Elle vient à Paris pour étudier à l'École des Beaux Arts. À la suite de sa rencontre avec les comédiens André Luguet, ex-jeune premier du cinéma français et américain, et Micheline Presle, star montante du cinéma français, elle suit les cours de théâtre de Robert Manuel et de René Simon.
Elle débute au théâtre dans Phèdre sous le nom de Maryse Arley[2] en 1940. Pendant l’Occupation, comme beaucoup d’acteurs français, elle tourne des films financés par la firme allemande Continental, dirigée par Alfred Greven. En 1941, elle figure dans Le Dernier des six, aux côtés de Pierre Fresnay et Jean Tissier, puis dans Les Inconnus dans la maison, avec Raimu. Elle tourne également en 1942 dans un film à sketchs ouvertement antisémite et anti-américain intitulé Les Corrupteurs réalisé par Pierre Ramelot[2].
Le nom de Martine Carol va toutefois rester associé pour longtemps au personnage qui la rend célèbre : Caroline chérie, film de Richard Pottier adapté des romans de Cécil Saint-Laurent. Elle y incarne, sous la Révolution française, une jeune aristocrate qui aime un seul homme, mais qui, pour sauver sa vie, « doit souvent sacrifier sa vertu et prêter son corps, ce qui ne lui déplait pas toujours[4] ». Le film obtient un grand succès public : attirant 3,6 millions de spectateurs, il se classe à la neuvième place du box-office pour l'année 1951. Deux ans plus tard, le cinéaste Jean Devaivre lui donne une suite sous le titre Un caprice de Caroline chérie, qui remporte lui aussi un grand succès public avec 2,8 millions de spectateurs. Les deux films comportent des scènes érotiques « montrées de façon à ne choquer personne[4] ». Caroline chérie installe le mythe de « la femme-objet au grand cœur », de « la pécheresse à laquelle on pardonne tout ».
En 1955, Lola Montès de Max Ophüls lui attire enfin la faveur de la critique, qui lui reprochait jusqu'alors d'être « une mauvaise comédienne ». Le film retraçant la vie d'une courtisane déchue et ruinée, qui s'exhibe dans un cirque pour pouvoir survivre, est en revanche boudé par les spectateurs. Certains critiques le qualifient de « film maudit[5] ». Le public refusa la démythification du vedettariat exhibitionniste dont Martine Carol était alors le symbole.
Martine Carol se voit remettre la Victoire de la meilleure actrice en 1953 (pour Adorables créatures), en 1954 (pour Lucrèce Borgia) et en 1956 (pour Nana). En 1956, Elle reçoit le prix Ciné-Revue de Popularité féminine (ex æquo avec Michèle Morgan).
Elle sombre dans la dépression, fait une consommation importante de médicaments et s'impose des cures draconiennes d'amaigrissement. Après une interruption de quatre ans et un nouveau mariage avec un homme d'affaires anglais, elle tourne son dernier film, Jugement à Prague, en 1966. Peu de temps après le tournage, elle est retrouvée morte par son mari le , à 2 heures 30 ou 3 heures du matin, dans sa chambre à l'hôtel de Paris à Monte-Carlo, victime d'une crise cardiaque. Des rumeurs de suicide circuleront.
Elle est inhumée (provisoirement) une première fois le au cimetière du Père-Lachaise à Paris puis, le , au cimetière du Grand Jas (carré no 3) à Cannes (Alpes-Maritimes). Le , le chef-jardinier et le concierge découvrent que la dalle du caveau de la famille Mourer a été déplacée et que des voleurs ont dérobé les bijoux enterrés avec elle[5]. Le , une troisième fois, Martine Carol est inhumée[6].
Vie privée
Lorsque le comédien Georges Marchal, son premier amour, lui préféra Dany Robin, elle se jeta dans la Seine, le , au pont de l'Alma, après avoir absorbé de l'alcool et des médicaments ; un chauffeur de taxi la sauva de la noyade[7]. La presse ne prend pas l'affaire au sérieux et évoque un « suicide publicitaire[8] ».
Elle se mariera, par la suite, quatre fois : le avec Josef Stephen Crane dit Steve Crane, acteur et restaurateur américain, auparavant marié deux fois à Lana Turner. En , elle confirme sa séparation de Steve Crane ; puis elle épouse le le cinéaste français Christian-Jaque, rencontré en 1952. Ils divorcent le . André Rouveix, un jeune médecin français rencontré à Fort-de-France, l'épouse le ; elle demande le divorce en . Elle épouse enfin Mike Eland, un homme d'affaires anglais, le à Londres.
Théâtre
1940 : Phèdre (sous le pseudonyme de Maryse Arley ; rôle d'Aricie)
↑Dominique Choulant, Martine Carol ou le destin de la Marilyn française, 2011, p. 18
↑ a et b« CINEMA FEMME-OBJET OU FEMME EMANCIPEE ? », Le Monde, (lire en ligne)
↑ a et bJacques Siclier, « La Marilyn française s'appelait Martine Carol », Le Monde, (lire en ligne)
↑Dominique Choulant, Martine Carol ou le destin de la Marilyn française, 2011
↑Des rumeurs ont évoqué la possibilité d'une mise en scène à des fins médiatiques. Voir Barrot et Chirat, Noir et Blanc, op. cit., p. 121.
↑Jacques Zimmer, Les grandes affaires judiciaires du cinéma, Paris, Nouveau Monde éditions, , 284 p. (ISBN978-2-36583-850-4), p. 136
Annexes
Bibliographie
Georges Debot, Martine Carol ou la Vie de Martine chérie, France-Empire, Paris, 1979, 238 p.
André-Charles Cohen, Martine chérie, Ramsay, Paris, 1986, 181 p. (ISBN2-85956-520-5)
Dominique Choulant, Martine Carol : L'Étoile aux cheveux d'or, coll. Itinéraires-vécu, Les Chemins de l'espérance, Paris, 1997, 207 p. (ISBN2-9510075-6-6)
Arnaud Chapuy, Martine Carol filmée par Christian-Jaque : Un phénomène du cinéma populaire, coll. Champs visuels, l'Harmattan, Paris, 2001, 125 p. (ISBN2-7475-0167-1)
Franck Bertrand-Boissie, Le Vertige de Martine Carol (roman), l'Harmattan, Paris, 2011, 150 p. (ISBN978-2-296-54391-1)
Dominique Choulant, Martine Carol ou le Destin de la Marilyn française, préface de Brigitte Bardot, coll. Temps mémoire, Autres Temps, Marseille, 2011, 221 p. (ISBN978-2-84521411-8)
Documentaires
Denis Derrien, Martine Carol (Ces chers disparus), 1979
Gilles Nadeau, Martine chérie, 1992
Eric Bitoun, Martine Carol, plus dure sera la chute, 2019
Hommages
Une rue à Grasse et une allée à Montpellier portent son nom
En 1956, l'éditeur Jean Chapelle donne le nom de Tartine Mariol à un personnage de bande dessinée d'origine italienne dont les aventures seront publiées sur divers supports en petit format jusqu'en 1976.