Cependant, son action trouve un large écho, notamment parmi la noblesse allemande. De grands princes adhèrent à ce projet de réforme. Ils sont cependant en danger, au ban de la chrétienté et de l'Empire. En 1530, les théologiens catholiques et l'empereur réfutent un nouveau texte luthérien, la Confession d'Augsbourg, lors de la diète impériale célébrée dans cette ville. L'édit de Worms confirmé, les princes doivent se soumettre avant le , ainsi que rétablir dans leurs États la juridiction épiscopale, et restituer les biens de l'Église[2].
Formation
Les princes protestants décident alors de défendre la cause luthérienne contre l'Empereur, et soutenir son action. Philippe Ier de Hesse et Jean-Frédéric Ier de Saxe, organisent une rencontre à Smalkalde, le [2]. C'est là que le [3], huit princes et onze villes se mirent d'accord pour former une alliance défensive : la Ligue de Smalkalde. La Confession d'Augsbourg fut considérée leur déclaration de foi, et une charte fut rédigée. Ses membres s'engagent également à fournir des troupes, créant ainsi une force civile et militaire. 10 000 fantassins et 2 000 cavaliers forment les rangs de la Ligue[2].
Néanmoins, aucun affrontement majeur ne survient dans les premières années de la Ligue. Confronté à un nouveau conflit avec la France et à la menace ottomane, accrue à la suite de la bataille de Mohács, Charles Quint déclare la paix de Nuremberg en 1532 et accorde le droit de culte aux membres de la Ligue[2].
Du côté de l'empereur, le vice-chancelier Matthias Held(de) forma sa propre alliance d'États catholiques, la Ligue de Nuremberg, en [4].
Cherchant des alliés parmi les princes luthériens, Charles-Quint parvient à rallier à sa cause Maurice, duc de Saxe et cousin au second degré de Jean-Frédéric Ier, ainsi qu'Albert V de Bavière. Pour le premier, l’empereur promet toutes les terres et les titres de Jean-Frédéric Ier comme récompense. Le deuxième est persuadé par une offre de mariage[2]. En 1544 les relations entre l'empire et la France se rétablissent lors de la déclaration de la trêve de Crépy-en-Laonnois[5]. Charles-Quint bénéficie également de nouvelles négociations et armistices avec l'Empire ottoman[6]. La guerre de Smalkalde éclate alors, en 1546[5].
L'armée impériale, munie des forces de Ferdinand de Tolède, duc d'Albe, et de Maurice de Saxe[7], écrase la ligue à la bataille de Mühlberg le . Mais d'un point de vue politique, les partisans de Luther sont déjà trop puissants ; la paix d'Augsbourg, signée le par l'Empereur, permet aux princes et seigneurs de choisir pour eux et leurs vassaux l'une des deux confessions chrétiennes, et autorise les sujets en désaccord avec la religion de leur suzerain à émigrer[8].
↑Depuis l'avènement de Souleiman I., jusqu'à premier traité de paix de l'Autriche avec la Porte Ottomane, 1520 - 1547, Bellizard, (lire en ligne), p. 396
Paul Kittel, George Jean : Par la grâce de Dieu, comte Palatin du Rhin, duc de Bavière, comte de Veldenz et de la Petite-Pierre, fondateur de Phalsbourg, Éditions du musée de Phalsbourg, Éditions du Griffon, 2002, 978-2913162211.
Hubert Guicharrousse, « Luther et la légitimité de la guerre : la Ligue de Smalkalde et le droit de résistance », dans Jean-Paul Cahn, Françoise Knopper, Anne-Marie Saint-Gilles (éditeurs), De la guerre juste à la paix juste. Aspects confessionnels de la construction de la paix dans l’espace franco-allemand (XVIe – XXe siècles), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p. 35-48.