La république socialiste fédérative soviétique de Russie (en abrégé RSFS de Russie ou RSFSR ; en russeРосси́йская Сове́тская Федерати́вная Социалисти́ческая Респу́блика (РСФСР), Rossiïskaïa Sovietskaïa Federativnaïa Sotsialistitcheskaïa Respoublika (Rossiïskaïa SFSR, RSFSR), littéralement « République socialiste fédérative des conseils russe »)[note 1] était l'une des quinze républiques socialistes soviétiques formant l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Elle en était de facto la république dominante tant politiquement qu'économiquement. En effet, elle représentait les trois quarts du territoire de l'Union, plus de la moitié de sa population, les deux tiers de son industrie et environ la moitié de sa production agricole.
Depuis la révolution de Février (1917), à la suite de l'abdication du tsar Nicolas II le 2 mars 1917 (en calendrier julien, soit douze jours plus tard selon le calendrier grégorien), la République russe est dirigée par un gouvernement provisoire, présidé à partir du 6 août 1917 (calendrier julien) par Alexandre Kerenski. Tout en esquissant des réformes, celui-ci tente malgré tout de respecter les engagements de la Russie vis-à-vis de ses alliés (France, Royaume-Uni, etc.) en poursuivant la guerre. L'impopularité de cette politique est exploitée par les Bolcheviks qui, dans la nuit du 25 au 26 octobre 1917 (ou douze jours après, selon le calendrier grégorien, qui sera adopté par le nouveau pouvoir le 31 janvier 1918), renversent le gouvernement à Pétrograd (alors capitale de la Russie, aujourd'hui Saint-Pétersbourg) par les armes : c'est la révolution d'Octobre. L'armistice est signé rapidement dès le 15 décembre 1917 (calendrier julien), conformément aux engagements de Lénine avant son départ de Suisse envers la puissance impériale allemande puis un traité de paix est signé le 3 mars 1918 à Brest-Litovsk avec les Allemands au prix d'énormes concessions territoriales de la part du nouveau pouvoir en place : Pologne, grande partie de l'Ukraine, pays baltes, etc...
Le , le IIIecongrès des Soviets donne à la partie de la Russie qu'il dirige le nom de république soviétique de Russie (RSR) (après l'abdication de l'Empereur, le 2 mars 1917, la Russie portait le nom de République russe). Elle est dotée de la Constitution de la république soviétique fédérative socialiste de Russie, élaborée par la Commission dirigée par Sverdlov et ratifiée le par le Ve Congrès des Soviets. Une guerre civile va, ensuite, opposer pendant trois ans les Russes blancs (républicains ou monarchistes, comptant dans leur rang les généraux Krasnov, Dénikine et Kornilov), assistés par les puissances occidentales, aux bolcheviks. Après leur victoire, les bolcheviks regroupent, le , les diverses républiques soviétiques et bolcheviques au sein de l'Union des républiques socialistes soviétiques. Par conséquent, la RSFSR devient une des républiques de l'Union des républiques socialistes soviétiques.
L’ancienne république d'Extrême-Orient, proclamée indépendante de jure en 1920 mais restée de facto dans le giron bolchévique qui ne voulait pas se trouver directement en guerre contre les Alliés en Sibérie, connaît également un important conflit avec l'armée blanche, qui en reprend le contrôle en 1921 avec l'aide des Japonais, mais l'aide soviétique contre les troupes japonaises permettra à la république de reprendre brièvement son indépendance, jusqu’à ce qu’elle soit intégrée par décret à la Russie soviétique dont le territoire est, en 1922, étendu sur toutes les frontières nord de la Chine et la façade Pacifique, une fois retirés les Japonais et les Chinois du gouvernement de Beiyang. Seul le nord de l'île de Sakhaline reste sous occupation du Japon jusqu'en 1925, le sud de Sakhaline étant alors japonais (préfecture de Karafuto). Ni l'ancienne république d'Extrême-Orient ni Sakhaline n'auront de statut d'autonomie au sein de l'Union soviétique, mais formeront des provinces ordinaires.
En 1989, la population de la RSFS de Russie était de 147 400 537 habitants[3], ce qui faisait d'elle la RSS la plus peuplée de l'Union des républiques socialistes soviétiques (elle regroupait 51,4 % de la population).
Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985 en prenant la tête du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) avec la volonté de réformer le régime pour combattre la stagnation économique et les reliquats du stalinisme, mais ses réformes donnent des résultats plutôt mitigés. La perestroïka (« restructuration ») n'a pas atteint les objectifs escomptés ayant aggravé les pénuries de biens de consommation et les inégalités sociales, tandis qu'une démocratisation du régime, amorcée avec la glasnost (« transparence »), déclenche des conflits inter-ethniques et la montée des nationalismes, mal perçue par les Russes.
En 1989, pour la première fois depuis le début de l'ère soviétique, des élections libres ont lieu, les partis politiques sont autorisés en 1990. Cette ouverture est surtout l'occasion pour les peuples des différentes nationalités composant l'URSS de manifester leurs souhaits de souveraineté. Vers 1991, un véritable dualisme du pouvoir s'installe à Moscou. En effet, la puissance montante des structures étatiques russes libérées de la tutelle du PCUS, avec Eltsine en tête, se trouvent face aux organes du pouvoir soviétique et communiste, « archaïque » et « conservateur », essayant en vain de freiner les « réformes gorbatcheviennes » et de préserver le système soviétique. Mikhaïl Gorbatchev tente lui aussi de préserver la cohésion de l'Union soviétique, et d'affaiblir la RSFSR : en réaction, Boris Eltsine fait voter sa souveraineté le par le 1er Congrès des députés du peuple de la RSFSR[4].
Le , le PCUS est dissous[5], puis la plupart des républiques qui constituent l'URSS prennent leur indépendance dans les jours ou semaines qui suivent. L'URSS cesse d'exister par l'accord de Minsk du et les accords d'Alma-Ata du [6].
La RSFSR reprend de l'URSS les trois quarts de son territoire, plus de la moitié de sa population, les deux tiers de son industrie et la moitié de sa production agricole. Principale héritière de l'URSS, elle occupe désormais sa place dans les institutions internationales, dont le siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, mais assume également le passif financier de l'ancienne URSS. Une union politique et économique, la CEI, est fondée le par la RSFSR, l'Ukraine et la Biélorussie pour tenter de maintenir des liens privilégiés entre les pays issus de l'ex-URSS. Le 26 décembre, l'URSS est formellement dissoute.
La constitution de 1978 reconnaissait un certain nombre de subdivisions administratives, dont quelques-unes disposaient d'un large degré d'autonomie. Leur existence justifiait à la « Russie soviétique » son statut d'État fédéral, au sein même d'une plus vaste fédération que constituait l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques).
↑Elle fut nommée jusqu'au « république soviétique de Russie » (Росси́йская Сове́тская Респу́блика), puis jusqu'au « république soviétique fédérative socialiste de Russie » (Росси́йская Социалисти́ческая Федерати́вная Сове́тская Респу́блика).
Références
↑Sergueï Sigatchev, Le Système des camps de redressement par le travail en URSS, Centre d’information scientifique et de vulgarisation « Memorial », Moscou, 1998 ; Collectif, Les Amis de la vérité sur l’URSS (Boris Souvarine et al.), bilan de la terreur en URSS : faits et chiffres, Librairie du travail, Paris 1936.
↑Boris Laurent, La guerre totale à l'Est, éditions Nouveau monde, Paris 2014, pp. 523 à 530.
↑(ru) « Всесоюзная перепись населения 1989 г. » [« Recensement de la population de toute l'Union Soviétique de 1989 »], sur demoscope.ru, Демоскоп Weekly.
↑Ludovic Royer, « De la Russie soviétique à la Russie de Poutine : l'évolution du pouvoir des régions », Hérodote, Éditions La Découverte, vol. 1, no 104, , p. 66-91 (lire en ligne, consulté le ).