En 1950, Paul Pillet prend la direction du journalL'Espoir qui paraît à Saint-Étienne. Ce quotidien, lancé clandestinement par des résistants en 1941 (dont Jean Nocher), était devenu localement l'organe du MLN à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il rassemblait des gaullistes et quelques socialistes. À partir de 1948, il devint l'organe de presse du RPF de Saint-Étienne emmené par Lucien Neuwirth et Jean Nocher. En 1951, sous la direction de Paul Pillet, le quotidien fusionne au sein d'une même société de presse (la SOGEP) avec La Dépêche (journal local du MRP de Georges Bidault) dans une lutte commune contre le PCF alors très puissant dans les villes ouvrières de Roanne et Saint-Étienne (en 1963, Le Progrès rachète L'Espoir).
L'UDSR décline régulièrement dans les années 1950, prenant une orientation plus à gauche fin 1953 quand François Mitterrand en devient le président. Paul Pillet, qui conserve une identité plus centriste, reste dans le mouvement mais prend ses distances avec la nouvelle direction. Il fait partie de ceux qui abandonneront bientôt l'UDSR pour rejoindre la démocratie-chrétienne.
Patron de presse influent et figure centriste dans la Loire, il obtient l'investiture de l'UDSR aux élections législatives de novembre 1958 dans la Ve circonscription de Roanne. Il est élu au second tour. D'abord membre des non-inscrits, il rejoint en , le groupe de l'Entente démocratique. La même année, il réussit l'exploit de remporter la mairie de Roanne, bastion SFIO depuis 1919. Cette ville, dominée par la population ouvrière de la bonneterie, du textilecotonnier (Ateliers Roannais de Construction Textile (ARCT), France-Rayonne, Désarbre, Devernois, etc.) et de la métallurgie (GIAT Industries, Démurger, etc.), voyait s'affronter depuis 1939 socialistes et communistes. Mais la gauche gère difficilement les problèmes de logement générés par l'augmentation importante de la population de l'agglomération roannaise (plus 40 % entre 1946 et 1962). Ses résultats aux élections municipales s'en ressentent : 50 % des voix en 1947, 46 % en 1953 et 44 % en 1959. Reconnu comme un expert des questions urbanistiques et de la lutte contre les taudis, Paul Pillet remporte la mairie en 1959 en succédant au socialiste Jacques Gougenot. Le 25 novembre 1962, il est réélu député de la même circonscription et rejoint le groupe du Centre démocratique.
Paul Pillet appartient désormais au courant des centristes d'opposition. Il le confirme en rejoignant le nouveau parti de Jean Lecanuet, le Centre démocrate (CD) lancé en février 1966 après la candidature du maire de Rouen à la présidentielle de décembre 1965. Ce mouvement entend regrouper les diverses sensibilités du centre dans une même opposition à la Ve République gaulliste en faisant fusionner le MRP (Jean Lecanuet), le CNIP (Bertrand Motte) et les radicaux-socialistes (Maurice Faure). Le maire de Roanne figure dans le premier comité directeur du parti en , sous l'étiquette MRP. L'opération échoue en partie puisque les radicaux-socialistes partent rapidement tandis que le CNIP retrouve vite son indépendance. Ne disposant pas d'un appui militant suffisant, Paul Pillet est battu lorsqu'il se représente dans la Ve circonscription de Roanne aux élections législatives de 1967 puis à celles de 1968 sous l'étiquette du Centre démocrate. Celui qui le remplace à l'Assemblée nationale est un jeune gaulliste, Alain Terrenoire, fils du ministre Louis Terrenoire, dont le gaullisme social a attiré une partie de l'électorat ouvrier. Il fut aussi élu conseiller régional de la région Rhône-Alpes.
Paul Pillet a connu une première alerte électorale en 1970 où il avait été battu aux cantonales. Son implantation locale est fragilisée par la crise socio-économique dans laquelle s'enfonce Roanne à partir du milieu des années 1970. Le secteur industriel souffre beaucoup de la baisse des commandes d'armement (dont profitait l'arsenal de Roanne avec GIAT Industries) et du marasme du textile, victime de la concurrence étrangère. Le chômage augmente considérablement sans que le maire soit en mesure de trouver des remèdes efficaces. La tension monte sur place, les grèves dures et manifestations violentes se multiplient et cette atmosphère tendue explique peut-être l'attentat dont est victime Paul Pillet le quand une bombe explose sans faire de victime, en pleine nuit, à son domicile. L'acte ne sera jamais revendiqué. L'impuissance du maire face à la crise socio-économique locale est en tous cas sanctionnée aux élections municipales de 1977. Paul Pillet est battu dès le premier tour par le socialisteJean Auroux qui, en redonnant la ville au PS, commence une carrière politique prometteuse. Son influence est tellement déclinante que l'ancien maire - il appartient désormais au CDS - renonce à briguer le renouvellement de son mandat de conseiller général en . Aux sénatoriales de septembre 1983, Paul Pillet ne se représente pas. Son ancien colistier, Claude Mont est en revanche réélu sous l'étiquette UDF-CDS. L'ancien maire de Roanne se retire alors définitivement de la vie politique.
Il meurt le à l'âge de 95 ans. Paul Pillet est inhumé au cimetière Saint-Claude de Roanne[3].
Vie privée
Paul Pillet s'est marié le avec Colette Renée de Compigny (1918-2008)[3], de ce mariage naîtront trois enfants[2] :
↑Acte de naissance de Jean-Baptiste Pillet, État-civil numérisé de la commune de Barberaz, Archives départementales de la Savoie, vue 123 (en ligne).
↑Fiche matricule de Jean-Baptiste Pillet, Bureau de recrutement de Roanne, Archives départementales de la Loire, vue 449 (en ligne).
↑Acte de naissance de Marie-Louise Cloux, État-civil numérisé de la ville de Roanne, Archives départementales de la Loire, vue 102 (en ligne).
↑Centre national d'information sur les prisonniers de guerre Auteur du texte, Liste officielle ... des prisonniers de guerre français : d'après les renseignements fournis par l'autorité militaire allemande : nom, date et lieu de naissance, unité / Centre national d'information sur les prisonniers de guerre, Centre national d'information sur les prisonniers de guerre, (lire en ligne)
↑Législatives 1958 (Loire, 5e circonscription) : professions de foi du 1er tour, (lire en ligne)