Issu d'une ancienne famille distinguée de la Flandre française, Louis-Marie nait le à Lille (baptisé à l'église Saint-Étienne). Il était le plus jeune des fils de Pierre Jacques Joseph de Brigode, écuyer, seigneur de Kemlandt, conseiller-secrétaire du Roi, Maison et couronne de France en la chancellerie près le Parlement de Flandres, et de Marie Catherine Recq.
Nommé le , président du collège électoral de l'arrondissement de Lille, il est présenté, le 24 février, en cette qualité à l'empereur ; et après avoir exprimé la reconnaissance des habitants, il ajouta :
« Cet hommage, sire, nous ne l'adressons pas au prince victorieux, ni au dominateur des nations; mais au protecteur des arts, à celui qui anime notre industrie, qui embellit nos villes, et fait fleurir nos campagnes ; et c'est sous son heureuse influence que nous jouissons aussi, pour les générations futures, des gages de bonheur que leur promet votre heureux hyménée »
Le , M. de Brigode, en sa qualité de maire de Lille, et accompagné du conseil municipal, offre à l'empereur cinquante cavaliers, armés et équipés, en lui disant :
« Lorsque nous avons appris les désastres causés dans vos armées par la rigueur des saisons, nous avons éprouvé le besoin d'offrir à V.M. nos bras et notre fortune, pour réparer des pertes imprévues : mais aujourd'hui que la trahison augmente ces désastres, l'indignation succède à la douleur ; le sentiment de l'honneur national reçoit une nouvelle force, et l'amour de la patrie et du souverain prend un nouvel essor. Les habitants de Lille n'ont jamais eu besoin d'exemple quand ils pouvaient montrer à Votre Majesté combien leur dévouement est sans bornes pour sa personne sacrée. »
Le 22 mars, il reçoit Louis XVIII, accompagné de ses fidèles, maréchaux et ministres, dans sa résidence lors de son passage dans sa ville alors qu'ils se rendaient à Gand. Brigode se met en retrait de ses fonctions publiques pendant l'absence du monarque. Démissionnaire lors des Cent-Jours, il s'éloigne de Lille et de l'activité politique.
Il est réintégré par l'ordonnance du et continue ensuite à remplir les fonctions de maire avec autant de sagesse que de modération. Il est fait président du collège électoral de l'arrondissement de Lille le 26 du même mois.
Nommé Pair de France le , il donne sa démission de maire de Lille dans le courant de .
Dans le cours de sa longue et honorable administration comme maire d'une des principales villes de France, il a eu souvent occasion de manifester son dévouement pour la chose publique et pour le chef de l'état. Il donna au trône légitime des preuves non moins équivoques de sa fidélité et de la droiture de ses sentiments, en cessant, notamment, ses fonctions de maire de Lille lors de l'« usurpation » de Buonaparte. À une époque où le chaos politique exacerbe les passions, des placards apparaissaient déjà sur les murs de la ville de Lille : « De Brigode-Kenlan, Chambellan du Tyran, prends tes guêtres et va-t-en. »
Il se distingua à la chambre haute par la pondération de ses opinions.
En , il demande que les départements et les communes puissent garder la libre disposition de leurs revenus et de leur centimes additionnels. Il défend, le , la liberté de la presse, vote contre les lois d'exception et contre toutes les mesures en désaccord avec les principes constitutionnels de le Charte de 1814.
Louis XVIII lui confirme le titre de comte le [3].
Le comte de Brigode était excellent musicien et avait la réputation d'un homme d'esprit.
Un laissez-passer pour les Pays-Bas, conservé en mairie de Lille, donne de lui une description succincte : taille : 1,73 m ; cheveux : châtains ; front : haut ; yeux : bleus ; nez : régulier ; bouche : moyenne ; menton : rond ; visage : ovale ; teint : coloré !
Mariages et descendance
Il se marie deux fois.
Il épouse à Lille le 1er février 1801 Marie Bonne Romaine Potteau (Lille, 17 janvier 1780 - Lille, 26 juillet 1802), fille de Bon Louis Joseph Potteau, écuyer, seigneur de La Rue, bourgeois de Lille, conseiller du roi en la chancellerie près le Parlement de Flandres[4] et de Françoise Joseph Le Mesre. Dont un fils.
Armes sous l'Ancien Régime, reprises sous la Restauration : Écartelé : aux 1 et 4, d'or, à trois étoiles mal-ordonnées de sable ; aux 2 et 3, d'azur, au cygne d'argent. L'écu entouré d'une bordure de gueules. Supports: deux licornes. Devise: PATRIAE REGIQUE FIDES[7],[8].
Ou,
Brigode de Kemlandt Coupé : au 1, de gueules, à trois quintefeuilles d'argent ; au 2, d'argent, au cygne de sinople. Devise: DIEU EN SOIT LA GARDE[7]
Armes de Comte de l'Empire : Ecartelé au 1 et 4 d’or à trois étoiles de sable, au 2 et 3 d’azur au cygne d’argent (de Brigode) ; au canton des comtes officiers de la Maison de l'Empereur.[9] ;
Notes et références
↑Nord dépt, Annuaire statistique [afterw.] Annuaire du département du Nord. An xi-1890, , 414 p. (lire en ligne), p. 54.
↑ a et bPaul (1874-19 ) Auteur du texte Denis Du Péage, Recueil de généalogies lilloises. Tome 2 / par Paul Denis Du Péage,..., 1906-1909 (lire en ligne), p. 500-501.
↑Paul Denis du Péage, « Recueil de généalogies lilloises - tome I », Recueil de la société d'études de la province de Cambrai, vol. 12, 1906-1909, p.392 (lire en ligne).
↑Confirmation du titre de marquis de Brigode du Hallay-Coëtquen, par arrêté ministériel du , en exécution d'un décret présidentiel du .
↑Vicomte Albert Réverend, Titres anoblissements et pairies de la Restauration 1814-1830, tome 1, Paris, Honoré Champion, (lire en ligne), p. 353-355