Noélie Yarigo naît le à Natitingou, au nord-ouest du Bénin. Huitième d’une fratrie de dix enfants, cinq filles et cinq garçons, elle perd son père, Raphaël, très tôt et ne peut compter que sur sa mère, Idani Thérèse, pour subvenir aux besoins de la famille. De langue maternelle byali, elle parle également le dendi, le waama, le français et se débrouille en fon[1].
En 2009, elle entre dans l'armée et décide de s'entraîner toute seule. Elle se rend en juin 2012 aux Championnats d’Afrique de Porto-Novo, dans son pays, mais ne se qualifie par pour les demi-finales, malgré un nouveau record personnel en 2 min 06 s 72. Lors de cette compétition, elle est découverte par son entraîneur actuel, Claude Guillaume : « Il a proposé de me prendre en charge parce que depuis mon entrée dans l’armée je m’entraînais toute seule. J’ai tout de suite saisi l’opportunité parce que j’avais envie de devenir une grande athlète comme les Kényanes, les Américaines, etc. ». Elle intègre alors le Centre d’entrainement et d’éducation en athlétisme (CEC) et s’entraîne avec le club Running 41 de Blois.
En parallèle, ses supérieurs hiérarchiques à l'armée la détache auprès du ministère des Sports et des Loisirs du Bénin afin qu’elle puisse se consacrer aux entraînements[4].
En 2016, elle termine 6e des championnats d'Afrique en Afrique du Sud. Puis, aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, en août, elle réalise un temps de 1 min 59 s 12 en série du 800 m, puis 1 min 59 s 78 un peu moins de 36 heures plus tard. Elle termine cinquième en demi-finale, treizième au total. Son temps en série la situe juste derrière les quatre meilleures Françaises de tous les temps sur le 800 m[7]. Lors du meeting de Joué-lès-Tours en septembre, Noélie Yarigo établit un nouveau record du Bénin du 1 000 m féminin en 2 min 43 s 04. Elle clôt sa saison par une victoire au DécaNation[8] en 2 min 3 s 80 devant l’Ukrainienne Nataliya Lupu (2 min 3 s 98) et l’Américaine Katie Mackey (2 min 4 s 05)[9].
En mai 2017, elle décroche la médaille de bronze des Jeux de la solidarité islamique à Bakou en 2 min 02 s 47, devancée par la Marocaine Malika Akkaoui et l'Ougandaise Halimah Nakaayi. Le 24 juillet, elle remporte la médaille d'argent des Jeux de la Francophonie d'Abidjan, devancée à nouveau par Malika Akkaoui, mais réalise son meilleur temps de la saison en 2 min 01 s 27. Sélectionnée pour les championnats du monde, à Londres, elle court son meilleur temps de l'année en séries en 2 min 00 s 99, puis l'améliore en demi-finale en 1 min 59 s 74 pour terminer 3e de sa course, manquant la qualification pour la finale pour seulement 8 centièmes[10]. 9e des demi-finales malgré le 7e temps (la dernière demi-finale étant plus lente), elle réalise le meilleur résultat d'un athlète du Bénin dans l'histoire des mondiaux.
En 2020, dans une saison tronquée par la pandémie de COVID, elle remporte le titre national en salle (2 min 06 s 79) et en plein air (2 min 04 s 76)[16]. Elle s'impose en juin à Bydgoszcz avec son meilleur temps de la saison (2 min 00 s 11)[17], à Heusden-Zolder et à Yaoundé.
Le 17 février 2021, à 35 ans, Noélie Yarigo bat à Toruń son record personnel et national en 2 min 01 s 01. En plein air, elle ne compte qu'une victoire à Cergy-Pontoise (2 min 00 s 78) mais réalise durant la saison plus chrono sous les 2 min 01 s, notamment à Sollentuna[18] et Tomblaine, son meilleur temps (2 min 00 s 28). En août, elle participe à ses seconds Jeux olympiques, à Tokyo, où elle atteint de nouveau les demi-finales (7e en 2 min 01 s 41, après s'être blessée à la cheville lors des séries[19]). Elle conclut sa saison par une troisième place à Nairobi, le 18 septembre.
En février 2022, elle est disqualifiée en finale des championnats de France en salle à Miramas. Faisant l'impasse sur les championnats d'Afrique pour raisons de santé[20], elle est tout de même sélectionnée dans l'équipe du Bénin pour les mondiaux de Eugene, au cours desquels elle est pour la troisième fois consécutive demi-finaliste, terminant septième de sa course. Le 30 août, à Rovereto, elle court pour la troisième fois de sa carrière sous les 2 minutes, en 1 min 59 s 75, son meilleur temps depuis 2017[21].
Lors de l'hiver 2023, Noélie Yarigo réalise la meilleure saison de sa carrière, et retrouve une jeunesse à 37 ans. La Béninoise commence sa saison le 4 février à Val-de-Reuil et casse pour la première fois la barrière des 2 minutes en salle, s'imposant en 1 min 59 s 29[22], meilleure performance mondiale de l'année, record du Bénin, ainsi que nouveau record de France. En effet, depuis 2018, seule la nationalité française est nécessaire pour détenir le record de France. Elle améliore ainsi les 2 min 00 s 42 d'Élisabeth Grousselle établis en 2006[23]. 4 jours plus tard, à Toruń, elle termine 2e derrière Keely Hodgkinson (1 min 57 s 87) en battant une seconde fois les records nationaux qu'elle détient, courant 1 min 58 s 48, deuxième meilleure performance mondiale 2023. Avec ce chrono, la franco-béninoise devient la 25e meilleure performeuse mondiale de l'histoire en salle, et la 2e en catégorie master, à 11 centièmes du record du monde des plus de 35 ans détenus par la Tchèque Helena Fuchsová depuis 2001.
Lors de la saison estivale, le 4 juin à Chorzów, Noélie Yarigo court le second meilleur 800 m en plein air de sa carrière, en 1 min 59 s 53, derrière son record national (1 min 59 s 29) établit en 2016. Cinq jours plus tard, lors du Meeting de Paris pour la Ligue de diamant, elle termine 5e de la course et établit un nouveau record du Bénin du 800 m en plein air en 1 min 58 s 65. À 37 ans, elle réalise par ailleurs son deuxième meilleur chrono de référence, derrière ses 1 min 58 s 48 établit en février en salle.
Noélie Yarigo reste très attachée à son pays le Bénin où elle organise chaque année, le 1er mai, une compétition de course pour les jeunes (Les foulées de la Pendjari)[27] dans sa ville natale de Matéri, afin de révéler et d’encourager les jeunes talents dans la pratique de l’athlétisme et dans la poursuite de leurs études.
« C’est pour motiver les jeunes à faire comme moi. Leur montrer que l’on peut réussir par le sport. On peut étudier, mais faire aussi de l’athlétisme. Leur faire découvrir la course à pied, tout en détectant aussi les talents ». « Il faut que quelqu’un prenne la relève quand j’arrêterai ! » révèle-t-elle lors d’une interview accordée au magazine VO2 Run[28].
Notes et références
↑« Athlétisme - Bénin : un "guépard" nommé Noélie Yarigo », Le Point Afrique, (lire en ligne, consulté le )
↑« Des casernes aux arènes, le parcours du combattant de Noélie Yarigo », RFI, (lire en ligne, consulté le ).