Le toponyme « mont Rishiri » est la transcription en japonais d'un mot de la langue aïnou, langue d'origine de Hokkaidō, signifiant « île haute ». Il évoque le fait que le volcan est l'éminence topographique de l'île Rishiri où il est situé[2],[3].
Le mont Rishiri est aussi appelé Rishiridake[n 1], ou, plus couramment : Rishirifuji[n 2], en raison de son allure de mont Fuji flottant sur la mer[3],[4].
Le mont Rishiri est un stratovolcan de la ceinture de feu du Pacifique, le plus septentrional sur l'arc volcanique Nord-Est du Japon. Sa base s'étend sur 23 km selon l'axe nord-ouest/sud-est, et sur 18 km dans la direction sud-ouest/nord-est[5],[6]. Par endroits, elle est située jusqu'à 80 m en dessous de la mer, essentiellement selon l'axe nord-ouest/sud-est. En conséquence, la superficie de la base du volcan est plus importante que celle de l'île Rishiri (18 km selon l'axe nord-ouest/sud-est et 16 km dans la direction sud-ouest/nord-est)[5]. Les parties de l'île non recouvertes par le volcan sont des zones, plus ou moins étendues vers l'intérieur des terres, des littoraux nord, nord-ouest, est et sud-est. Le volume de l'édifice volcanique est estimé à 55 km3, 62 km3 en incluant les cendres accumulées, par voie aérienne, dans le nord d'Hokkaidō lors d'éruptions[5].
Le mont Rishiri possède une forme conique caractéristique des volcans composites. Son point culminant (1 721 m d'altitude) est un dôme de lave appelé pic du Sud [n 3]. Ses pentes, percées de cratères de maar et de cône de scories, notamment au pied du versant nord, sont entaillées par l'érosion qui a donné naissance, au fil des âges, a des vallées radiaires profondes s'élargissant du centre du volcan vers sa circonférence. La plus large de ces vallées, sur le versant sud-ouest résulte de l'érosion du rebord occidental du cratère sommital originel. Outre la cime du volcan, le rebord résiduel comprend le mont Sanchō[n 4] (1 461 m), un pic à 1 719 m (le pic du Nord[n 5]) et un autre à 1 476 m. Sur la face nord de la montagne, un édifice stratovolcanique parasite est visible : le mont Chyōkan[n 6] (1 218 m)[1].
Les pentes du mont Rishiri sont creusées de ravins à disposition radiale, formant de profondes vallées au fond desquelles circule parfois un cours d'eau permanent qui, à son embouchure, au bord de la mer du Japon, produit des cône alluviaux[8]. Ainsi, le fleuve Afutoromanai[n 7] prend sa source sur le versant oriental de la montagne, les fleuves Ochiushinai[n 8] et Hōgyozawa[n 9] sur le versant nord-est, le fleuve Hōsenzawa[n 10] sur le versant sud-est, les ruisseaux Ōkara[n 11] (6 km) et Shisantomarijikai[n 12] sur le versant sud-ouest[1].
Au pied sud du volcan, un maar dessine, en bordure de mer, une dépression plane contenant les étangs Mikazuki[n 13] et Otatomari[n 14], destination touristique populaire de l'île Rishiri. Un autre, dans le nord de l'île, non loin du port Oshidomari[n 15], est totalement rempli par l'étang Hime[n 16], site naturel propice à l'observation des oiseaux sauvages[9],[8].
Les étangs Mikazuki et Otatomari (à droite).
Le ruisseau Ōkara le long du versant sud-est du mont Rishiri.
Le sol de l'île Rishiri s'est formé sur une roche-mère datant du Crétacé (145 - 66 Ma) et du Miocène (23 - 5,3 Ma). L'étude d'affleurements naturels du littoral nord de l'île montre qu'avant le début de la phase orogénique du volcan Rishiri, il y a environ 200 000 ans, l'île était relativement plate[5]. La formation du volcan, qui prend fin il y a 8 000 ans, se déroule en trois phases[6],[5]. Au cours de la première, la lithosphère se fissure localement et des coulées pyroclastiques et de lave, essentiellement composées d'andésite, s'entassent en surface. Puis, à partir d'il y a 130 000 ans et durant une période de 50 000 ans, plusieurs dômes de lave apparaissent[5],[12]. Vers 40 000 ans BP s'ouvre la deuxième phase : de nouvelles coulées de laves (andésite, dacite et basalte) achèvent la formation du volcan principal et engendrent le mont Chyōkan sur son versant nord[5],[12]. La troisième phase s'étend jusqu'à il y a environ 8 000 ans. Des éruptions phréato-magmatiques (basalte, dacite et rhyolite) succèdent à des éruptions stromboliennes (coulées de laves andésitiques et basaltiques), faisant surgir au pied du volcan des dômes de lave, des cônes de scories et des maars[5],[13],[12]. Au-delà du terme de cette dernière phase de formation, aucune émission de lave, de cendre ou de gaz n'a été observée dans le périmètre d'activité volcanique du mont Rishiri[5].
L'Agence météorologique du Japon, se conformant à des normes internationales depuis 2003, considère qu'un volcan est actif s'il est entré en éruption au cours de l'Holocène, soit depuis les 10 000 dernières années environ. Par conséquent, elle classe le mont Rishiri dans sa liste des volcans actifs du Japon[14].
Histoire humaine
Depuis au moins l'époque d'Edo (1603 - 1868), le mont Rishiri sert de repère maritime et est vénéré par la population locale comme une divinité (gongen) de la religion shintō, religion autochtone du Japon. Des prières lui sont adressées pour une traversée de la mer en toute sécurité ou dans l'espoir de réaliser une bonne pêche[15],[3].
Au cours de la seconde moitié de l'époque d'Edo, des explorateurs, comme le géographe japonais Mogami Tokunai, puis Mamiya Rinzō, échouent dans leurs tentatives d'ascension du mont Rishiri. En 1890, venu de l'ancienne province de Kishū, Amano Izojirō, un adepte du shugendō, une tradition spirituelle née au VIIIe siècle au Japon et vouant un culte aux montagnes, réussit, après trois mois d'efforts soutenus, à conquérir le sommet du volcan par sa face nord ; la « voie Oshidomari » est née. Sur le pic du Nord, il construit un hokora dédié à Acala[15],[3].
En 1896, le gouvernement préfectoral de Hokkaidō fait construire au sommet du mont Rishiri une station météorologique[15].
En , le botaniste japonais Tomitaro Makino débarque dans l'île de Rishiri pour constituer un herbier de plantes sauvages[19]. Quatre ans plus tard, il publie, avec Manabu Miyoshi, un autre spécialiste de la botanique, un Atlas illustré des plantes alpines du Japon, dans lequel il décrit, entre autres, des espèces récoltées sur les pentes du mont Rishiri, le long de la « voie Oshidomari »[20].
Activités
Voies d'accès
Deux voies d'ascension principales permettent d'accéder au sommet du mont Rishiri. L'une, la « voie Oshidomari »[n 17], longue d'environ 6,4 km pour un dénivelé de 1 511 m, débute à la source naturelle Kanro[n 18] (altitude 210 m[1]), près d'un terrain de camping accessible par la route depuis l'hôtel de ville de Rishirifuji, dans le nord de l'île. Un sentier de randonnée mène, à travers des forêts de conifères, via le mont Chyōkan et le refuge Rishiridake[n 19] (altitude 1 233 m[1]), à la cime du volcan[21],[9],[3]. Neuf bornes dont les numéros se suivent marquent le tracé de ce chemin d'ascension le long de la face nord de la montagne[21]. Sur le versant ouest, la « voie Kutsugata »[n 20] s'ouvre près du parc Mikaeridai[n 21] (altitude 430 m[1]). Étendue sur 5 km balisés par neuf bornes, elle passe par le mont Sanchō[21].
Une troisième voie, dite « voie Oniwaki »[n 22], existe sur le versant sud-est ; depuis au moins le début des années 2000, elle est interdite d'accès à la suite d'un effondrement près du sommet[3].
Protection environnementale
Le mont Rishiri et ses environs immédiats sont protégés depuis le dans le parc national de Rishiri-Rebun-Sarobetsu qui s'étend sur 241,66 km2[4].
Le long des sentiers de randonnée à flanc de montagne, les autorités locales ont fait construire des murs de soutènement et installer des filets de rétention afin de remédier aux dégradations du sol engendrées par les randonneurs[22].
↑ ab et c(ja) Mairie de Rishirifuji, « 利尻の近代史 : 利尻山登山史と観光 » [« Histoire moderne de Rishiri : histoire de l'ascension du mont Rishiri et tourisme »] [PDF], sur www.town.rishirifuji.hokkaido.jp, (consulté le ).
↑(en) Kyūya Fukada (trad. du japonais par Martin Hood), One Hundred Mountains of Japan [« 日本百名山 »] [« Cent montagnes du Japon »], University of Hawaii Press, , 1re éd., 246 p. (ISBN978-0-8248-4752-4 et 0-8248-4752-0, OCLC881204742), p. 45.
↑ ab et c(ja) Mairie de Rishirifuji, « 登山情報 コース概要 » [« Présentation des parcours de randonnée »], sur www.town.rishirifuji.hokkaido.jp, (consulté le ).
(en) Takeshi Kuritani, Tetsuya Yokoyama et Eizo Nakamura, « Rates of Thermal and Chemical Evolution of Magmas in a Cooling Magma Chamber : a Chronological and Theoretical Study on Basaltic and Andesitic Lavas from Rishiri Volcano, Japan » [« Vitesses d'évolution chimique et thermique des magmas d'une chambre magmatique en cours de refroidissement : étude théorique et chronologique de laves andésitiques et basaltiques du volcan Rishiri (Japon) »], Journal of Petrology, Oxford, Oxford University Press, vol. 48, no 7, (ISSN1460-2415, DOI10.1093/petrology/egm018, lire en ligne, consulté le ).