Margaret Clark-Williams (1910-1975) est une psychanalysteaméricaine installée à Paris. Elle a été au centre d'une affaire judiciaire concernant le libre exercice de la psychanalyse par des non-médecins en 1950.
Biographie
À l'âge de 21 ans, en 1931, elle vient en France, et demeure avec la famille de Pauline Kergomard, à Lyon. Elle est à Vienne durant l'hiver 1931-1932 et participe aux activités du cercle freudien. Elle retourne ensuite aux États-Unis, avec ses deux enfants et y demeure jusqu'en 1945. De retour à Paris, elle entreprend une analyse avec Raymond de Saussure[1] puis est reçue comme membre de la Société psychanalytique de Paris, et fait une supervision avec John Leuba.
Pour Le Figaro, c'est une affaire « assez curieuse et dont le jugement sera appelé à faire jurisprudence »[3]. Le , un commissaire de police conduit une perquisition ordonnée par le juge d'instruction au domicile de Margaret Clark-Williams. Le rapport de police relate qu'elle « emploie des moyens enfantins » : « elle fait dessiner une maison ou un arbre et s'il n'y a pas de trait en bas, elle dit que l’enfant manque de base ! »[4]. La question de la violation du secret professionnel au cours de cette perquisition est soulevée[5], et à travers elle celle de la reconnaissance d'actes professionnels, reconnaissance que le juge d'instruction a d'emblée déniée en instruisant à charge[6]. La Société psychanalytique de Paris soutient Margaret Clark-Williams, l'invite à faire une conférence et l'accepte comme membre adhérente en [7].
Le , le procès commence dans un contexte de « mise en cause »[8] de la psychanalyse concernant la pratique de la psychothérapie par des non-médecins.
Georges Heuyer, Georges Parcheminey, Juliette Favez-Boutonier témoignent en faveur de Margaret Clark-Williams. De nombreuses personnalités comme John Leuba, André Berge, Daniel Lagache la soutiennent. Des médecins sollicités, s'estimant manipulés[9], refusent de témoigner à charge, tel Jean Delay, pourtant défavorable à la pratique de la psychanalyse par des non médecins[9], par égards pour « une femme tout à fait estimable »[9]. Elle est défendue par Yvonne Netter, les plaidoiries ne commencent que début .
L'acquittement est prononcé le « en l'absence d'une réglementation propre à la psychanalyse ». L'ordre des médecins interjette appel. Une condamnation définitive est prononcée le [10] et condamne Margaret Clark-Williams à 100 F d'amende. Une amnistie pour toute amende intervient avant qu'un recours en cassation ne soit décidé.
↑G. Schopp, « L'affaire Clark-Williams ou la question de l'analyse laïque en France », cf. bibliographie
↑Confidence du juge d'instruction Goletty, cité in Yvonne Netter, Lettre à Marie Bonaparte, Paris, 27 septembre 1952, in BNF, Département des manuscrits, fonds Marie Bonaparte.
G. Schopp, « L'affaire Clark-Williams ou la question de l'analyse laïque en France », Revue internationale d'histoire de la psychanalyse, Paris, , en ligne.