Maurice-Marie Janot est le fils de Joseph Janot, pharmacien, et d'Augustine, née Soyard, libraire. Il passe son enfance à Plombières. Entré en 1914 au lycée Saint-Louis de Paris, il poursuit ses études secondaires au collège de Remiremont et au lycée Gérôme de Vesoul. Il obtient la première partie du baccalauréat en 1920. L'année suivante, c'est au lycée Henri-IV, à Paris de nouveau, qu'il se prépare aux épreuves de la seconde partie.
Après avoir terminé son internat à la clinique Tarnier, il part pour Zurich où il réside pendant deux ans, poursuivant ses recherches sur le sclaréol au laboratoire de Lavoslav Ruzicka. Sous la direction d'Auguste Béhal et de Raymond Delaby, il prépare le doctorat en sciences naturelles qu'il obtient en 1932. Il bénéficie dans les années qui suivent d'une bourse d'études de la Caisse nationale des sciences. Il devient en 1937 chargé de recherche à la Caisse nationale des sciences et maître de conférences à la faculté de pharmacie et, l'année suivante, chargé de conférences de pharmacie galénique et de morphologie et biologie végétales. En 1941, il accède à la chaire de pharmacie galénique. En 1950, il est reçu docteur en médecine.
À la création de l'Institut de chimie des substances naturelles du C.N.R.S., à Gif-sur-Yvette, en 1955, Maurice-Marie Janot est nommé à la direction, qu'il conservera jusqu'en 1968, de la section des alcaloïdes et des antibiotiques, Edgar Lederer prenant celle des substances d’origine microbienne, végétale ou animale. Pendant cette période, entre 1958 et 1966, Janot est assesseur du doyen de la faculté de pharmacie. Il prend sa retraite en 1974. Il meurt à Paris, le .
L’œuvre scientifique
La chimie des substances naturelles
La première étude de Maurice-Marie Janot, sujet de sa thèse de doctorat en sciences naturelles, a porté sur la chimie du sclaréol, principe cristallisé isolé de l'essence de sauge dont il a démontré en 1931, dans le laboratoire de Lavoslav Ruzicka à l'École polytechnique de Zurich, la nature diterpénique.
Par la suite, Janot a consacré l’essentiel de ses recherches à la chimie des substances naturelles d’origine végétale, et plus particulièrement des alcaloïdes dont il a isolé, analysé, synthétisé et étudié plus d’une centaine. Pour en établir la structure, il a été l’un des premiers à utiliser la résonance magnétique nucléaire, la spectrométrie de masse et le dichroïsme circulaire.
En 1953, il a élucidé la structure de la corynanthéine, étape majeure dans le progrès de la chimie des alcaloïdes.
Tous d’un grand intérêt théorique, certains des résultats obtenus par Maurice-Marie Janot ont également présenté un intérêt pratique, ceux par exemple qui ont porté sur des types structuraux nouveaux, sur des mécanismes stéréochimiques et réactionnels ou sur des voies d'accès simplifiées aux hormonesstéroïdes.
Les autres domaines
De 1939 à 1940, Maurice-Marie Janot a contribué, en chimie biologique, aux recherches d'Yves Raoul sur le dosage de la vitamine A et du carotène dans le sang. Il a également travaillé sur les antibiotiques, et ce dès 1943. D’autre part, il a poursuivi des recherches en hydrologie sur les eaux vosgiennes radioactives, et en physiologie sur la chimie de la croissance des plantes. Enfin, en 1972, il a abordé l'étude des lipides de l'ovocyte du cœlacanthe.
L’enseignement
Dans le domaine de la chimie des substances végétales, Maurice-Marie Janot est à l’origine, avec Robert Goutarel, d'une école très active. Parmi les élèves formés à son enseignement, près de quarante sont devenus, en France, professeurs, maîtres de conférences, directeurs ou maîtres de recherche au CNRS. À l'étranger, douze de ses élèves ont accédé au professorat.
L'œuvre de Maurice-Marie Janot se prolonge aujourd’hui dans les études de chimie et de pharmacologie des substances naturelles que poursuivent, en France comme à l'étranger, l'Institut de chimie des substances naturelles et plusieurs autres centres de recherche.
Sociétés et académies
Membre résidant de la Société de pharmacie de Paris (future Académie de pharmacie en 1941).
Le prix Maurice-Marie-Janot (Maurice-Marie Janot Award) est une récompense créée en 1986 par l'Association de pharmacie galénique industrielle (APGI), la fondation Paul Neumann pour la recherche scientifique et l'Association francophone des enseignants de pharmacie galénique (AFEPG). Il est décerné à un chercheur en pharmacologie de niveau international[5]. En 2012, il a été accordé au professeur Robert Gurny, de l'université de Genève[6] et, en 2014, au professeur María José Alonso, de l'université de Saint-Jacques-de-Compostelle[7].
1947 : avec Paul Lebeau et Gaston Courtois, Traité de pharmacie chimique, Paris, Masson et Cie, 3e éd. (OCLC602958902) (et 1956, 4e éd.)
1949 : avec Albert Goris, André Liot et André Goris, Pharmacie galénique, Paris, Masson et Cie, 3e éd., 2315 p., 2 vol..
1949 : avec Ernest Fourneau, Les Curares : Aperçu sur la chimie des curares et de quelques substances curarisantes (extrait des Annales pharmaceutiques françaises), Paris, s. n., coll. « Travaux du laboratoire de matière médicale de l'École supérieure de pharmacie de Paris » (no 34), s. d. [1949 ?], 25 p. (OCLC493469360).
1953 : avec Jean Keufer, Mécanismes biochimiques de l'activité des antibiotiques : Pénicilline, streptomycine, « tyrothricine », Paris, Masson et Cie, 74 p. (OCLC459766237).
Annexes
Bibliographie
Alain Horeau, « Notice nécrologique sur Maurice-Marie Janot », C. r. hebd. séances Acad. sci., vol. 288, séance du 18 juin 1979, p. 174-177 (lire en ligne).
Maurice-Marie Janot, Exposé des titres et des travaux scientifiques de Maurice-Marie Janot, Paris, ancienne imprimerie de la cour d'appel, , 64 p. (lire en ligne).
Pierre Potier, « L'Œuvre de Maurice-Marie Janot », dans un recueil des allocutions prononcées en hommage à Maurice-Marie Janot à la faculté de pharmacie le et à Plombières le 22, CNRS, [sd], p. 12-20. (Lire en ligne. Consulté le .)
Jacques Poisson, « Maurice-Marie Janot (1903-1978) », dans Laurence Lestel (dir.), Itinéraires de chimistes : 1857-2007 : 150 ans de chimie en France avec les présidents de la SFC, Paris, EDP Sciences, , p. 265-268.
« Le Professeur Janot à l'Académie des sciences », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 55, no 192, , p. 377-379 (lire en ligne, consulté le ).
Guillaume Valette, « Maurice-Marie Janot (1903-1978) », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 67, no 240, , p. 67-68 (lire en ligne).
↑Voir le site officiel de l'Association de pharmacie galénique industrielle.
↑« Maurice-Marie Janot Award 2012 », dans APGI Gazette, vol. 27, no 1, 2012, pp. 5-6 (Lire en ligne [PDF]. Page consultée le 1er mai 2013.)
↑« Prof. María José Alonso, « Nanobiopharmaceuticals research », 2014 Maurice Marie Janot Award ». Lire en ligne sur le site du Cimus (Centro Singular de Investigación en Medicina Molecular e Enfermidades Crónicas de la Universidad de Santiago de Compostela).
↑D'après Georges Dillemann, « Historique des facultés de pharmacie et de leurs chaires magistrales », Produits et problèmes pharmaceutiques, vol. 25, no 1, , p. 47-51 (résumé)