À la suite d'une mission qu'il effectue en Afrique sur les radios francophones, Pierre Schaeffer, ingénieur à la Radiodiffusion-télévision française (RTF), crée, en 1955, la Société de radiodiffusion de la France d’Outre-mer (SORAFOM), société de coopération entre la France et l'Afrique[1]. À l'origine, Pierre Schaeffer, qui constate que les émissions vers les colonies françaises d'Afrique sont réalisées depuis Paris par des équipes qui ne se sont jamais rendues sur ce continent, cherche à créer des radios locales africaines et décolonisées. Ainsi, la SORAFOM est créée pour favoriser la fabrication de programmes par les populations locales et d'archiver le maximum de traditions musicales et orales en réalisant des enregistrements dans l'ensemble des pays francophones. Seules deux stations existent alors en Afrique francophone : la station de Dakar, au Sénégal et celle de Tananarive à Madagascar.
Pour réaliser tout cela, Schaeffer crée alors, la même année, le Studio-École[2] à Maisons-Laffitte (78), près de Paris, pour former des animateurs, des techniciens et des opérateurs de radio (puis de télévision) africains, afin de préparer la décolonisation devenue inéluctable. Les stagiaires sont sélectionnés en Afrique, passent le concours d'entrée en France, puis, une fois formés repartent sur le continent pour créer des stations dans leur pays d'origine et faire des émissions en langues vernaculaires, sur des sujets qui intéressent réellement les populations locales. Il dirigera l'école pendant un temps, avant de confier cette tâche à André Clavé, après lui avoir demandé de faire quelques conférences, notamment sur l'Univers concentrationnaire[3] dans lequel il avait vécu durant son internement dans les camps nazis. André Clavé dirigera cette école remarquable à plus d'un titre, pendant quinze ans[2]. C'est ainsi que Radio Mali et Radio Mauritanie sont créées en 1957, et bien d'autres suivront[2],[4].
Le , Pierre Schaeffer est renvoyé et remplacé par un proche du président du conseil Guy Mollet. À partir de 1960 les pays d'Afrique sous domination française deviennent indépendants, mais la SORAFOM continue son activité. Elle envoie des programmes sélectionnés dans d'autres services publics, comme l'émission Anthologie du mystère (nommée en France : Les Maîtres du mystère). Cet organisme collecte aussi de la musique traditionnelle africaine afin d'en préserver le patrimoine culturel.
L'OCORA
Le , la SORAFOM devient l'Office de coopération radiophonique (OCORA), dont les membres deviennent des conseillers. Le l'OCORA est absorbée par l'ORTF. Charles Duvelle qui a créé et dirige depuis 1960 la prestigieuse collection OCORA (disques de musique traditionnelle du monde) l'intègre aux services musicaux de la DAEC (Direction des affaires extérieures et de la coopération) dont il a nouvellement la charge au sein de l'ORTF[5].
Après l'éclatement de l'ORTF la collection OCORA est rattachée à Radio France . Ocora adopte alors une nouvelle présentation avec une pochette noire illustrée par une photo ou un dessin central puis les premiers CD. Actuellement cette présentation est abandonnée au profit d'une photo pleine page.
Les musiques du monde
De nos jours, le label est toujours attaché aux musiques traditionnelles, savantes ou populaires, des différentes régions du monde et poursuit la diffusion de ses collectes sur le terrain mais aussi les reconstitutions en studio de traditions musicales parfois oubliées. Les premiers 33 tours sont petit à petit repris et à ce jour, plus de deux cents disques ont été édités alliant l'intérêt scientifique ethnologique contenu dans les livrets trilingues d'une trentaine de pages très documentées et la beauté artistique de la musique. Ils sont toujours réalisés sous la direction d'ethnomusicologues retenus pour leur spécialisation dans la culture présentée et parfois en collaboration avec le réseau des radios européennes.
On trouve par exemple dans les collections Ocora :
Francine Galliard-Risler, André Clavé : théâtre et résistances, utopies et réalités, 1916-1981, Paris, Association des amis d'André Clavé, 1998
ouvrage collectif écrit et dirigé par Francine Galliard-Risler, avec de très nombreux témoignages enregistrés et retranscrits ; préface de Jean-Noël Jeanneney ; épilogue de Pierre Schaeffer
↑Francine Galliard-Risler, Dora-Harzungen, la marche de la mort, Éditions Alan Sutton, Saint-Cyr-sur-Loire, 2005 – Ouvrage collectif dirigé par FGR – Préface de Pierre Sudreau – Introduction d’Alfred Jahn – Témoignages d'André Clavé, de René Haenjens, Wolf Wexler, préface de Pierre Sudreau, Jean Mialet – Évocation du réseau Brutus de la Résistance intérieure française ; ouvrage traduit et publié en Allemagne en 2015 sous le titre Todesmarsch in die Freiheit ; (ISBN2-84910-336-5)