Cet article considère la place des femmes dans l'attribution du prix Nobel. Ce prix a été décerné 65 fois à des femmes, dont deux fois à Marie Curie qui en est par ailleurs la première récipiendaire féminine.
Avec 4 % de lauréates une fois les organisations écartées au cours des cent premières années d'existence de la distinction, la faible proportion de femmes ayant reçu un prix Nobel révèle le fossé des genres existant dans les domaines d'attribution du prix. Les femmes sont plus fréquemment récompensées pour des actions en faveur de la paix et en littérature, et même dans ces deux domaines, leur nombre est toujours très inférieur à celui des hommes.
Plusieurs raisons sont pointées du doigt, différentes selon les périodes historiques. Tantôt l'inaccessibilité du domaine scientifique pour les femmes, puis le contexte de la guerre froide, le manque de réseaux de pairs, de propositions de femmes ou un entre-soi trop grand entre femmes et hommes dans tous les domaines récompensés par le prix. Un effort notable a néanmoins été réalisé par les comités Nobel depuis les années 1990 pour corriger les multiples biais dont ils ont été accusés au fil des années.
Nombre de lauréates
Le nombre de 64 femmes nobélisées[note 1],[Nob. 1] est à comparer aux 895 hommes récompensés et aux 30 récompenses pour 27 organisations différentes[Nob. 2]. Des femmes ont été notablement lésées dans l'attribution des prix Nobel, générant parfois de grandes controverses lorsqu'elles ont été écartées. Durant les cent premières années du prix Nobel, on ne trouve que 4 % de lauréates une fois les organisations écartées, soit près de 3 % en sciences et moins de 10 % en moyenne pour la littérature et pour la paix[1].
La première cause est, tout au moins pour la période la plus ancienne, l'impossibilité presque totale faite aux femmes d'entrer dans une carrière scientifique de haut niveau. Cela a l'effet logique de réduite le nombre de découvertes significatives réalisées par les femmes.
Certains auteurs affirment qu'un biais s'est établi aussi durant la guerre froide : de 1948 à 1962, de nombreuses femmes sont proposées, mais aucune retenue pour aucun des prix, une conséquence de « l'attitude macho »[note 2] du jury de l'époque, qui considère comme nécessaire de promouvoir des figures « fortes », en l’occurrence des hommes, dans un contexte guerrier[a 1].
La troisième cause expliquant le faible nombre de lauréates pourrait être expliqué en partie par le manque de propositions des femmes aux prix. Plusieurs raisons sont avancées : elles manqueraient du réseau nécessaire pour se faire proposer, les hommes se sélectionnant entre eux et les femmes ne se cooptant pas[a 1] ou encore que les femmes sont plus promptes à créditer leurs collègues — et à remercier d'autres femmes pour les avoir encouragées — là où les hommes le font peu ou moins, d'où une réputation moins grande pour les femmes à compétences égales[a 2].
Une quatrième cause peut être l'existence d'une disproportion très forte des genres dans certains domaines scientifiques. La proportion de femmes dans les carrières de physiciens ou d'économiste, qui sont des sujets pour lesquels existe un prix, étant faible alors que la proportion des femmes dans d'autres domaines de recherche non récompensés est bien plus élevée.
Dans un autre registre, une statistique indicative du statut marital des lauréates jusqu'en 2000 montre que sur 29 lauréates à l'époque, neuf ne sont pas mariées ou sont divorcées et sept sont sans enfant. Mise en parallèle avec le rôle sociétal d'éducation des enfants dévolu classiquement aux femmes, cette statistique montre que la conciliation entre un parcours menant à un prix Nobel et une vie de famille est encore trop complexe[2].
Les années 2000 marquent une évolution notable de cette situation : en 2009, un record est atteint lorsque cinq femmes sont récompensées par le prix Nobel sur neuf récipiendaires au total cette année-là[a 3]. En 2016, est dressé le constat d'une proportion de 9,79 % de lauréates depuis 2000, soit « une tendance nouvelle en termes relatifs, avec plus qu'un doublement du taux de féminisation du prix Nobel ». En 2018, la part de femmes distinguées depuis l'origine s'élève ainsi à un peu plus de 5 %[a 4]. Au total, entre 2001 et 2019, 23 femmes sont récompensées[a 5]. Néanmoins, une étude statistique de 2019[a 6] conclut, concernant le champ scientifique des Nobel, que l'inégale répartition des prix par sexe s'explique à 96 % de probabilité par la subsistance d'un biais de genre en défaveur des femmes[a 7].
En sciences et en technique, les femmes ont longtemps été écartées des études et des moyens de poursuivre des recherches. Sous-représentées en physique, chimie et médecine, le peu de prix Nobel qui leur ont été attribués est le reflet de cette mise à l'écart[a 8], qui peut être mis en parallèle avec :
Durant la première partie du XXe siècle en Europe, alors qu'elles commencent à poursuivre des études, les femmes se voient refuser l'entrée aux laboratoires, aux hautes études ou aux chaires qui leur donneraient accès au matériel nécessaire à leurs recherches. Les parcours sont semés d'embûches[a 1] et l'un des exemples principaux est le cas de Marie Curie qui, bien que pionnière et première femme lauréate d'un prix Nobel, est écartée de l'Académie des sciences française par sexisme, tout comme sa fille, aussi nobélisée, le sera des années plus tard[4].
Aux États-Unis, ce sont les lois anti-népotisme, interdisant aux proches d'exercer dans les mêmes départements de recherche, qui empêchent de fait une femme de travailler dans le même laboratoire que son mari. Ces lois ferment les portes des institutions à de multiples femmes scientifiques de l'époque[a 1] : en général mariées à d'autres scientifiques, elles doivent abandonner leur carrière, travailler bénévolement ou devenir assistante de laboratoire et effectuer des recherches « en perruque » à côté de leurs autres activités.
Les premières dizaines d'années de remise du prix ne voient donc que peu de femmes proposées et encore moins de lauréates. Avec le temps, la quantité de femmes ayant accès aux hautes études et au matériel adéquat s'accroît, mais la proportion de lauréates demeure pourtant sans commune mesure avec la proportion de femmes scientifiques. Il se pourrait qu'elles n'aient pas un réseau suffisamment étendu de collègues, indispensable pour se voir proposer au prix Nobel par leurs pairs[a 1]. Une analyse des statistiques des lauréats montre qu'à partir des années 1970, un écart entre les genres[note 3] apparaît : les femmes sont désormais bien plus nombreuses en sciences, mais le nombre de femmes nobélisées ne progresse pas dans la même proportion. Une explication possible est que les prix sont souvent remis pour des découvertes vieilles de plusieurs années voire décennies : l'écart actuel ne serait alors que le reflet de l'écart de genre plus ancien datant de l'époque où beaucoup moins de femmes travaillaient dans les domaines scientifiques[a 1]. Ceci n'explique pas toutefois le peu de propositions de femmes chaque année[a 1] qui serait plutôt à mettre sur le compte en général de l'accès aux ressources et cursus qui demeure difficile pour les femmes ainsi que par la pression sociale attendant de la femme qu'elle s'occupe des enfants[a 2],[2].
De manière plus générale, même si l'amélioration de l'accessibilité du domaine est significative en sciences, il n'en demeure pas moins qu'en 2003 aux États-Unis, seulement 22 % des licenciés ès-sciences et 18 % des docteurs en physique sont des femmes, alors même qu'autant de garçons que de filles terminent leurs études secondaires avec une spécialisation en sciences physiques. Un nombre important de femmes délaissent donc en cours de route leurs études de physique, n'achèvent pas leur doctorat ou changent d'intention d'orientation de fin d'études, laissant de côté leur plan de carrière dans la recherche. Pointé du doigt encore une fois, le milieu peu favorable aux femmes : moins de gratifications à succès égal qu'un homme, salaire moindre, avertissements plutôt qu'encouragements avant le cursus, peu ou pas d'encouragements pendant, maternité attendue socialement comme à gérer par soi-même[a 2].
Paix
Après avoir pris connaissance du testament d'Alfred Nobel, le roi de Suède convoque le neveu de Nobel et aurait alors demandé la suppression en particulier du prix Nobel de la paix, arguant que « [son] oncle est tombé sous l'influence de visionnaires et tout particulièrement de femmes »[5]. L'ambiance de l'époque est alors peu propice aux femmes ; l'attitude accueillant la récompense en 1905 de Bertha von Suttner est aussi misogyne que celle qui empêche Marie Curie d'accéder à l'Académie des sciences française : parodiée, ridiculisée, insultée et caricaturée, malgré son succès dans ses combats pacifistes, Suttner est traitée d'hystérique et pointée du doigt pour son aversion de l'antisémitisme[6],[7].
Le rapport des femmes au prix Nobel de la paix est particulier. Les premières associations internationales actives dans le pacifisme se mettent en place vers le milieu et la fin du XIXe siècle, quelques décennies seulement avant la création des prix Nobel ; ces grandes organisations sont alors essentiellement composées de militantes et sont parfois féministes[8]. Les femmes sont ainsi plus présentes dans les prix Nobel de la paix que pour les autres prix du fait de cette implication historique[9],[a 1].
Mais si les mouvements féministes et pacifistes ont longtemps été très proches, durant les cinquante premières années d'existence du prix, aucune femme ne se trouve à un poste politique important ou dans des organisations comme l'ONU, alors favorisées pour les prix Nobel[10], ainsi, dans l'ensemble peu de femmes ont été lauréates du prix Nobel de la paix comparativement aux hommes : dix femmes récompensées pendant les cent premières années d'existence du prix[10]. Quelques femmes sont malgré tout lauréates jusqu'à ce que, comme pour les sciences, le nombre de femmes proposées et récompensées chute dramatiquement de 1950 à 1970, à la suite de quoi il remonte, aidé par une volonté affichée du comité Nobel de promouvoir l'action des femmes et l'action des pays en développement[a 1]. Des chiffres à mettre en parallèle avec la composition du comité Nobel norvégien qui n'a eu en son sein que 11 femmes de 1901 à 2014, la première à y siéger étant Aase Lionæs à partir de 1949[11],[Nob. 3].
En 2004, l’Iranienne Shirin Ebadi lance avec Jody Williams, après avoir appris la désignation de Wangari Maathai, une initiative entre lauréates du prix Nobel de la paix, qui mènera à la fondation de la Nobel Women's Initiative(en) en 2006, afin d'effectuer des conférences communes. La journaliste Annick Cojean relève que leur différence avec les prix Nobel remis aux hommes vient du fait que le prix est pour ces femmes un commencement et non l'aboutissement de leur action, montrant que le monde leur faisait confiance pour poursuivre leur travail de pacifisme[a 10].
Littérature
Si en proportion les femmes sont largement moins nombreuses à avoir reçu le prix Nobel de littérature que les hommes, ce n'est pas le seul biais de ce prix : le comité Nobel de littérature est en effet connu pour prendre un temps considérable à décerner le prix et, souvent, ce sont les « derniers survivants » d'une génération d'auteurs qui sont récompensés, délaissant de multiples écrivains qui ont marqué leur temps. L'autre biais est linguistique : la très grande majorité des prix sont décernés à des auteurs en anglais, français, espagnol ou allemand, et aussi aux langues scandinaves, celles-ci représentant près d'un septième de tous les prix[12].
Le milieu de la littérature aurait pu être plus féminisé du fait de la compatibilité plus grande entre une carrière d'écrivain et un rôle maternel, mais les chiffres du prix Nobel le démentent. En cause la société ayant longtemps écarté les femmes de toute reconnaissance publique et un comité Nobel qui est le reflet de cette société : en décembre 2004 seules deux femmes siègent à l'Académie suédoise sur les dix-huit membres, 5 en octobre 2011[a 11]. L'arrivée de Katarina Frostenson et Wisława Szymborska coïncide avec une augmentation des lauréates[13]. Ce changement est ainsi visible depuis les années 1990 ; là où seulement six femmes ont été lauréates de 1901 à 1990, entre 1991 et 2000 trois femmes ont été nobélisées[12].
L'air du temps se ressent de la même manière dans les idées des auteurs primés pour leurs œuvres. Même parmi les femmes ayant reçu le prix Nobel, certaines convictions détonnent : si Pearl Buck milite pour les droits des femmes, comme la contraception[14], et si l’œuvre de Sigrid Undset contient un message féministe puissant[15], Gabriela Mistral a été récompensée pour l'ensemble d'une œuvre où les femmes ne s'accomplissent qu'au travers de la maternité, transcrivant la vision machiste de la société de l'époque[14]. Si le niveau de l'écriture est exceptionnel chez Mistral, en termes d'avancée de la condition féminine, sa récompense est un clair recul[16]. Cependant, elle n'est pas la seule à recevoir un prix Nobel alors que ses travaux convoient une image clairement machiste. Rudyard Kipling a été récompensé en 1907 alors qu'il considère les femmes comme « un mal nécessaire »[17].
Économie
Dit « prix Nobel d'économie », le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel ne fait pas partie des prix originellement prévus par Alfred Nobel. Instauré en 1969, il a récompensé trois fois une femme, Elinor Ostrom, en 2009[Nob. 4], bien que celle-ci ne fût pas une économiste mais une professeure de sciences politiques[a 12], Esther Duflo en 2019[a 13] et Claudia Goldin en 2023. La proportion de femmes lauréates de ce prix est donc encore plus faible que dans les autres domaines d’attribution du prix Nobel[a 14]. Les femmes sont nettement moins présentes sur les listes de lauréates potentielles du Nobel, même lorsqu'elles sont lauréates de prix prestigieux en économie comme la médaille John-Bates-Clark qui, pour les hommes américains, sont souvent considérés comme des tremplins vers l’obtention du prix Nobel[a 15].
Lauréates
Liste
La première colonne du tableau indique, par un code couleur et un symbole détaillé dans la légende qui suit, le prix décerné. Certains prix Nobel de la paix n’ont pas d'intitulé officiel et sont marqués « Sans intitulé précis » : ce sont les actes mentionnés dans les discours accompagnant la récompense qui sont alors résumés dans la colonne « Intitulé ».
Une colonne partage permet de voir quelle est la division du prix obtenu. Lorsqu'un prix est reçu en entier, c'est-à-dire donné à une seule personne, il est noté « Ent. ». Le prix peut être partagé entre plusieurs personnes (jusqu'à trois). Pour les femmes ayant reçu le prix en collaboration avec une autre personne (même citation), il est noté « Part. » pour « partagé », pour une lauréate ayant reçu un prix partagé entre plusieurs personnes mais étant récompensée pour un travail indépendant des autres lauréats, on le notera « Cit. », comme « citée indépendamment ».[pas clair]
« En reconnaissance des services pour l’avancement de la chimie par la découverte de nouveaux éléments : le radium et le polonium, par l’étude de leur nature et de leurs composés »
« Pour leurs découvertes concernant les modifications des bases nucléosidiques qui ont permis le développement de vaccins ARNm efficaces contre le Covid-19 »
« Pour ses écrits idéalistes et inspirés qui saisissent la vie sur son île natale avec une clarté plastique et traitent des problèmes humains en général avec profondeur et sympathie »
« Pour sa poésie lyrique qui, inspirée par de puissantes émotions, a fait de son nom un symbole pour les aspirations idéalistes du monde Sud-américain »
« Pour le flot de voix et de contre-voix dans ses romans et ses drames qui dévoilent avec une exceptionnelle passion langagière l’absurdité et le pouvoir autoritaire des clichés sociaux »
« Pour le courage et la précision chirurgicale avec laquelle elle révèle les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle. »
(Sans intitulé précis) Pour ses actions sociales dans le domaine de l’éducation, de la prévention médicale et de la santé et pour ses efforts en vue de l’amélioration des conditions de travail et d’éducation des femmes[Nob. 6]
« En reconnaissance de son travail pour la justice sociale et la réconciliation ethno-culturelle basées sur le respect pour les droits des peuples autochtones »
« Pour ses efforts en faveur de la démocratie et des droits humains. Elle s'est particulièrement concentrée sur la lutte pour les droits des femmes et des enfants »
« Pour avoir mobilisé et organisé les femmes au-delà des lignes de division ethniques et religieuses pour mettre fin à une longue guerre au Liberia et assurer la participation des femmes aux élections »
« Pour avoir mobilisé et organisé les femmes au-delà des lignes de division ethniques et religieuses pour mettre fin à une longue guerre au Liberia et assurer la participation des femmes aux élections »
Pour avoir « introduit une nouvelle approche (expérimentale) pour obtenir des réponses fiables sur la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde »
Répartition des lauréates par période de 25 ans[Nob. 1]
Période
Lauréates
1901-1925
4
1926-1950
8
1951-1975
3
1976-2000
15
depuis 2001
35
La lauréate la plus âgée est Doris Lessing, qui reçut le prix Nobel de littérature à 88 ans. La plus jeune femme récompensée le fut à l'âge de 17 ans : Malala Yousafzai[Nob. 12], qui est par ailleurs la plus jeune de tous les récipiendaires du prix Nobel, toutes catégories confondues. Cette fourchette d'âge est similaire à celle des lauréats masculins[19].
Aung San Suu Kyi et Narges Mohammadi font partie des quatre lauréats à l'avoir reçu alors qu'ils étaient incarcérés. Récipiendaire en 1991, Aung San Suu Kyi ne prononce son discours et ne reçoit son prix qu'en 2012[a 16].
Jusqu'en 2000, sur les 29 femmes lauréates, seules 10 possèdent un diplôme d'études supérieures, 9 sont sans aucun diplôme[19].
Attributions controversées
Lauréates critiquées
À l'instar de leurs pendants masculins, les femmes lauréates ne sont pas exemptes de critiques. Plusieurs nobélisées ont été critiquées après la remise de leur prix, notamment dans le cadre du très politisé Nobel de la paix[a 17], mais pas uniquement.
En 2017, Aung San Suu Kyi est accusée de ne pas s'opposer à la répression des Rohingya en Birmanie, en dépit de son poids politique. Son prix Nobel est par conséquent contesté[20].
Contestation des faits pour lesquels elle a reçu le prix.
En 1999, un expert de l'histoire guatémaltèque prouve qu'une partie non négligeable de l'autobiographie de Rigoberta Menchú est falsifiée ou exagérée. Le comité Nobel ne s'est pas prononcé sur ces déclarations. Un commentateur a pointé du doigt que ce prix, décerné l'année du 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique, pourrait marquer davantage la reconnaissance des méfaits de la colonisation du continent plutôt que la reconnaissance du vécu de Menchú[21].
Première femme du continent africain à recevoir le prix Nobel, Wangari Maathai a été pointée du doigt pour ses opinions concernant le virus du SIDA. Elle aurait ainsi déclaré lors d'une interview donnée à un journal kényan que le VIH avait été développé par les pays occidentaux pour dépeupler le continent[a 18]. Si elle a fermement démenti avoir tenu ces propos[a 19], elle maintient après la remise du prix, lors d'une interview au Time que le VIH avait été développé et n'était pas d'origine naturelle[a 18].
À peine quelques jours après la remise du prix Nobel, sa corécipiendaire libérienne Leymah Gbowee révèle que Sirleaf n'a rien fait pour combattre la corruption et le népotisme du pays malgré sa position de présidente. Elle a été aussi placée par la commission de vérité et de réconciliation libérienne sur une liste de 52 soutiens à l'ancien président Charles Taylor, coupable de crime contre l'humanité et de crime de guerre[réf. souhaitée].
Sa récompense mène à la démission d'un des membres du comité.
L'un des membres de l'Académie suédoise, Knut Ahnlund, refuse de siéger depuis qu'Elfriede Jelinek a reçu son prix, estimant que son œuvre serait « chaotique et pornographique »[a 11] et qu'elle aurait « causé des dommages irréparables » au prix[a 20]. Le choix du comité se serait orienté vers elle, justement, pour son féminisme de gauche notoire[a 11] et indépendamment de sa relation complexe et controversée avec son pays d'origine, l'Autriche, qu'elle critique régulièrement dans ses écrits[a 21]. Jelinek considère qu'elle n'aurait pas dû recevoir le prix, estimant qu'elle a été choisie surtout parce qu'elle est une femme[a 20].
Avant même que le nom d'Herta Müller ne soit cité le 8 octobre, Peter Englund, secrétaire permanent du comité Nobel de littérature, se prononce dans la presse le 6 octobre pour admettre l'eurocentrisme passé du comité, un reproche d'autant plus notoire que Peter Englund venait de succéder à Horace Engdahl, qui fut fort critiqué en 2008 pour avoir déclaré que la littérature américaine était trop insulaire[a 22]. Au moment où elle reçoit le prix, Herta Müller est une auteure assez confidentielle dont l'œuvre est centrée sur les ravages causés par la dictature de Nicolae Ceaușescu en Roumanie communiste[a 23], son nom n'ayant même pas été évoqué parmi les proposés dont la récompense était la plus probable[a 22]. Le contraste entre la déclaration d'Englund et la récompense d'une auteure européenne suscite une levée de boucliers[a 20][réf. incomplète].
L'histoire des prix Nobel compte plusieurs cas où des femmes ont été écartées, que ce soit au stade des propositions ou de la récompense elle-même. La plupart des débats ayant abouti à ces exemples sont encore sous le sceau du secret, car les archives des comités Nobel ne sont ouvertes que 50 ans après les délibérations.
Littérature
Puisque le prix Nobel ne peut être remis qu'à trois personnes au plus, une seule pour le prix de littérature, des oublis notables ont eu lieu pour les femmes comme pour les hommes. Ainsi les grandes découvertes faites par Mendeleïev ou Tsvett ne sont pas récompensées[a 24], les œuvres fondatrices et décisives comme celles de Proust ou Nabokov[a 20] non plus. Parmi ces personnes écartées par des circonstances particulières ou de manière inexplicable, on trouve en particulier Virginia Woolf. Elle est écartée du prix de littérature malgré la qualité de ses écrits, car elle aurait eu une écriture trop complexe. Woolf serait également « morte trop tôt »[22],[23], selon l'expression consacrée rappelant le processus très long du comité Nobel qui « laisse mourir » de grands esprits littéraires, la principale condition pour être primé restant de « vivre vieux »[a 25]. Elle a pourtant fait partie des figures du modernisme[a 26]. Moins connue, Astrid Lindgren est proposée 24 fois, pour ses écrits autant que pour son engagement en faveur de l'égalité des sexes, des droits de l'enfant et des droits des animaux ; elle n'obtient jamais le prix Nobel, son œuvre étant considérée trop peu « classique », car elle a écrit des livres pour enfants (dont la série Fifi Brindacier)[24],[25].
Paix
Exemple même de l'oubli des femmes au stade des propositions, Ava Helen Pauling en 1962 ne partage pas le prix avec son mari Linus Pauling, bien qu'elle ne fut pas moins engagée que lui (c'est elle qui lui fait découvrir le pacifisme et l'activisme contre les tests nucléaires)[19]. Lors de son discours, Linus Pauling déclare qu'elle aurait dû être co-lauréate. Pris à part par le directeur du comité de l'époque, il est informé que personne n'a proposé sa femme et que sa candidature a été acceptée de justesse[26].
Sciences
Dans le domaine scientifique, ce biais des comités Nobel en défaveur des femmes est suffisamment important pour qu'il ait valu aux prix le surnom de « prix No-Bell » en référence au cas de Jocelyn Bell[a 17].
Lise Meitner
Les archives de l'époque révèlent que la décision d'écarter Meitner et Strassmann est le résultat d'un processus mal mené passant de comité en comité durant la Seconde Guerre mondiale et de l’immixtion de la politique de l'époque dans les débats[note 5] : Lise Meitner ayant fui l'Allemagne nazie pour trouver refuge à Stockholm, les résultats de l'équipe sont publiés dans deux revues différentes (Nature pour Meitner et son neveu Otto Frisch, Naturwissenschaften pour Strassmann et Hahn), divisant l'équipe aux yeux des comités Nobel de physique et de chimie. La difficulté pour Meitner de publier et d'effectuer ses travaux de recherche en exil amène le comité de chimie à amoindrir sa part dans la découverte. Arne Westgren et un ancien membre du comité de chimie pèsent de tout leur poids pour que seul Otto Hahn soit lauréat, alors que Meitner aussi a été proposée de manière répétée par plusieurs scientifiques reconnus de l'époque[a 27],[a 28].
Si Otto Frisch et Fritz Strassmann sont largement ignorés, la presse sait pourtant le rôle joué par Lise Meitner dans la découverte de la fission nucléaire[a 29]. Ce n'est qu'en 1966 que Meitner et Strassmann se voient décerner le prix Enrico-Fermi pour leur participation décisive à la découverte qui a valu le prix Nobel à Hahn[a 30].
L'attitude de Hahn après la remise du prix Nobel fait encore débat. Dans The Making of the Atomic Bomb, Richard Rhodes déclare que Hahn a toujours voulu réparer l'effacement (volontaire mais contraint) du nom de Meitner dans son étude publiée en Allemagne. À l'inverse, Ruth Lewin Sime explique dans Lise Meitner: A life in physics que Hahn tentait de se distancier de sa collègue avant même sa fuite. Le comportement d'Otto Hahn après la fin de la guerre contribue de toutes les manières à effacer le rôle de celle-ci : il soutient que les démonstrations théoriques et le travail de Lise Meitner ne l'ont en rien inspiré ni aidé dans sa découverte[a 31].
Rosalind Franklin
Cristallographe réputée, Rosalind Franklin étudie l'ADN à partir de 1951 sur un projet en parallèle de celui de Maurice Wilkins, son collègue de bureau[a 32]. Le sujet étant brûlant dans la communauté scientifique, ils ne sont pas seuls à se concentrer sur le sujet ; à Cambridge, James Watson et Francis Crick travaillent aussi sur la structure de l'ADN. Pendant que les recherches de Wilkins et Franklin piétinent, en particulier pour leur incapacité à collaborer[27] et la possibilité que Wilkins est peut-être convaincu que Franklin n'est qu'une assistante de laboratoire. Wilkins collabore secrètement avec Crick et Watson, leur montrant par exemple un cliché clé — « Photo 51 », une image radiocristallographique montrant de l'ADN — de Franklin sans qu'elle ne le sache. Watson et Crick publient en avril 1953 dans Nature les résultats de leurs découvertes, Rosalind Franklin publie de même, séparément, dans ce numéro, ses découvertes ainsi que d'autres détails de la structure de l'ADN[a 32].
Rosalind Franklin meurt en 1958, quatre ans avant que le prix Nobel ne soit remis à Watson et Crick dont la découverte se base sur ce cliché cristallographique[28] ; le travail de Franklin sur le sujet n'est jamais reconnu de son vivant[29],[30].
Elle est moquée et caricaturée dans un livre écrit par Watson des années plus tard[31] où il relate sa découverte de la structure en double hélice de l'ADN d'une manière jugée partiale et machiste[28]. La montée du féminisme, contemporaine de cette période, ainsi que la publication d'un livre d'Anne Sayre, dont le mari est cristallographe et ami de Franklin, aide à mettre en lumière l'injustice commise à l'encontre de Franklin[28],[a 33]. Le fait qu'elle a été négligée pour ce prix Nobel s'expliquerait par sa mort prématurée, quatre ans avant la remise du prix. Cependant deux prix Nobel, dont un l'année précédente, ont été décernés à des personnes décédées quelques mois auparavant, et ce n'est qu'en 1974 qu'est formellement stipulé dans le règlement que le titre ne peut être remis à titre posthume[a 34]. Ruth Lewin Sime explique cependant qu'elle est un des exemples les plus criants d'usurpation de mérite dû à un scientifique[a 32].
Jocelyn Bell
Chargée des observations sous l'égide de son directeur de thèse Antony Hewish, Jocelyn Bell découvre et fait des relevés sur les quatre premiers pulsars jamais découverts. Durant la préparation de sa thèse doctorale à l'université de Cambridge, elle travaille avec Hewish et Martin Ryle sur le sujet. Seuls ces derniers reçoivent le prix Nobel de physique en 1974.
Bell se défend d'avoir été mise à l'écart par l'équipe de Ryle[32], mais au même moment, Thomas Gold témoigne dans le Montreal Star qu'il s'agit d'une femme timide et fidèle à Hewish, qu'elle n'oserait pas contredire en public[32]. Pour sa part Fred Hoyle pointe du doigt Hewish et Ryle pour avoir « chipé » la découverte à Jocelyn Bell, se retrouvant rapidement au centre d'une querelle qui l'opposera personnellement à Hewish et Ryle pendant des années[32]. Toujours est-il que malgré la part de Bell dans cette découverte et l'obtention du prix Nobel par Anthony Hewish, celui-ci refuse de devenir son mentor dans le milieu de la recherche, la privant d'un soutien important pour la suite de sa carrière[33].
Bell est restée discrète sur le sujet, et la communauté scientifique considère dans l'ensemble qu'elle a accueilli de bonne grâce cette mise à l'écart. Cependant, en 2008, elle explique dans une interview qu'à l'époque, la science était un domaine réservé aux hommes, dont les meneurs étaient suivis par des « cohortes de sous-fifres » obéissant à leurs moindres désirs. Elle ajoute que la découverte des pulsars est intervenue à un moment difficile sur le plan personnel, alors qu'elle est devenue mère : il lui aurait été difficile de concilier sa carrière scientifique et sa vie de famille. Loin d'accepter « de bonne grâce » sa mise à l'écart, elle n'aurait en réalité que capitulé devant les circonstances[note 6],[a 35],[a 32].
Chien-Shiung Wu
Chien-Shiung Wu participe durant les années 1940 au projet Manhattan dont elle ressort avec une notoriété importante dans le domaine de la physique pratique. Elle est approchée au milieu des années 1950 par Tsung-Dao Lee et Chen Ning Yang pour les aider dans la démonstration expérimentale de leur réfutation théorique de la loi de la parité. Le travail sur la loi de la parité avance dès lors de manière radicale grâce à l'expérience montée par Wu[a 32].
Lorsque le prix Nobel est remis aux seuls Lee et Yang, plusieurs commentateurs considèrent que Wu aurait dû le recevoir avec eux ; Noemie Benczer Koller(en) qualifie sans ambages de sexiste cette mise à l'écart[34]. A contrario, certains arguent que le prix n'est attribué que pour les découvertes, non les expériences, aussi décisives soient-elles[35]. Son absence est néanmoins remarquée à l'époque, et le comité est pointé du doigt[a 32]. Rien ne prouve qu'elle a été exclue par misogynie, bien qu'il s'agisse de l'explication la plus couramment avancée[36], une autre raison supposée étant son origine ethnique[a 32]. Une autre hypothèse y voit des raisons politiques : les décisions d'attribution dans les années 1940 étaient plus politiques que scientifiques, le mérite seul ne suffisant pas, ce qui aurait une première fois empêché Wu d'obtenir un prix Nobel pour son étude de la désintégration bêta et cette tendance à la politisation des sciences serait revenue à la même période où elle aurait dû être associée au prix Nobel de Lee et Yang[35]. La compétition a en effet été très serrée à l'époque pour prouver que la loi de la conservation de la parité n'existe pas[37].
Lee et Yang citent Wu lors de leur discours de remise du prix Nobel, contrairement à d'autres femmes n'ayant pas reçu le prix malgré leur contribution, comme Bell ou Franklin[a 36]. Déçue, Wu poursuit néanmoins ses recherches avec ardeur, notamment dans le domaine de la désintégration bêta. Son expérience et ses travaux ultérieurs lui valent de multiples récompenses, dont le prix Wolf de physique et un siège à l'Académie nationale des sciences américaine[38].
Emmy Noether
Emmy Noether (décrite par Albert Einstein comme « le génie mathématique créatif le plus considérable produit depuis que les femmes ont eu accès aux études supérieures ») aide à la formulation mathématique de la théorie de la relativité et au développement de la théorie quantique, mais ce travail n'est jamais récompensé de son vivant par autre chose que la « reconnaissance de ses pairs »[39].
Esther Lederberg
Esther Lederberg, voit son mari, Joshua Lederberg, obtenir seul récipiendaire du prix Nobel de médecine en 1958 pour leurs découvertes sur la reproduction des bactéries Escherichia coli. Aucune mention n'a été faite de sa femme Esther, bien qu'elle ait joué un rôle important dans l'aboutissement de ses recherches[a 37]. De son côté, Esther Lederberg avait également découvert en 1950 le phage lambda, un virus de l'ADN des bactéries, et le « facteur de fertilité » permettant à E. Coli de se reproduire[a 32]. À sa mort, la nécrologie parue dans The Guardian indique en sous-titre : « Malgré ses travaux de pointe en génétique, ce fut son mari qui obtint le prix Nobel »[a 38]. Cette manchette résume l'avis de plusieurs scientifiques, dont Stanley Falkow(en), selon lequel sa contribution à la science a été injustement éclipsée à cause du traitement des femmes dans le milieu universitaire à l'époque[a 32].
Notes et références
Notes
↑Marie Curie détenant 2 prix Nobel, 64 femmes sont lauréates et 65 prix ont été décernés à des femmes.
↑Danny Dorling écrit en 2012 : « La guerre froide était une chose immense occupant les esprits et nous pensions vraiment qu'une Troisième Guerre mondiale était probable, qu'on en était au seuil, donc il était sensé de choisir des hommes forts, de la jouer macho. » Traduction de « The Cold War was a massive thing in people's mind. And we did think a third world war was likely, and we were on the brink, so it made sense to pick the strong men and do the macho thing. ».
↑L'écart entre les genres, dont le terme commun en anglais est « gender gap », désigne l'écart en nombre ou en possibilités offertes entre les hommes et les femmes dans un domaine, un métier ou une situation donnée. Ici, il désigne l'écart entre le nombre de femmes et d'hommes travaillant dans le domaine des sciences (faible), et le nombre de femmes et d'hommes proposés ou récompensés par un prix Nobel (grand) : il y a disparité dans l'accessibilité des femmes à cette récompense.
↑Lorsque l'attribution est entérinée en 1945 pour le prix Nobel 1944, le Projet Manhattan est fortement avancé et les recherches sur le nucléaire prennent un tournant géopolitique incontestable.
↑Elle résume la situation ainsi : « Ma foi, les hommes gagnent des prix, les jeunes femmes s'occupent des bébés. » Traduction de « Well men win prizes and young women look after babies. ».
↑(en) Per Lunnemann, Mogens H. Jensen et Liselotte Jauffred, « Gender bias in Nobel prizes », Palgrave Communications, vol. 5, no 46, (DOI10.1057/s41599-019-0256-3, lire en ligne).
↑(en) Oliver Duggan et Peter Spence, « How the Nobel Prize has favoured white western men for more than 100 years », The Telegraph, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Joann Weiner, « Goldin, Krueger and other women who won’t win the economics Nobel Prize this year », The Washington Post, (lire en ligne, consulté le ).
↑AFP, « Le Prix Nobel en quelques faits et chiffres », Le Soir.be, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et b(en) Malin Rising et Associated Press, « Judge: Nobel literature prizes 'too eurocentric' », The Seattle Times, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Alison Flood, « Herta Müller takes Nobel prize for literature », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
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↑Catherine Vincent, « De la difficulté d'être nobélisable en temps de guerre », Le Monde, (lire en ligne).
↑« Les prix Nobel seront bientôt décernés », Le Monde, .
↑« (Brève) Le prix Fermi décerné à trois européens », Le Monde, .
↑(en) Marcia Bartusiak, « The Woman Behind the Bomb », The Washington Post, (lire en ligne).
Hélène Merle-Béral, 17 femmes Prix Nobel de sciences, éditions Odile Jacob, , 352 p. (ISBN978-2-7381-3459-2).
Adeline Crépieux et Natalie Pigeard-Micault, Petit dictionnaire illustré des femmes scientifiques : 110 noms, d’Hypatie aux récentes nobélisées, Ellipses, 2023 (ISBN978-2-340-07966-3).
Ouvrages en anglais
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(en) Arturo Arias et David Stoll, The Rigoberta Menchú Controversy, University of Minnesota Press, , 418 p. (lire en ligne).
Cet ouvrage traite exclusivement du cas de Rigoberta Menchú et analyse l'importante controverse qui suivit la découverte de la falsification d'une partie de son récit.
Ouvrages en espagnol
(es) Rosa Ma Claramunt Vallespí et Teresa Claramunt Vallespí, Mujeres en ciencia y tecnología, Editorial UNED, , 215 p. (ISBN978-84-362-6525-5, lire en ligne).
(es) Laura Vaccaro, Premios Nobel de literatura : una lectura crítica, Universidad de Sevilla, , 512 p. (ISBN978-84-472-1057-2, lire en ligne), chap. 87.
Articles connexes
National Women's Hall of Fame : un article traitant des femmes élues à cette institution américaine pour leurs accomplissements et leurs réalisations.
Plusieurs prix ont pris le nom de femmes figurant dans cette liste ou de femmes ayant brillamment contribué à leur domaine mais n'ayant pas reçu le prix Nobel :
La version du 6 octobre 2014 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.