La famille loge dans un dernier étage, rue de Vaugirard, et vit très modestement. « Je suis né pauvre avec une cervelle de riche »[10]. Robert Hossein est placé en pension par ses parents, mais se retrouve fréquemment renvoyé lorsque ses parents sont dans l'incapacité de régler la pension. Il arrête[10] l’école après le certificat d’études primaires, regrettant par la suite de n'être qu'un « autodidacte ».
Il se dirige un temps vers la mise en scène et fait briller le théâtre du Grand-Guignol de ses derniers feux, en association avec Frédéric Dard, avec notamment Docteur Jekyll et Mister Hyde, La Chair de l'orchidée d'après James Hadley Chase, ou encore L'Homme traqué, d'après Francis Carco.
Dans son livre C'était écrit dans les étoiles : trois pas dans le mystère avec vos vedettes préférées (1960), la journaliste et femme de lettres Simone de Tervagne écrit qu’Alex Dahn lui dit : « Je me trouvais, un jour, chez Monique Rolland [l'actrice]. La porte s'ouvre tout à coup et un jeune homme entre. J'ai immédiatement pressenti son destin. J'ai dit “Ce jeune homme deviendra quelqu'un de très important”. Cela se passait en 1956 : c'était Robert Hossein. Peu après, Monique Rolland le faisait débuter en lui confiant sa première mise en scène de théâtre dans L'Homme traqué. »
Il prend en charge en 1970 le théâtre populaire de Reims, expérimentant un théâtre traité comme un véritable spectacle cinématographique, usant de l'accroche « du théâtre comme vous n’en voyez qu’au cinéma. »[10].
Ses pièces à Reims sont de plus en plus spectaculaires, nécessitant toujours plus de moyens et donc de financements, au point qu'en 1976 les autorités publiques locales décident de ne plus suivre. Robert Hossein quitte alors la scène rémoise et retourne dans la capitale où il crée sa propre compagnie.
À son retour à Paris, Robert Hossein se lance dans une série de ce qu'il nomme « les grands spectacles » au Palais des Sports et au Palais des Congrès. Ce sont des superproductions spectaculaires, avec un nombre important de comédiens et de figurants, une débauche de moyens dans la pyrotechnie, la sonorisation, la projection, afin d'immerger les spectateurs au cœur du spectacle.
La première de ses superproductions est en 1975 La Prodigieuse Aventure du cuirassé Potemkine coécrit avec les historiens Alain Decaux et Georges Soria. Avec André Castelot, ceux-ci accompagneront Robert Hossein dans ses plus grandes productions: Notre-Dame de Paris (1978), Danton et Robespierre (1978), Les Misérables (1980), Un homme nommé Jésus (1983), La Liberté ou la mort (1988), Je m’appelais Marie-Antoinette (1993) et 1940-1945: de Gaulle, celui qui a dit non (1999). La comédie musicale Les Misérables connaît un grand succès, puis est reprise dans le West End et ensuite à Broadway.
En 1987, il innove dans son spectacle L’Affaire du courrier de Lyon. Dans cette reconstitution d'un procès de cours d'assises, il fait participer les spectateurs à la pièce, certains ont la possibilité de prendre partie : cent d'entre eux, les premiers à avoir levé le doigt, sont invités à prendre place sur le plateau pour former un jury populaire ; le procès achevé, ils n'ont que dix secondes pour voter à l'aide d'un boitier électronique mis à leur disposition sur la culpabilité de l'accusé de la pièce. Le vote est affiché sur des écrans. Six ans plus tard dans le spectacle Je m’appelais Marie-Antoinette, c'est tout le public qui est invité lors de l'entracte à voter sur le sort de la reine déchue à l'issue de son procès. Il réitère le procédé dans L’Affaire Seznec, un procès impitoyable en 2010.
L'apogée de la démesure de ses grands spectacles est atteinte en 2004 avec Ben-Hur : 500 figurants, 13 millions d’euros de budget et la mythique course de chars du film homonyme reconstituée au Stade de France par sept chars tirés par vingt-huit chevaux.
Mais ses grands spectacles ont de moins en moins de succès. En 2000, il accepte la proposition de l’industriel François Pinault à diriger le théâtre Marigny dont l'homme d'affaires possède la concession. Robert Hossein renoue alors avec des pièces de facture classique, faisant notamment jouer Isabelle Adjani dans l'adaptation de La Dame aux camélias. Il quitte huit ans plus tard la direction du théâtre Marigny.
Il lance alors deux derniers grands spectacles marqués par sa foi religieuse : N’ayez pas peur ! Jean Paul II en 2007 au Palais des Sports, et Une femme nommée Marie, créé pour une représentation unique en , joué devant 25 000 spectateurs et 1 500 malades à Lourdes.
En 1955, il réalise son premier film, Les salauds vont en enfer, adaptation de la pièce de théâtre[11] de son ami Frédéric Dard, dans lequel il est également acteur. Après Pardonnez nos offenses, qu'il réalise en 1956, et Toi le venin (avec Marina Vlady et la sœur de celle-ci, Odile Versois), il incarne en 1964 un héros romantique, Joffrey de Peyrac, dans Angélique, marquise des anges, puis dans trois autres films de la série (il y en a cinq en tout mais Robert Hossein n’apparaît que dans quatre d'entre eux). Dans un registre plus intimiste, il est l'un des interprètes de La musica de Marguerite Duras, en 1967. En 1968, il retrouve Michèle Mercier, sa partenaire des Angélique, pour La Seconde Vérité de Christian-Jaque puis dans Une corde, un colt…, western français qu'il réalise et interprète. En 1969, il incarne Leonida Montanari dans Les Conspirateurs, un film historique italien sur fond de Risorgimento. Le film a remporté un grand succès auprès du public et de la critique, se plaçant 1er du box-office Italie 1969-1970 avec 9 901 145 entrées[12]
De sa filmographie, on retient surtout — c'est l'avis de Robert Hossein — Le Vampire de Düsseldorf, film sobre et prégnant, qu'il réalise et interprète avec Marie-France Pisier, sa compagne d’alors.
Robert Hossein épouse Marina Vlady, le , avec qui il a deux fils, Igor et Pierre. Un de ses fils est devenu bouddhiste et un autre semble attiré par l’islam[9].
En 1973, il partage la vie d'une comédienne âgée de 22 ans, Michèle Watrin (qui incarnait la cousine de Claude Jade dans Prêtres interdits) avant que celle-ci ne trouve la mort l'année suivante, peu avant leur mariage prévu, lors d’un accident de voiture qui vaut à Robert Hossein une blessure[17].
Sa dernière épouse et veuve est Candice Patou[18]. Leur union a été célébrée le à Reims. Ils ont eu un fils prénommé Julien.
Dans les années 1970, Robert Hossein se lie d'amitié avec l'aumônier du théâtre populaire de Reims dont il a la charge[9]. Un jour qu'il bénissait son fils Julien, il lui dit : « Puisque tu es ici, trempe-toi un peu[9] ! »
En 2007, il présente une pièce intitulée N'ayez pas peur portant sur la vie de Jean-Paul II[21]. Il voue une dévotion toute particulière à sainte Thérèse de Lisieux[22]. En , il est reçu par le pape François, sur la place Saint-Pierre à Rome. Il confie alors à Radio Vatican sa motivation pour la défense d'un théâtre populaire « qui permette aux jeunes de trouver des perspectives de culture, de sens et de foi »[19].
Mort
Robert Hossein meurt le [1], le jour suivant son 93e anniversaire, à la clinique d'Essey-lès-Nancy à la suite d'un problème respiratoire lié à la Covid 19[23],[24],[25],[26].
Après des obsèques en l'église Saint-Rémy de Vittel, il est inhumé le dans l'intimité familiale au cimetière de cette même ville[2], dans les Vosges[27]. Une messe d'hommage est célébrée le en l'église Saint-Sulpice de Paris par l'archevêque Aupetit[28],[29] et retransmise en direct par la chaîne de télévision KTO, sur son antenne et sur son site ktotv.com[30].
2014 : De Gaulle, en grand, participation à la création de la saison 2 du spectacle de Christophe Marlard[32], mémorial Charles-de-Gaulle
2014 : Napoléon, bicentenaire de la bataille de Reims, participation au spectacle en mapping vidéo de Christophe Marlard
2015 : De Gaulle, en grand, collaboration à la création de la saison 3 du spectacle de Christophe Marlard[32], mémorial Charles-de-Gaulle
Distinctions
Décorations
Commandeur de la Légion d'honneur le au titre de « auteur dramatique, comédien, metteur en scène »[33]. Il avait été nommé chevalier le au titre de « metteur en scène ; 41 ans d'activités théâtrales, cinématographiques et de services militaires »[34] et promu officier le au titre de « auteur dramatique et metteur en scène »[35].
2016 : Je crois en l'homme parce que je crois en Dieu, avec François Vayne, Plon
Notes et références
Notes
↑Malgré les déclarations de Robert Hossein, l'acte de mariage de son père donne comme lieu de naissance Ashgahd, rectifié, par jugement du tribunal de grande instance de la Seine, en Echghabad. Il s'agit probablement d'Achgabat qui se situe à proximité de la frontière avec l'Iran.
↑ a et bLES GENS DU CINEMA, « Fiche de Robert Hossein, né Abraham Hosseinhoff, devenu Robert Hossein le 15 janvier 1960 », sur www.lesgensducinema.com (consulté le ) : « d'origine russe, époux de Candice PATOU (actrice), divorcé de Marina VLADY & Caroline ELIACHEFF, ex-compagnon de Michèle WATRIN (actrice) et Pascale RIVAULT (actrice), père de Pierre, Igor, Nicolas et Julien HOSSEIN, fils d'André HOSSEIN (compositeur) et Anna MINEVSKAYA (actrice), Lauréat d'un Molière d'Honneur en 1995 né le 30 décembre 1927 à PARIS 12ème (75-France) Acte de naissance n° 12/5672/1927, né à 2h30 au 15 rue Santerre […] mort le 31 décembre 2020 à Essey-lès-Nancy (54-France) d'un problème respiratoire, ayant contracté le coronavirus pendant une hospitalisation Acte de décès n° 2/2021, inhumé au cimetière de Vittel (88) »
↑Isabelle Michel, « Fiche de Robert Hossein », sur www.cineartistes.com (consulté le ) : « Date et lieu de naissance : 30 décembre 1927 (Paris, France) Date et lieu de décès : 31 décembre 2020 (Essey-lès-Nancy, France) Nom [de naissance] : Abraham Hosseinhoff »
↑« Hossein André », sur Les gens du cinéma (consulté le ).
↑ ab et cBrigitte Salino, « Robert Hossein, acteur et metteur en scène de la démesure, est mort », Le Monde, no 23635, , p. 22 (lire en ligne).
↑Les salauds vont en enfer est d'abord une pièce de théâtre créée à Paris en 1954 et d'ailleurs mise en scène par Robert Hossein. Pièce et film donneront naissance à un roman qui paraîtra aux éditions Fleuve noir en 1956.
↑(it) Maurizio Baroni, Platea in piedi (1969-1978) : Manifesti e dati statistici del cinema italiano, Bolelli Editore, (ISBN978-8887019032, lire en ligne)
↑Dictionnaire du cinéma français, collection Références Larousse, 1987
↑Interview par Marie-Laure Delorme, « "Ma mère, Françoise Giroud" », sur lejdd.fr, 8 janvier 2011, modifié le 19 juin 2017 (consulté le )