Depuis septembre 2023, les sites funéraires et mémoriels (Première Guerre Mondiale) de la commune sont inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco[4].
Évolution démographique
Sources : INS, Rem. : 1831 jusqu'en 1970 = recensements, 1976 = nombre d'habitants au 31 décembre.
1920* : Décroissance importante de la population due aux dégâts causés par la Première Guerre mondiale
Géographie
Ploegsteert est la localité la plus occidentale de la Région wallonne et s'étend sur 1 913 hectares (19,13 km2). Il s'agit de la section la plus étendue de l'entité de Comines-Warneton. Son altitude varie entre 15 et 65 m.
Une gestion restauratoire se fait par contrôle (par pompage) du niveau de la nappe phréatique, de manière à contrôler les saulaies ou les roselières par décaissement et par lutte contre les décharges sauvages.
Une réserve naturelle a été créée à partir des anciennes carrières de la briqueterie de Ploegsteert dont certaines parties sont encore exploitées. On y trouve plusieurs stades de végétation pionnière et zones d'eaux libres relativement préservées de l'eutrophisation qui caractérise cette région d'agriculture intensive (où l'on trouve Callitriche obtusangula, Lemna minor, Potamogeton natans, Ranunculus peltatus). Elle est située sur la partie ouest de la province de Hainaut, près de la frontière française (côté Armentières), dans la plaine alluviale de la Lys située à 1 km environ au sud de la briqueterie, avant le confluent de Lys - Deûle. La réserve inclut sur le site un petit affluent de la Lys (la Rabèque).
La commune a notamment abrité une population d'Hirondelles de rivage (espèce en voie de régression)[6].
De par ses caractéristiques et son importance écologique, ce site est fonctionnellement lié aux zones humides de la vallée de la Lys, qui fait partie du Bassin versant de l'Escaut, et au réseau écologique belge et paneuropéen ainsi qu'à la trame verte et bleue de la région voisine (Nord-Pas-de-Calais)[7].
des limons hesbayens (sur 1,5 à 5m d'épaisseur avec une moyenne de 2,5 à 3m) ;
une couche d'argile yprésienne (10–15m), d'où la présence de l'argilière et briqueterie (qui en fait selon STOCKMANS 1962 et M. TAHON, comm. orale à l'observatoire de la biodiversité, seuls es limons très argileux, et non l'Ypésien pure sont utilisés pour fabriquer les briques, la couche inférieure étant trop sableuse)[5];
Grâce aux argilières et aux travaux de la Société d'Histoire de Comines-Warneton et de la région[8], on a mis au jour de nombreux vestiges paléolithiques et mésolithiques ; Au Mont de la Hutte (près de la réserve naturelle), des nuclei et grattoirs et autres objets de silex taillés dans des rognons de silex prélevés dans l'argile tertiaire) ont été trouvés. Des vestiges romains, probablement liés à la production de brique[9] et à l'importance stratégique de la Lys) sont présents dans la vallée, dont un village gallo-romain, des tombes à incinération, des puits (maçonnés, en planches ou tressés (rare [10],[11]), divers dépotoirs qui ont livré des poteries et tessons (céramique en terre argillée, et de l'Eifel ainsi que d'Arras.
Des monnaies de l'époque de Postume[12], des vestiges médiévaux ont aussi été trouvés liés à une présence humaine notamment induite par la production de briques et tuiles, probablement en partie transportée par voie d'eau, et cuite avec du bois prélevé dans la région.
Étymologie
L'étymologie populaire récente traduit littéralement le nom de la ville par : manchot ou queue de charrue (néerlandaisploegsteert, de steert variante dialectale de staart « queue » et ploeg « charrue »), d'après la forme d'une pièce de la charrue[13],[14]. Une bière locale porte ce nom.
La plus ancienne mention du lieu date de 1495 sous la forme flamande Plocksterte[15]. En 1511 une route de Ploixstert[16] fait la liaison avec Armentières. En 1600, auberge et/ou ferme située dans la ghilde Wapperlynck[17], soit une parcelle située au croisement de l'actuelle place de la Rabècque, porte le nom de Plocksteerte[18]. Cette même propriété devient cabaret et évolue en Plouxstert en 1694[19], puis Plougsteert[19] en 1753 et Plougtert en 1797.
En 1914-1918, les soldats britanniques rebaptiseront l'endroit Plugstreet, et cette terminologie sera honorée par un Centre d'Interprétation historique.
En 1959, Pierre de Simpel publie une étude sur l'étymologie du lieu dont l'hypothèse remonte au XIIe siècle en effectuant un travail linguistique sur le préfixe Plouich et ses dérivés documentés ploy, ploid, plouy[20]. Il appuiera son hypothèse sur plusieurs documents datés de 1144 à 1448 qui emploient ces préfixes pour désigner un emplacement proche[21],[22],[23].
Histoire
Ploegsteert est une particularité unique de territoire depuis le XIIIe siècle jusqu'au XVIIe. La ville appartenait au territoire de Warneton qui était divisé entre, d'une part le bourg de Warneton, et d'autre part la paroisse foraine divisée en sept ghildes. Cette division en ghildes est un cas unique en Belgique[24],[25]. Ce n'est qu'après l'érection d'une chapelle que la population augmente et permet au village de se former.
Bien qu'une chapelle existe depuis le XVe siècle, il faudra attendre 1802 pour qu'elle soit érigée en paroisse[26].
Grâce à sa topographie idéale pour leur érection, de nombreux moulins seront construits sur son territoire aux XIXe et XXe siècles. La reconstruction du pays après la Première Guerre Mondiale ne laissera qu'un moulin sur le mont de la Hutte, il disparaitra définitivement en 1948[27].
Par démembrement d'une partie du territoire de la ville de Warneton, le hameau de Ploegsteert fut érigé en commune par la loi du (Moniteur belge du ). Elle incluait alors le hameau du Bizet en bord de frontière française.
Le , la Belgique est précipitée dans la Première Guerre mondiale ; deux mois plus tard les premiers Allemands pénètrent dans Ploegsteert. Les premiers combats ont lieu le 18 octobre et durent 3 semaines : les troupes britanniques, composées notamment des 2d Essex, 1er East Lancashire et 1er Somerset parviennent à contenir les attaques du XIXe corps allemand.
Commence alors une guerre de position. Les troupes britanniques retranchées et camouflées dans les bois vont y vivre quatre ans dans des conditions précaires, côtoyant journellement la mort, bien que le secteur connaisse une certaine accalmie en 1915 et 1916.
La population ploegsteertoise doit quitter le village, les tirs d'artillerie endommageant sérieusement les habitations. En 1916, il ne reste plus que 298 téméraires refusant l'exode; la plupart travaillent pour les Britanniques : creusement de tranchées, mais aussi commerce de première nécessité. C'est aussi en 1916 que Winston Churchill commande le 6e régiment des Royal Scots à Ploegsteert.
L'explosion de 19 mines, le , marquera le début de la bataille de Messines. Le , les Allemands lancent l'offensive sur la Lys, Ploegsteert tombe aux mains des Allemands et le village ne sera libéré qu'à la fin de .
La seconde guerre mondiale
Lors de la mobilisation, 120 ploegsteertois prennent les armes. Au 31 décembre 1939, ce chiffre monte à 236. La campagne des 18 jours débute le 10 mai, toutefois la population n'envisage pas l'évacuation malgré un télégramme d'alerte destiné à la Garde Civile Territoriale. L'artillerie et l'anti-aérien anglais prennent position dans les fermes de la région comme à la Howarderie, dès le 12 mai. L'Etat-Major s'installe à la ferme Elie Pétillon[Notes 1]. Le 13, les autorités françaises ferment les frontières à tout exode afin de libérer les routes pour les armées. Le 19, les postes-frontières rouvrent leur porte pour laisser passer le flot de réfugiés. Le 24, la Bataille du Canal Ypres-Comines débute et Ploegsteert essuie quelques attaques aériennes. La ville est un des axes empruntés pour la retraite des troupes françaises et britanniques. Le 29, la ville est occupée.
Le 9 septembre 1943, un raid aérien visant les aérodromes de Bondues et Lesquin a également au passage bombardé Ploegsteert[Notes 2]. Les conséquences en vies humaines sont importantes. Au total, 19 tués et 25 blessés parmi les civils.
Le Mémorial de Ploegsteert est dédié aux 11 447 soldats du Commonwealth tués dans ce secteur pendant la Première Guerre mondiale et qui ne possèdent pas de sépulture connue.
Le mémorial reprend les zones de combat de Caestre-Dranoutre-Warneton au Nord et Haverskerke-Estaires-Fournes au sud incluant les villes d'Hazebrouck, Merville, Bailleul, Armentières, la forêt de Nieppe et les Bois de Ploegsteert.
L'architecte du mémorial est H. Charlton Bradshaw.
En septembre 2023, le Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco, réuni à Riyad, en Arabie saoudite, a validé l'entrée au patrimoine mondial de 139 sites "funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale". Le Mémorial de Ploegsteert en fait partie[4].
PlugStreet 14-18 Experience
Implantée dans les bois de Ploegsteert, à côté du mémorial britannique, cette structure semi-souterraine, à l'architecturale moderne, offre un espace scénographique de 400 m2. Les visiteurs peuvent y découvrir des contenus interactifs, ainsi qu'une présentation d'objets, de livres... en référence à la Première Guerre mondiale.
Entrée principale
Canon et soldats de fer
Soldats de fer en brancardage
Structure principale
Plaque commémorative de la commande de W. Churchill en 1916.
↑Une réponse du 25/07/1987 indique que les objectifs sont inconnus et pourraient être secondaire vu le nœud ferroviaire et le tissu industriel présent.
↑Jean Germain, Guide des gentilés : les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, (lire en ligne).
↑NOIRET, C. et COPPEE, J.-L., 2004. Les hirondelles de rivage. Répartition, habitats et mesures de sauvegarde en Wallonie. Région wallonne, Direction Générale des Ressources Naturelles et de l'Environnement, Division de la Nature et des Forêts, Travaux no 27, 136 pp.
↑Voir notamment L'Archéologie en Hainaut occidental et ses confins., 1983. Catalogue de l'exposition organisée à Comines du 17 septembre au 16 octobre 1988. Amicale des Archéologues du Hainaut occidental, vol. 4.
↑LEMAN, P. et BOURGEOIS, J., 1979. Les terres à brique à l'époque gallo-romaine : exploitation et commerce. L'exemple de Ploegsteert. MSHCW, 9 : 233-248.
↑BOURGEOIS, J., 1978. Les puits en bois tressé du vicus gallo-romain de Ploegsteert. MSHCW, 8 : 231-293.
↑LECLERCQ, A., 1978. Examen anatomique des échantillons de bois provenant d'un puits romain (fin IIe, 1re moitié IIIe siècle apr. J.-C.) à Ploegsteert (Comines, province du Hainaut, Belgique). MSHCW, 7 : 289
↑BOURGEOIS, J., 1981. Le trésor de Ploegsteert et les monnaies romaines du canton de Comines. MSHCW, 11 : 27-34.
↑Jules Herbillon, Les noms des communes de Wallonie, Bruxelles, Crédit communal, coll. « Histoire » (no 70),
↑A. Vincent, Les noms de lieux de la Belgique, Bruxelles,
↑Archive de l'Etat à Tournai, N°1708 à 1713 - premier cahier
↑Archives de l'Etat à Tournai, châtellenie de Warneton, N°1505
↑F. De Simpel, « De Plouich à Ploegsteert, évolution d'un toponyme roman ? », Mémoires de la Société d'Histoire de Comines-Warneton et sa région tome 25,
↑Pierre de Simpel, Histoire d'une châtellenie, p. 200
↑E. Hautcoeur, Cartulaires de Flines, Lille, 1897, p. 806
↑Biographie nationale, t.17, Bruxelles, 1903, p. 818-821
↑Isidore Lucien Antoine Diegerick, Inventaire analytique & chronologique des chartes et documents appartenant aux archives de l'ancienne abbaye de Messines, A. de Zutteres, (lire en ligne)
↑L. De Simpel, Warneton et son territoire, La Flandre, , 195-224 p.
↑A. Wauters, Les gildes communales au onzième siècle. Fragment de l'histoire des institutions de nos communes, p. 704 - 710
↑Jean-Marie Duvosquel et Claire Lemoine-Isabeau, La région de Comines-Warneton - sept siècles de documents cartographiques et iconographiques, Bruxelles, 1980
↑Edmond Eeckhout, « (Miettes d'Histoire) Ploegsteert, terre à moulins », Mémoires de la Société d'Histoire de Comines-Warneton et sa région T 25,
↑Jules Potie et Jean-Claude Walle, « Les victimes civiles et militaires de la guerre 1940-1945 à Ploegsteert », Mémoires de la Société d'Histoire de Comines-Warneton - T17,
Voir aussi
Bibliographie
Francis De Simpel et Dominique Loridan, Un champ de bataille, Ploegsteert et Warneton 1914-1918 : Histoire et archéologie, Agence Wallonne du patrimoine, coll. « Carnets du patrimoine » (no 123), , 52 p. (ISBN978-2-87522-133-9)