Au cours d'une carrière de trente années (1963-1992), interrompue par sa mort brutale, il marque de sa patte la musique française et francophone, composant, écrivant et produisant des artistes aussi divers que Bourvil, Véronique Sanson, Françoise Hardy, Johnny Hallyday, et surtout son épouse France Gall. Il est également sollicité par Elton John (duo Donner pour donner avec France Gall) et compose la musique des opéras-rock Starmania (1978) et La Légende de Jimmy (1990) sur des livrets du canadien Luc Plamondon, le premier vendu à plus de 3 millions d'exemplaires depuis sa création et figurant donc parmi les 10 plus grands succès francophones de tous les temps. La distribution de Starmania, plusieurs fois renouvelée du vivant de l'artiste, donne leur chance à un nombre important de jeunes chanteurs de la scène francophone des années 1980, parmi lesquels Daniel Balavoine, Fabienne Thibeault, Maurane ou Renaud Hantson, et plus tard Bruno Pelletier.
Parallèlement mais de façon plus confidentielle, il compose, entre 1970 et 1987, la musique de cinq films.
En 1953, il est âgé de six ans lorsque son père, ayant subi une sérieuse opération des poumons qui le laisse partiellement amnésique (il se souvient de tout sauf de sa famille), abandonne femme et enfants sans aucune explication[3],[4].
Michel Hamburger a souhaité se défaire de son nom de naissance, qu'il n'aime pas car il avait été sujet à moqueries et à cause de l'abandon de sa famille par son père alors que le jeune Michel est âgé de sept ans[7]. Il adopte Berger comme nom de scène.
Il se fait connaître en tant que chanteur dès l'époque de Salut les copains dans les années 1960. En 1963, il fait sa première apparition à la télévision en chantant la chanson la Camomille[8]. C'est également en 1963 qu'il sort un premier EP 45 t avec la chanson phare D'autres filles. D'autres 45 tours vont suivre mais n'accrochent pas le public.
Il passe à la production chez EMI où il écrit, entre autres, pour Bourvil (Les Girafes) en 1967 et il produit et écrit pour Vanina Michel, en 1969, un premier 45 tours Dans la ville de Katmandou[9].
Années 1970 : collaborations
En 1972, entré chez Warner Music, Michel Berger produit les deux premiers albums de sa compagne de l'époque, la chanteuse Véronique Sanson.
En 1973, il décide de relancer sa carrière de chanteur en enregistrant son premier album solo, Michel Berger communément appelé Cœur brisé[N 1], après le départ de Véronique Sanson. Seuls les titres Pour me comprendre et Attends-moi émergent de l'album. Le premier succès de Michel Berger arrive durant l'été de la même année avec Écoute la musique (Quelle consolation fantastique), juste après sa rencontre avec sa nouvelle muse France Gall.
En 1975, il connaît un succès mitigé avec l'album Que l'amour est bizarre dont la chanson éponyme et Seras-tu là ? sont les deux plus réussies. L'année suivante, seule la chanson Mon piano danse, extraite de l'album homonyme, connaît un modeste succès.
En 1974, il écrit pour France GallLa Déclaration d'amour. Il relance la carrière de la chanteuse et produira tous ses albums à partir de 1975 ; il l'épouse le .
L'année 1980 est charnière pour Michel Berger ; son nouvel albumBeauséjour connaît trois grands succès publics : La Groupie du pianiste, Quelques mots d'amour et Celui qui chante. La même année, il monte sur scène au théâtre des Champs-Élysées avec le même succès.
Après un concert au Zénith en 1986, année de la mort de ses amis Daniel Balavoine et Coluche, il n'écrit à partir de cette période que des chansons pour France Gall, pour l'opéra-rockLa Légende de Jimmy, et, en 1988, réalise avec sa propre équipe de musiciens la version d'Allah tirée de l'album de Véronique SansonMoi le venin, figurant sur l'album, tandis que la version initiale, différente et plus courte, sort sur un simple CD maxi. Ce titre est censuré, et, à la suite de l’affaire des Versets sataniques de Salman Rushdie, lui vaut de recevoir des menaces de mort. La chanson raconte le périple d'une femme kamikaze interprétée dans le clip par Hiam Abbass. Pour les auteurs de ces menaces, la chanson est sacrilège, alors que selon la chanteuse, c'est une chanson pacifiste.
Le sort un album interprété pour la première fois en duo avec France Gall, Double Jeu. Le , jour de leur seizième anniversaire de mariage, le couple donne un concert intimiste à la salle New Morning à Paris[13],[14]. Une tournée est programmée : elle devait débuter à la Cigale de Paris, faire étape dans plusieurs grandes villes du monde (comme à Phnom Penh, où le couple avait séjourné l'année précédente[15]), parcourir la francophonie et s'achever au Palais omnisports de Paris-Bercy[16],[17].
Mort
À l'été 1992, Michel Berger se ressource dans sa propriété de Ramatuelle, dans le sud de la France, auprès de son épouse France Gall ; il meurt, le , d'une crise cardiaque à la suite d'une partie de tennis avec Marie-Françoise Holtz, épouse du journaliste Gérard Holtz, présent également sur les lieux.
Fabienne Thibeault qui a collaboré avec l'artiste entre 1978 et 1979, considère que c'est l'enregistrement de l'album Double Jeu qui aurait épuisé Michel Berger en raison de désaccords artistiques avec France Gall, et que le supposé règlement de ses problèmes de couple avec l'avocat aurait engendré chez lui une grande anxiété[18].
Michel Berger est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris, dans la 29e division. Après une bataille juridique l'opposant à la sœur de Michel, Françoise (dite Franka, alors tutrice de leur mère Annette Haas), France Gall obtient, en , le transfert de la sépulture de Michel Berger dans la concession de Pauline située quelques mètres plus loin[19], et que la chanteuse fait transformer en maison de verre le [20].
À Paris, il a vécu avec France à la villa de Beauséjour (16e arrondissement)[21]. En 1986, le couple emménage dans un immeuble haussmanien près du parc Monceau (17e arrondissement)[22], où tous deux passent le reste de leur vie[23]. Dans les années 1970, ils acquièrent aussi la maison du Clos Saint-Nicolas, une résidence à Vasouy, près d'Honfleur (Normandie), qu'agrandit par la suite le frère architecte de Michel Berger. C'est ici que le chanteur aurait composé le tube Résiste[24].
Selon les confidences en 2012 de Franka Hamburger, la sœur de Michel Berger, et de Bernard Saint-Paul, un proche collaborateur de Véronique Sanson, il vivait une histoire sentimentale avec Béatrice Grimm, jeune mannequin et apprentie-chanteuse durant les mois précédant sa mort en 1992[25], et projetait de s'installer avec elle dans une maison à Santa Monica[26].
Grégoire Colard, l'agent de Michel Berger et de France Gall, qui avait cessé de travailler pour eux en 1990, affirme que France Gall était parfaitement au courant de la liaison extra-conjugale de son époux et qu'elle en parlait librement[27]. Selon Jean-Marie Périer, photographe qui a partagé la vie de France Gall quelques mois après la mort de son mari, ils « n’étaient plus ensemble depuis pas loin de quatre ans »[27]. Ni Serge Perathoner, ni Jannick Top, ni Claude Engel, musiciens et proches collaborateurs de Michel Berger jusqu'à sa mort, ne déclarent avoir eu connaissance d'une liaison de l'artiste avec Béatrice Grimm[27].
Hommages
En 1992 ouvre la salle de concert EMB (Espace Michel Berger) à Sannois[28], en hommage à l'artiste.
Une salle municipale de la commune du Plessis-Pâté en Essonne porte son nom.
En 2012, la mairie de Paris lui rend hommage en donnant son nom à une allée du parc Monceau, situé non loin de son ancien domicile.
Le , Google lui attribue un doodle (page d'accueil personnalisée) pour les 72 ans de sa naissance.
En 2020, la troupe Art Music crée un spectacle musical sous le nom de « RE-BRANCHE TOI ! » Tribute Michel Berger /France Gall.
Le , une chanson inédite de Michel Berger, Vivre, est mise en ligne sur Internet. Elle a été enregistrée en 1980, aux États-Unis, pour l'album Beauséjour, mais a été écartée faute de place[29],[30].
En 2022 et 2023, lors de la tournée Starmania, mise en scène par Thomas Jolly et jouée à travers la francophonie, un hommage est rendu à Michel Berger lors de l'Ouverture, grâce à un grand piano blanc dépourvu de pianiste, puis à France Gall, décédée 5 ans plus tôt, que l'on voit chanter quelques minutes de Monopolis au travers d'un hologramme[31].
Message personnel et Première rencontre, Je suis moi et Demain c'est hier
Helmut Grabher alias Jeremy Faith
Jesus, 1971 (musique par Michel Hamburger alias Michel Berger, texte original français par Pierre Darjean, alias Jacques Barouh, de son vrai nom Jean Darcelle, adaptation anglaise de Simon Heiwell)
1979 : Starmania, le spectacle, opéra-rock de Michel Berger et Luc Plamondon (en public au Palais des Congrès)
1982 : Dreams In Stone, de Michel Berger (album studio enregistré et publié aux États-Unis), coarrangé avec Michel Bernholc. Cet album a été un insuccès et c'est pour cela qu'il reste méconnu, notamment en France. Quelques traces restent sur des sites extérieurs[32],[33],[34].
1988 : Starmania, 2e version. Enregistrement CD au théâtre de Paris puis en 1989 au Théâtre Marigny.
1992 : Tycoon, de Michel Berger, Luc Plamondon et Tim Rice (album studio, adaptation anglaise de Starmania)
Cinéma
À la fin de l'année 1984, Michel Berger manifeste un certain intérêt pour le cinéma. Beaucoup de ses proches diront que le chanteur allait vers « une vie derrière la caméra ». Désireux d'apprendre à manier l'outil cinématographique, il réalise en 1987 le clip de France GallBabacar, et en 1988 celui de Papillon de nuit. Au début des années 1990, il rencontre Jacques Kerchache. Les deux hommes ont un intérêt commun : la place de l'artiste dans la société. Ils travaillent ensemble à l'écriture d'un film : Totem, mais le projet n'aboutit pas en raison de la mort du chanteur.
Par ailleurs, il compose plusieurs musiques de films, ainsi que des musiques pour des films publicitaires, dont celle d'Orangina.
1989 : Starmania, live, enregistré au Théâtre Marigny 1 DVD Région 2 - Couleur, stéréo, remasterisé et réédité en 2002 — Biographies incluses de Michel Berger et Luc Plamondon — Durée 116 min — Warner Vision France
2005 : Émilie ou la Petite Sirène 76, conte musical télévisé, argument de Michel Berger & Franck Lipsik — Durée 56 min — 1 DVD Région 2, INA / Éditions LCJ (émission originale télévisée enregistrée en 1976) — Réédition en et
Télévision
1974 : Bons baisers de Tarzan — Téléfilm de Gérard Jourd'hui — Réalisation de Pierre Desfons — Rôle du chanteur : il chante Tarzan (parolier et compositeur, chanson incluse dans son album Chansons pour une fan, 1974) — Diffusion le
2007 : Tous… pour la musique, émission animée par France Gall et réalisée par François Hanss — Hommage à Michel Berger avec des artistes qui interprètent ses chansons — Durée 110 minutes — France 2 le
2011 : Discographie, documentaire musical réalisé par Matthieu Teulé — Durée 115 minutes — France 3 le
2011 : Un jour, un destin documentaire par Laurent Delahousse - Michel Berger : messages personnels - France 2 le
2016 : France Gall et Michel Berger : Toi, sinon personne, documentaire écrit et commenté par Franck Ferrand, réalisé par Olivier Amiot et Antoine Coursat — Durée 120 min — Diffusion le sur France 3
2017 : Michel Berger, 25 ans déjà, soirée animée par Nikos Aliagas pour les 25 ans de la disparition de Michel Berger. Plusieurs artistes français interprètent des chansons de Michel Berger avec des documents rares sur l'auteur-compositeur-interprète, diffusion le sur TF1
2017 : Michel Berger, quelques mots d'amour, documentaire réalisé par Virginie Hénaff et Laysa Aïnouz — 105 min — Diffusion le sur W9
Notes et références
Notes
↑Sans nom, l'album est ainsi nommé du fait de sa pochette illustré par le dessin d'un cœur rouge brisé.
Références
↑Notice de Michel Berger, sous la plume d'Yves Bigot, dans les deux éditions du Dictionnaire du rock, sous la direction de Michka Assayas, Bouquins (2000, p. 136 et 2014, p. 193).
↑Fabienne Thibeault, interviewée par Gilles Trichard, « Le jour où j'ai été embauchée pour Starmania », Paris Match, semaine du 13 au 19 décembre 2018, p. 178.
France Gall (photogr. Thierry Boccon-Gibod), Michel Berger, Haute fidélité, Paris, Éditions Fetjaine, coll. « Musique », , 144 p., relié, 28 cm × 23 cm (ISBN978-2-35425-377-6)Album-souvenir de photos prises par l'ami d'enfance de Michel Berger, le photographe Thierry Boccon-Gibod (auteur, notamment, de nombreuses pochettes d'albums-musique), et commentées par France Gall.