Soient E et F deux espaces vectoriels normés. F est dit finiment représentable dans E si, pour tout sous-espace U ⊂ F de dimension finie et tout ε > 0, il existe un sous-espace V ⊂ E et un isomorphisme T : U → V tels que ║T║║T −1║ < 1 + ε, où ║ ║ désigne la norme d'opérateur.
Autrement dit, F est finiment représentable dans E si tout sous-espace de dimension finie de F est à distance de Banach-Mazur arbitrairement petite d'un sous-espace de dimension finie de E.
Exemples
Tout sous-espace de E est finiment représentable dans E.
La représentabilité finie est une relation transitive, c'est-à-dire que si G est finiment représentable dans F et F finiment représentable dans E, alors G est finiment représentable dans E.
Pour 1 ≤ p < +∞, Lp([0, 1]) est finiment représentable dans ℓp.
Pour p > 2 et 1 ≤ q ≤ 2, ℓp n'est pas finiment représentable dans Lq(X, μ).
Un espace de Hilbert est finiment représentable dans tout espace de Banach de dimension infinie.
Cette minimalité caractérise même les espaces de Hilbert. En effet, si un Banach H est finiment représentable dans tout Banach de dimension infinie alors il l'est dans ℓ2 et on en déduit facilement qu'il vérifie l'identité du parallélogramme donc, d'après le théorème de Fréchet-von Neumann-Jordan, H est un Hilbert.
Super-propriétés
Pour toute propriété P vérifiée par certains espaces de Banach, on dit qu'un Banach E a la propriété super-P, ou « est » super-P, si tout Banach finiment représentable dans E a la propriété P. D'après le théorème de Dvoretzky, pour qu'il existe un Banach super-P de dimension infinie, il faut que tout Hilbert ait la propriété P.
« Super- » est bien sûr un opérateur de clôture, c'est-à-dire qu'on a « super-P ⇒ P », « si P ⇒ Q alors super-P ⇒ super-Q » et « super-super-Q ⇔ super-Q ».
En particulier, P est une super-propriété (c'est-à-dire de la forme super-Q) si et seulement si super-P ⇔ P. Par exemple, la convexité uniforme est une super-propriété, mais pas la réflexivité.
Super-réflexivité
La convexité uniforme entraîne la propriété de Banach-Saks (théorème dû à Kakutani), qui elle-même entraîne la réflexivité (théorème de T. Nishiura et D. Waterman). Tout espace uniformément convexe est donc réflexif (théorème de Milman-Pettis) et même super-réflexif (puisque la convexité uniforme est une super-propriété). La réciproque est due à Per Enflo[3] :
Un espace de Banach est super-réflexif (si et) seulement s'il est uniformément convexe pour au moins une norme équivalente.
On en déduit :
La super-réflexivité et la super-propriété de Banach-Saks sont équivalentes.
↑A. Grothendieck, « Résumé de la théorie métrique des produits tensoriels topologiques », Bol. Soc. Mat. Sao Paulo, vol. 8, , p. 1-79 (lire en ligne)
↑(en) Per Enflo, « Banach spaces which can be given an equivalent uniformly convex norm », Israel J. Math., vol. 13, , p. 281-288 (DOI10.1007/BF02762802)
↑(en) Marián Fabian, Petr Habala, Petr Hájek, Vicente Montesinos et Václav Zizler, Banach Space Theory : the basis for linear and nonlinear analysis, New York, Springer, , 820 p. (ISBN978-1-4419-7515-7, lire en ligne), p. 292
↑(en) J. Lindenstrauss et H. P. Rosenthal, « The ℒp-spaces », Israel J. Math., vol. 7, , p. 325-349 (DOI10.1007/BF02788865)
Bibliographie
(en) Bernard Beauzamy, Introduction to Banach Spaces and their Geometry, North-Holland, , 2e éd. (lire en ligne)
(en) Joseph Diestel, Sequences and Series in Banach Spaces, Springer, coll. « GTM » (no 92), (1re éd. 1984) (ISBN978-1-4612-9734-5)
(en) Nigel J. Kalton, « The Nonlinear Geometry of Banach Spaces », Revista Matemática Complutense, vol. 21, no 1, , p. 7-60 (lire en ligne)