Salomé Lelouch née en juin 1983 à Paris[1], elle est la fille de Claude Lelouch et Évelyne Bouix. Élevée par Pierre Arditi devenu le compagnon de sa mère[1],[2], elle apparaît pour la première fois au cinéma à peine âgée de douze jours dans un film de son père, Viva la vie , où il la filme dans son berceau[3]. De 1986 à 1993, actrice précoce, elle n’apparaît que dans ses films, avant de servir d’autres metteurs en scène tels que Jean-Claude Sussfeld à partir de 1994.
Formation
En 1998, à l’âge de quinze ans, bien qu'elle ait déjà tourné dans de nombreux films, elle suit durant un an[4] les cours de Francine Walter au théâtre La Bruyère, Pierre Arditi souhaitant qu'elle apprenne les bases du métier d’actrice. De plus, n’aimant pas la voir rater les cours et considérant comme choquant qu’on l’envoie en avion pour une journée de tournage[2], il lui interdit d'arrêter l'école et l'oblige à passer son baccalauréat[4].
Carrière
Après ses expériences devant la caméra, elle débute au théâtre en 1999 dans Les lunettes d’Elton John et apparaît encore dans quelques pièces, notamment en 2003 avec À chacun sa vérité (avec Niels Arestrup et Gérard Desarthe) et en 2004 avec Un baiser un vrai (avec Michel Duchaussoy), tout en continuant d’apparaître au cinéma et à la télévision.
En 2003, ayant pratiquement abandonné la carrière d’actrice et épaulée par Arthur Jugnot, elle prend la direction du Ciné 13 Théâtre fermé depuis un an et qui appartient à son père[2]. Elle se consacre désormais à la mise en scène, à l’écriture et à la production de spectacles vivants via une société nouvellement créée[1],[5].
En 2014, elle met en scène au théâtre La Bruyère à Paris Le mariage de M. Weissmann — que Bernard Pivot qualifie de pièce d'Anouilh, l'humour juif en plus[7] —, d'après Interdit, le livre de Karine Tuil, récit burlesque de la crise identitaire d'un vieux juif.
En 2015, elle crée Matrioshka Productions avec Ludivine de Chastenet, et diffuse également des spectacles tels que L’Esprit de contradiction et Née sous Giscard de Camille Chamoux[8].
La même année, elle met en scène Politiquement Correct[1] au théâtre de la Pépinière[10], une pièce de sa composition et obtient deux nominations aux Molières 2017, le Molière de l'auteur et le Molière de la comédienne dans un second rôle. Œuvre « dont le Front national est l'épicentre[11] », mais également comédie sentimentale et politique dans laquelle une femme de gauche tombe amoureuse d'un homme d'extrême droite, elle aborde « des questions de fond à travers le prisme d’une histoire d’amour naissante entre deux êtres aux orientations politiques opposées[12] ».
Sur RFI, elle admet avoir pensé à Florian Philippot et Robert Ménard pour Alexandre, le personnage d'extrême droite, rendant la pièce d'actualité[13]. Ouest-France estime qu’il n‘est « pas facile de faire rire sur un sujet aussi clivant, et si les répliques font parfois mouche, la gravité des enjeux l'emporte sur le rire[14] », tandis que Télérama considère que c’est « un spectacle courageux » et que Paris Match constate que « la salle est suspendue »[12]. Dans le Grand journal, sur Canal+, de Victor Robert, et sur BFMTV, elle se défend contre le double procès de diaboliser et faire le jeu du Front national[15].
En 2018, Salomé Lelouch rachète à son père le Ciné 13 Théâtre qu'elle dirige depuis 2003 et le rebaptise théâtre Lepic. Après quelques mois de travaux, celui-ci rouvre officiellement ses portes et accueille notamment de jeunes compagnies[5].
Justice
En 2018, elle monte Justice au théâtre de l’Œuvre, une pièce de Samantha Markowic que celle-ci lui a lue en 2015, une semaine après les attentats de Charlie Hebdo, alors qu’apparaissent dans la presse les récits d’adolescents délinquants passés en comparution immédiate avant de se radicaliser en prison et de devenir terroristes : « J’ai voulu qu’apparaisse dans la pièce le problème de la radicalisation. On me l’a déconseillé, en me disant que je n’aurais pas assez de recul. Mais je me suis appuyée sur une brève lue dans Libé et sur la loi de 2016 qui renforce la lutte contre le terrorisme. »
La pièce se déroule dans un tribunal et évoque les conditions et la violence des comparutions immédiates dues au manque de moyens de la justice. Pour Paris Match, « Tout sonne juste : les plaintes autant que les verdicts, la colère, les rires aussi[16] », tandis que le Bondy Blog apprécie que la pièce évoque « la justice la moins chère » où « condamner à la prison une personne toxicomane, cleptomane, ou encore une femme de 59 ans qui a frappé un policier après être sortie nue de chez elle, coûte finalement moins cher au contribuable que de chercher à les soigner[17]. » Jouée avec six comédiens en alternance, dont Camille Cottin, Océan et Naidra Ayadi, la pièce obtient le Globe de Cristal de la meilleure actrice, attribué à cette dernière.
Dans On n'est pas couché du 3 novembre 2018, Charles Consigny reproche à la pièce d'être caricaturale, grandiloquente et snob, tandis que Christine Angot constate que « la réalité de la justice, c’est quand même une classe sociale qui en juge une autre. Et ça, d'une manière assez simple, est montré. Ni plus ni moins. Et ce ni plus ni moins est pas mal, je trouve », avant d’attaquer Océan pour avoir écrit en 2016 dans Libération, deux ans auparavant, une tribune polémique sur l’extermination des Juifs d’Europe et son instrumentalisation par le projet sioniste depuis le monde colonisé ; intervention qualifiée par Laurent Ruquier de « comparution immédiate »[18].
Fallait pas le dire !
En , elle met en scène, avec Ludivine de Chastenet, Fallait pas le dire ! au théâtre de la Renaissance, avec Pierre Arditi et Évelyne Bouix[1]. Elle déclare, sur RCJ, à Catherine Schwaab, défendre la liberté d'expression, qui permet de verbaliser la frustration, la mauvaise foi et l'esprit de contradiction, dit admirer le premier ministre israélien assassiné Yitzhak Rabin, le réalisateur dissident Amos Gitaï et avoir été fascinée par la parole des djihadistes, lors du Procès des attentats du 13 novembre 2015[19]. Au sujet de la pièce, Pierre Arditi salue dans l'Obs le talent de sa belle-fille, excepté son orthographe, monstrueuse, rappelant qu'enfant, elle était l’Abdallah de Tintin au pays de l'or noir et que si elle avait pu faire sauter la maison, elle l’aurait fait[20].
Au milieu des années 2000, elle a pour compagnon l'acteur Arthur Jugnot[1],[2]. En 2014, elle a une fille, Gabrielle[3], qu’elle révèle, dans une interview donnée à Catherine Schwaab en 2021, avoir eue avec un rédacteur du magazine Neon prénommé Julien[19].
Personnalité
Lors d’une reprise de Politiquement correct en 2019, elle révèle à Frédéric Taddéi, sur Europe 1, sa passion pour la politique et que ce qui lui plaît le plus dans cette pièce, « c'est de mettre les gens et les personnages dans des situations cornéliennes et compliquées. Et de créer une histoire d’amour impossible ». Elle lui avoue également ses dettes de poker et son interdiction de casino[26].
Proposant la même année un divertissement inédit mêlant la mécanique du théâtre immersif à celle de l’escape game, elle déclare sur CNews : « Je suis très joueuse et j’aime le théâtre. Vous assemblez les deux et je me sens dans mon élément[27] ».
↑Pierre Lepelletier, « Salomé Lelouch, Andréa Bescond, Lio... Ces artistes qui soutiennent Sandrine Rousseau à la primaire des Verts », Le Figaro, (lire en ligne)