Pierre Tabart

Pierre Tabart, né à Chinon en août 1645 et décédé à Meaux ? en décembre 1716, est un compositeur et maître de chapelle français de la période baroque.

Il fut d'abord formé à la maîtrise de la cathédrale de Tours, par le maître de musique, « un nommé Burgaut[1], le plus habile contrapuntiste de son temps, mais aussi tellement entêté dans ce style, qu'il haïssait à la fureur les musiques modernes et surtout italiennes, et qu'il méprisait souverainement ceux qui s'y appliquaient ou les aimaient ». Quant au disciple, « malgré son habileté pour le contrepoint [traditionnel, mais tout de même « modernisé, imprégné de tonalité »[2]] il rendait justice à tout le monde » (cf. Sébastien de Brossard, Catalogue). Brossard (un des principaux créateurs de la musicologie, lui-même maître de chapelle, compositeur et ami de Pierre Tabart) rapporte tout cela avec un certain humour et confirme ainsi que l'époque était en train d'évoluer.

On ignore quel fut ensuite le parcours du jeune Chinonais avant son arrivée à Orléans en 1679, où il succéda au compositeur Guillaume Minoret (futur musicien du roi) dans les fonctions de maître de musique (ou « maître de chapelle ») de la cathédrale Sainte-Croix, jusqu'en 1683.

Il quitta la ville, peu après le concours de Versailles organisé en par Louis XIV en vue de recruter quatre sous-maîtres de la Chapelle royale[3]. Tabart avait postulé sans succès, les candidats étant fort nombreux.

Mais il obtint ensuite sans difficulté le poste de maître de musique de la cathédrale de Senlis.

Plus tard, il sera installé sur un poste semblable, à la cathédrale Saint-Étienne de Meaux. Il occupa cette fonction jusqu'au début du printemps 1699 (mars). En septembre-octobre 1711, son successeur à Meaux, Sébastien de Brossard, le consulta pour le recrutement d'un maître de chapelle à la cathédrale d'Évreux (c'est le compositeur Louis Homet qui sera retenu). Il semble que Tabart soit resté à Meaux après l'arrivée de Brossard et qu'il ait continué à tirer des revenus d'une des principales chapelles de cette cathédrale.

Œuvres conservées

La messe de Requiem a probablement été composée en 1704, pour la mort de Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux et célèbre orateur.

Toutes ces partitions sont conservées en manuscrit à la BnF, dans la collection Sébastien de Brossard. Elles ont été publiées par le Centre de musique baroque de Versailles (CMBV) : Pierre Tabart. Œuvres complètes. Éd. Jean-Paul Montagnier (avec la collaboration de Jean Duron et Jean-Yves Hameline), Versailles, Éditions du CMBV (Coll. Anthologies I. 3), 2002, LXII-278 p.

Discographie

  • Requiem / Magnificat / Te Deum, Ensembles La Fenice et Jacques Moderne, dir. Jean Tubéry, Virgin Veritas (EMI), Coll. Musique à Versailles, 2001. Œuvres couplées avec des musiques pour orgue d’André Raison et Nicolas de Grigny.

Hommage

Il existe un jardin Pierre Tabart à Meaux.

Voir aussi, à Chinon, le Conservatoire de Musique et danse Pierre Tabart.

Notes et références

  1. Sans doute Julien Bourgault, maître de musique (maître de chapelle) dans la seconde moitié du XVIIe siècle et primé au Puy de Musique du Mans au cours de cette même période. Cf. Denise Launay, La Musique religieuse en France, du Concile de Trente à 1804, Paris, Société Française de Musicologie, Klincksieck, 1993, p. 145-146.
  2. Denise Launay, op. cit., p. 146.
  3. La fonction de maître était réservée à un ecclésiastique de haut rang, sans attributions musicales même si celui-ci assurait sa partie de plain-chant dans la messe dominicale qu'il présidait et célébrait solennellement.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean-Paul Montagnier, Pierre Tabart (1645-1716) : « maître de musique » of Meaux Cathedral at the Time of Bossuet, "Rivista internazionale di musica sacra", 19 / 1 (1998), pp. 5–23.
  • Jean Duron, Sébastien de Brossard à Versailles, Textes réunis par, Arles, Actes Sud, 1995, 140 p. PP. 13–20 : "Sébastien de Brossard (1655-1730)", par Yolande de Brossard (p. 17).
  • Yuriko Baba, Guillaume Minoret (ca. 1650-1720), sous-maître de la chapelle royale sous Louis XIV : édition critique et analyse de son œuvre, Thèse, Hiroshima, Université de musique Élisabeth (Elisabeth University of Music), 2002, 3 vol., VII-349 p. ; VI-360 p. ; pp. 361–610. Vol. A, p. 10, note 22 (Minoret à Orléans : renseignements fournis par François Turellier).
  • François Turellier, Les orgues et les organistes de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans. Leur place à l’église et dans la ville, des origines jusqu’aux travaux d’Aristide Cavaillé-Coll, in : "L’Orgue", Revue trimestrielle publiée par l’Association des Amis de l’Orgue en coédition avec Symétrie, N° 291, Versailles, Lyon, 2010-III, pp. 3–33. PP. 6–7 : après son départ, Tabart a conservé des sources de revenus à Orléans (1690, , Bail à loyer ; 1698, , il est "chapelain de la chapelle Saint-Jacques/Saint-Philippe" dans la cathédrale Sainte-Croix).
  • Archives départementales du Loiret. 51 J 2. Répertoire 2d volume. Materiaux recueillis Pour un Coutûmier du chapitre de l’Église d’Orleans. 1779. à L’usage du Tresors [sic], Ms., XVIIIe siècle, 854 p. (p. 418,  : Guillaume Minoret reçu maître de musique de la cathédrale d'Orléans ; p. 419,  : Pierre Tabart lui succède).
  • Id. 51 J 7. Registre des Provisions et Collations des Benefices de l’Eglise dOrleans Commençant le treiz[ièm]e Decembre de l’année mil six cent quatre-vingt-un et finissant le Douzieme de May de L’annee mil sept Cent trois, Orléans, Ms., XVIIe – XVIIIe siècles, 150 fos (f° 12 r°,  : Attestatio morum de Pierre Tabart).

Liens externes