Le nom de « Bouillie » s'appliquait initialement à une ferme située au niveau de l'actuel échangeur entre la D951 et la voie rapide, au début du pont Charles-de-Gaulle.
Par métonymie, ce terme désigne communément l'espace situé hors de l'enceinte des digues entourant Blois-Vienne par l'est et le sud.
Le terme de « boire », terme traditionnel du Val de Loire au sens proche de « déversoir », est également utilisé par les locaux pour désigner la plaine inondable.
Hors période de crue, le parc de la Bouillie se trouve bordé par trois cours d'eau, à savoir le fleuve de la Loire, la rivière du Cosson, et le ruisseau de la Noue.
Dans le cadre de la construction du pont Jacques-Gabriel à partir de 1717[4], les levées entourant Blois-Vienne sont renforcées[5]. C’est ainsi que, la même année, le chenal de la Bouille est asséché par une digue érigée au début du bras ligérien, concentrant le fleuve sur un unique lit sur toute sa traversée à Blois.
Le déversoir d’urgence
Après la construction en 1717 d’une digue légèrement plus petite que les levées entourant Vienne, le secteur de la Bouillie est converti en déversoir inondable en cas de crue[6]. Cet effort architectural s'est cependant avéré insuffisant face à l’ampleur des crues centennales qui se succédèrent au XIXe siècle : d’abord en 1846, puis en 1856 (la pire depuis 1789[7]), ainsi qu'en en 1866[8].
Les études les plus récentes estiment que l'absence de ce déservoir représenterait une surélévation de la ligne d'eau d'environ 30 cm au niveau du pont Jacques-Gabriel[9].
Dans son état actuel, le déversoir est totalement inondé lorsque la Loire atteint les 4,90 m au niveau du pont Jacques-Gabriel[10], ou lorsque le Cosson atteint les 3 m au niveau de Chailles.
Dans les années 1980, des habitations ont commencé à être construites sur le site de la Bouillie mais, surtout, à l’extérieur de l’enceinte des digues de protection et, donc, sur terrain inondable[Note 1],[6]. Y sont aménagés un parc des expositions, un hippodrome, des terrains de football, des jardins familiaux, ainsi que des habitations. La mairie remporta non sans mal gain de cause contre les nouvellement propriétaires ou occupants de ces logements, invités à ne pas investir cette zone inondable. Depuis, d’autres équipements ont été construits dans l’enceinte des levées, comme la piscine Aggl’eau ou les courts de tennis municipaux.
En 2021, sur l'ensemble des 143 logements construits, 132 ont été acquis par la ville, dont 128 ont été démolis[12]. Aujourd'hui, les gens du voyage représentent la principale résistance au projet de réhabilitation.
Le parc urbain
En 2021, la municipalité a annoncé l’aménagement du site de la Bouillie en parc urbain et naturalisé, aménagé d’espaces de pâturages et de pistes pédestres et cyclables[12],[13],[14].
Le projet consiste alors à conserver la fonction de déversoir en cas de crue tout en valorisant cet espace et sa biodiversité le reste du temps. Si les conséquences du dérèglement climatique sur la fréquence et la puissance des crues ligériennes sont encore mal connues, la crue exceptionnelle du Cosson du [15],[16] a rappelé que la Bouillie n'est pas seulement sujette aux caprices de la Loire, ce qui a naturellement renforcé son importance pour protéger le quartier dans son ensemble.
Notes et références
Notes
↑Les habitations avaient été pour la plupart construites le long de l'avenue Wilson, face au parc des expositions, au lieu-dit nommé du Glassis.
Références
↑Georges Touchard-Lafosse, Histoire de Blois et de son territoire, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, France, , 480 p. (lire en ligne)
↑Didier Josset et Viviane Aubourg, « Le val de Blois, du IIIe siècle avant notre ère à l'an 1000 : des territoires à la ville, des confins aux réseaux », Archéopages : Archéologie et société, no 48, , p. 54–63 (ISSN1622-8545, DOI10.4000/archeopages.10170, lire en ligne)
↑ a et bGrégory Morisseau, « Le quartier périurbain de la Bouillie (Blois) », Revue scientifique sur la conception et l'aménagement de l'espace, (lire en ligne)
↑Sylvain Rode, « La prévention du risque d'inondation, facteur de recomposition urbaine ? L'agglomération de Blois et le déversoir de la Bouillie », L'Information Géographique, vol. 72, no 4, , p. 6 (lire en ligne [PDF])
↑Chorème, « Parc agricole naturel et urbain de la Bouillie », Comment mieux bâtir en terrains inondables constructibles ? (Appel à projets), (lire en ligne)
↑Jean-Luc Vezon, « L’aménagement de la Bouillie : un projet emblématique », Magcentre, (lire en ligne)