Roger Paul Jacob Levy[2] est le quatrième des cinq enfants de deux collègues fonctionnaires des PTT[3], Joseph Lévy (1894-1960) — lui-même fils de Salomon Lévy et Messaouda Guedj — et Victorine Hanin (1891-1988) —fille de Meyer Hanin et Rachael Azoulay[4],[5] —, couple juif modeste dans la basse casbah d'Alger[6] où il grandit au 25 de la rue Marengo, avant que sa famille s'installe à Bab El Oued[7], rue Mizon.
Son arrière-grand-père Joseph Lévy était marchand d’étoffes, son grand-père Salomon Lévy était rabbin et employé de mairie[3].
Converti au catholicisme à l’occasion de son mariage avec la productrice Christine Gouze-Rénal[8], l'acteur se définit lui-même ainsi : « Mon vrai nom, c'est Lévy. Mon père s'appelle Joseph Lévy. Ma mère Victorine Hanin. À l'origine [pour elle], c'était Ben Hanine. C'est une fille Azoulay. Je suis 100 % kasher sur le plan génétique. Je suis fils de communiste et petit-fils de rabbin. Je me sens très Juif[9],[10]. »
Il raconte que son père était un militant « nudiste » et qu'il emmenait ses filles nues à la plage, ce qui provoquait un scandale à l'époque[11]. À la suite d'une maladie infantile, le jeune Roger Lévy doit pratiquer des disciplines sportives et deviendra première série de ping-pong et champion de France de basket-ball militaire interarmes[12].
Après l'obtention d'une bourse pour ses bons résultats, il poursuit ses études de pharmacie à Paris en [15]. En fin d'année, alors qu'il se rend à la faculté de pharmacie, un ami décorateur lui propose de faire de la figuration théâtrale dans une pièce pour laquelle il a conçu les décors[16]. Enthousiasmé par cette expérience, il s'inscrit aux cours d'art dramatique de René Simon et Michel Vitold, prend des cours de diction pour perdre son accent pied-noir[16] et se tourne vers le métier d'acteur. Il tient des petits rôles au théâtre et, à partir de 1952, au cinéma, prenant pour nom de scène le nom de jeune fille de sa mère, Hanin[17]. Il adoptera officiellement ce patronyme le 14 octobre 1965[réf. nécessaire].
Carrière
Avec sa carrure massive du joueur de basket qu'il fut dans sa jeunesse, Roger Hanin est d'abord cantonné dans des rôles de durs. Il obtient une certaine notoriété grâce au film La Valse du Gorille en 1959 mais se lasse de ces rôles stéréotypés.
C'est grâce à Alexandre Arcady, réalisateur du film Le Coup de sirocco à la fin des années 1970, qu'il devient un acteur populaire. Avec Le Grand Pardon et Le Grand Carnaval, du même réalisateur, au début des années 1980, il peut donner toute la mesure de son « identité pied-noir » et entrer en bonne place dans le box-office[18].
Ensuite, il réalise deux films notables, Train d'enfer et La Rumba, puis il connaît la consécration à la télévision avec son rôle du commissaire Navarro créé par Tito Topin. Ce sera son rôle le plus célèbre. Il percevait trois millions de francs pour chaque épisode, record jamais égalé pour la télévision française[19]. Le premier épisode de cette série télévisée, diffusé sur TF1, date d'. Le dernier tournage de Brigade Navarro a lieu le .
Le , il annonce sur l'antenne de RTL qu'il met un terme à sa carrière d'acteur[20] : « Je ne tournerai plus, je ne veux plus être acteur. » Il ajoute :
« Il n'y a ni amertume ni nostalgie. J'ai fait mon tour, comme on dit. J'ai terminé. J'ai eu une carrière mirifique au sens littéral du terme. J'ai joué Othello, Macbeth, tous les grands auteurs, Pirandello, Beckett, Claudel, j'ai joué des grands rôles, je ne vais pas me mettre à bégayer. J'ai un grand projet : je vais vivre ! Sortir dans les grands restaurants, faire des voyages, lire, écrire, profiter du pognon que j'ai amassé sans avoir le temps de le dépenser jusqu'à maintenant. J'entre dans l'antichambre du paradis[20]. »
Un an plus tard, en , il est victime d'un accident vasculaire cérébral en pleine rue à Saint-Tropez[21]. Conscient de la dégradation flagrante de son état de santé, il demande à être placé sous curatelle de sa fille en 2011[22].
Le , une cérémonie religieuse a lieu à la synagogue Buffault (le lieu même où ont été tournées plusieurs scènes du film Le Grand Pardon en 1981) dans le 9e arrondissement de Paris, en présence de nombreuses personnalités du cinéma et de la télévision[24].
En , à la demande de François Mitterrand, il se présente à Asnières et Colombes aux élections législatives au nom de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste[30]. Arrivé en quatrième position au premier tour en atteignant tout juste les 10 % des voix, il ne participe pas à la réunion de soutien des partis de gauche au candidat communiste entre les deux tours, préférant se consacrer aux répétitions d’une pièce qu’il doit jouer à la rentrée[31].
En 1990, il est attaqué en justice par Jean-Marie Le Pen, après avoir traité le président du Front national de « véritable nazi ». Mis en examen pour diffamation, l'acteur est finalement relaxé[32].
Après la mort de François Mitterrand, il s'oppose aux nouveaux dirigeants du Parti socialiste et adhère au Parti communiste français, au service duquel il met sa notoriété. En 2007, il déclare vouloir voter pour le PCF à l'élection présidentielle. Le , il déclare qu'il votera au second tour pour Nicolas Sarkozy, qu'il estime être « un homme de gauche ». De plus, il est selon lui révolutionnaire « d'élire un président de la République, petit-fils d'immigré hongrois »[33]. Son engagement en faveur de Nicolas Sarkozy déçoit de nombreux militants de gauche, dont certains de sa génération.
Après la mort de Christine Gouze-Rénal en 2002, il retrouve l'amour de 2004 à 2011 auprès de la pianiste Agnès Berdugo, rencontrée lors d’un récital à Quiberon dont il est un hôte régulier du Centre de thalassothérapie[34].
Alors qu'il est sous curatelle, fin 2013, l'acteur demande en justice aux fils de l'ancien président de la république, Gilbert et Jean-Christophe Mitterrand, le remboursement de 300 000 euros qu'il a prêtés à Danielle Mitterrand pour payer la caution de son fils Jean-Christophe dans l'affaire de l'Angolagate[38]. Il est débouté de sa demande en 2014[39].
Reclus dans son appartement du 16e arrondissement de Paris dans les derniers mois de sa vie, il est victime de fréquents troubles de la mémoire, incapable de marcher et presque sourd[37].
↑cf. Jacques Cantier, Algérie sous le régime de Vichy, éd. Odile Jacob, 2013, p. 133 ; Claude Singer, Vichy, l’Université et le juifs, éd. Belles Lettres, 1992, p. 167-168 ; Roger Hanin, L'Ours en lambeaux, éd. Encre, 1983, p. 12-13.
Christian Berger, « Nécrologie des personnalités disparues en 2015 : Roger Hanin », L'Annuel du Cinéma 2016, éd. Les Fiches du cinéma, Paris, 2016, 780 p., p. 757, (ISBN978-2-902-51627-8)
Documentaire
Norbert Balit, Roger Hanin, toute une vie, coproduction France 5, RTBF, TSR, Adamis Production, SFP, 2007, 52 min.