le paradigme de l’Estácio », Cahiers d’ethnomusicologie, no 10, , note 1 (lire en ligne).
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(pt) Cléber Alves, A Bossa Nova Instrumental : O Samba Jazz pelo Olhar de Paulo Moura, , Editora Appris, 2021 (ISBN9786525019673).
(pt) Lorenzo Barsalini, « A Turma da Gafieira: os conflitos entre a tradição e a modernidade nos precursores do samba jazz », ANAIS do XXIV Congresso da ANPPOM, São Paulo, XXIV Congresso da ANPPOM, vol. 1, .
(pt) Márcio da Costa Ferreira Pinto, No olho da rua: bossa nova, samba-jazz e a paisagem musical carioca (Thèse de maîtrise), Florianópolis, UDESC, .
Isabelle Leymarie, Le jazz brésilien, France, Éditions du Jasmin, (ISBN9782352840985).
(pt) Marcelo Silva Gomes, Samba-Jazz aquém e além da Bossa Nova : três arranjos para Céu e Mar de Johnny Alf (thèse de doctorat), Campinas, Universidade Estadual de Campinas, (DOI10.47749/T/UNICAMP.2010.774057, lire en ligne).
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