La saison 1972-1973 de la Juventus Football Club est la soixante-dixième de l'histoire du club, créé soixante-seize ans plus tôt en 1897.
Le club de Turin prend ici part au cours de cette saison à la 71e édition du championnat d'Italie (42e de Serie A), à la 25e édition de la Coupe d'Italie (en italien Coppa Italia), ainsi qu'à la 18e édition de la Coupe des clubs champions européens.
Historique
De nouveau au sommet du football italien avec son scudetto, le travail en amont du nouveau président Giampiero Boniperti et de l'entraîneur du club Čestmír Vycpálek portent enfin leurs fruits à la Juventus FC, entrant à partir de cette année 1972 dans un nouveau cycle victorieux plus tard appelé le « Ciclo Leggendario[1] ».
Pour son mercato d'été, la Vieille Dame décide de mettre l'accent sur l'acquisition d'un gardien de classe mondiale, et réussit un grand coup en s'offrant les services de l'international italien Dino Zoff (il sera plus tard considéré comme étant l'un des plus grands gardiens de but de tous les temps).
Cette saison, l'hymne du club (créé par Corrado Corradini en 1915), chanté par les joueurs à domicile depuis 1963, est remplacé par un nouvel hymne intitulé Juve, Juve (composé par les musiciens Lubiak et Renzo Cochis et sorti en 45 tours par la maison de disques Durium).
En cette année 1972 sort également un livre relatant l'histoire du club intitulé Juventus primo amore. Storia sportiva e romantica della Juventus, écrit par le journaliste sportif Sandro Ciotti, aidé de Enrico Ameri et Bruno Mobrici.
Désormais bien armée pour tout remporter, la Juventus démarre sa nouvelle saison avec la Coppa Italia à la fin du mois d'août.
Pour son retour à la compétition, elle marque d'entrée les esprits en s'imposant largement sur le score facile de 3 buts à zéro contre Foggia le 27 août (avec des buts de Furino, Capello et Causio sur penalty), avant que ce même Causio inscrive à nouveau le penalty de la victoire 1-0 sur Novare trois jours plus tard. Il s'ensuivit enfin deux matchs nuls qui firent conforter la première place de la Juve au classement de son groupe avec 6 points, se qualifiant donc pour la phase finale.
Au second tour du mois de mai, les zèbres réalisent une mauvaise entrée avec trois nuls consécutifs avant de se frotter lors de la 4e journée à la Reggiana qu'ils finissent par battre chez elle par 2 buts à 1 grâce à un doublé d'Anastasi. Quatre jours plus tard, le 24 juin, l'équipe du Piémont parvient à se défaire de Bologne sur un score de 4 à 3 (doublé de Haller et buts de Capello et Savoldi), avant d'écraser l'Inter 4-2 pour son dernier match (buts de Causio, Longobucco et Anastasi sur doublé). Avec un total de 9 points, la Vecchia Signora termine à nouveau première du groupe et se qualifie pour la 6e fois de son histoire pour une finale de coupe, qu'elle a jusque-là toujours remporté en arrivant en finale. Au Stadio Olimpico de Rome, elle se retrouve le dimanche1er juillet face à face avec le Milan, ce dernier ayant à cœur de prendre sa revanche sur le championnat perdu de peu. Après un score de un but partout à l'issue du temps réglementaire (but bianconero de Bettega), le vainqueur doit se dessiner après une séance de tirs au but, qui voit finalement les Turinois perdre à ce jeu par 5 buts à 2, perdant donc leur première finale de coupe.
La Juventus a cette saison surtout tout à prouver en coupe des clubs champions, qu'elle n'a plus disputée depuis la saison 1967-68.
Le mercredi , l'effectif du Piémont joue sa première rencontre européenne de l'année contre l'Olympique de Marseille, mais se fait surprendre en France un but à rien. Après cette première désillusion, l'équipe juventina réagit au retour en s'imposant sur le score de 3 buts à 0 contre les marseillais (avec un doublé de Bettega et un but de Haller). Presque un mois plus tard, la Madama s'impose tout d'abord sur le plus petit des scores à domicile contre les est-allemands du 1. FC Magdebourg (grâce à une réalisation d'Anastasi), avant de les battre à nouveau sur le même score au retour (avec un but de Cuccureddu). En quarts-de-finale, la Juve se voit être opposée aux hongrois du Újpesti Dózsa qu'ils éliminent difficilement grâce à leurs deux buts à l'extérieur d'Altafini et Anastasi (0-0 puis 2-2 à Budapest). Une fois en demi-finale, c'est au tour des anglais de Derby County de subir la loi bianconera, avec un succès 3-1 à Turin (sur un doublé d'Altafini et un but de Causio) suivit d'un match sans buts au retour le 25 avril.
Sans démériter, la Juventus se qualifie donc pour la première fois de son histoire pour la finale de la C1, et se retrouve confrontée à peut être l'une des plus formidable et talentueuse équipe de l'histoire du football mondial, l'Ajax Amsterdam des années 1970 et son « football total », comptant dans ses rangs quelques-uns des plus grands joueurs de leur génération comme Krol, Neeskens, Rep mais encore et surtout Cruijff, un des plus grands joueurs européens de tous les temps. À 90 minutes d'un premier grand sacre continentale, les juventini se font surprendre à froid dès la 4e minute avec un but de Rep, le score en restant là jusqu'à la fin du match, bloqués par dans leur milieu de terrain par le rouleau compresseur ajacide[2].
La Juve n'a pourtant pas à rougir de cette défaite, désormais crainte et se révélant enfin aux yeux de l'Europe sur la scène continentale.
Championne d'Italie en titre, la Vieille Dame compte bien sur ses talents défensifs pour garder cette année son titre.
C'est donc le dimanche24 septembre qu'elle dispute sa première rencontre de championnat, avec à la clé une victoire à l'extérieur 2 buts à 0 contre Bologne (buts de Causio et Anastasi). Avec ensuite trois nuls de suite, la Madama rencontre son premier revers au cours de la 5e journée lors du traditionnel derby della Mole contre le Torino, deux buts à un (réalisation juventina d'Anastasi), puis engrange ensuite une nouvelle série de deux nuls. Ayant mal débutée son début de saison, l'équipe de Turin se rattrape enfin avec une série de cinq victoires d'affilée entre la 8e et la 12e journée, terminant ensuite la phase aller invaincue. Elle continue ensuite en ne perdant aucun matchs (avec notamment 903 minutes durant lesquelles les buts du portier Dino Zoff restent inviolés (du (Juventus 2-1 Fiorentina ; 9e journée) au (Milan 2-2 Juventus ; 19e journée), record du club en Serie A[3]), jusqu'à une nouvelle défaite 2 buts à zéro contre le Toro le 20 mars, déclencheur d'un léger ralentissement offensif durant quelques matchs. Lors de la 25e journée, la machine bianconera se relance à la suite d'un succès 4-1 au Stadio Comunale sur Palerme (avec des buts de Bettega, Landini contre son camp, Causio et de Haller). Lancée dans la course au titre, chaque point compte désormais dans cette fin de championnat tenant en haleine toute l'Italie. En concurrence jusqu'à la dernière journée avec le Milan et la Lazio qui se tiennent tous à plus ou moins un point d'écart, la Juve se lance dans un véritable sprint avec quatre victoires en autant de journées entre le 21 avril et le 13 mai. L'ultime journée est donc décisive pour le titre qui se joue lors d'un duel à distance entre les trois protagonistes (mais surtout avec les milanais disposant d'un point d'avance sur les juventini). Les rossoneri, fatigués de leurs matchs européens, perdent finalement 5-3 contre l'Hellas Vérone, tandis que la Juventus se déplace chez la Roma. Menée 1-0 à la mi-temps, elle revient au score grâce à Altafini avant que dans les dernières minutes du match, Cuccureddu ne donne la victoire à la Juve, leur donnant par la même occasion le scudetto.
Avec finalement 45 points (un de plus que le Milan) pour 18 succès, 9 nuls et 3 revers, la Juventus FC termine de la plus belle des façons ce championnat à rebondissement, en conservant son titre de champion, ce qui n'était plus arrivée depuis la saison 1960-61.
Cette saison, le titre de capocannoniere du club toutes compétitions confondues revient à deux joueurs, Pietro Anastasi et Franco Causio avec 13 buts chacun (première fois que la distinction est partagée depuis la saison 1958-59).
L'équipe piémontaise s'est cette saison offerte un nouveau titre (et à deux doigts d'en obtenir trois), réalisant donc sans doute jusque-là une des plus belles saisons de son histoire, et s'inscrivant notamment dans ce nouveau cycle de victoires, l'objectif restant désormais de s'imposer en coupe d'Europe.