La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

Titre original Ensayo de un crimen
Réalisation Luis Buñuel
Scénario Luis Buñuel
Eduardo Ugarte
Rodolfo Usigli
Acteurs principaux
Genre Comédie noire
Durée 89 minutes
Sortie 1955

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz est un film de Luis Buñuel, sorti en 1955.

En , le film est inclus dans la liste Ă©tablie par la revue Somos des 100 meilleurs films mexicains de tous les temps[1].

Synopsis

Accroche

Un homme dispose, grĂące Ă  une boĂźte Ă  musique magique, du pouvoir de faire mourir les femmes simplement en souhaitant leur mort : s'il imagine Ă©gorger, fusiller ou Ă©trangler sa victime, celle-ci meurt effectivement Ă©gorgĂ©e, fusillĂ©e ou Ă©tranglĂ©e quelques instants plus tard.

Résumé détaillé

Archibald de la Cruz, dans une chambre d’hĂŽpital raconte son enfance Ă  une infirmiĂšre. Nous sommes alors pendant la rĂ©volution. Sa gouvernante lui raconte que sa boĂźte Ă  musique appartenait Ă  un roi qui avait le pouvoir de tuer quiconque, en la mettant en marche. Ce que le petit Archibald veut vĂ©rifier. Il dĂ©clenche le mĂ©canisme de la boĂźte et la gouvernante reçoit une balle Ă  la gorge et meurt. La nonne refuse d’en entendre davantage. Archibald lui rĂ©torque qu’il va la tuer et sort un rasoir.

Elle s’enfuit et se tue en tombant dans la cage d’ascenseur. Archibald se rend alors chez un magistrat pour s’accuser du crime et lui fait le rĂ©cit de son existence. Un jour, devenu adulte, il voit une jeune femme qui s’apprĂȘte Ă  acquĂ©rir la boĂźte Ă  musique de son enfance chez un joaillier. Il parvient Ă  racheter celle-ci. RentrĂ© chez lui, il se coupe au visage en se rasant. La vue du sang lui rappelle aussitĂŽt la mort de sa nurse et il Ă©prouve un impĂ©rieux besoin de tuer. Le soir mĂȘme, il observe un couple de sa connaissance dans une salle de jeux. L’homme et la femme se disputent. Elle part seule et a un accident de voiture sans gravitĂ©. Archibald propose de la reconduire, mais il passe d’abord prendre un rasoir chez lui. Une fois dans la demeure de la femme, il s’apprĂȘte Ă  mettre son crime Ă  exĂ©cution. Mais le mari revient et se rĂ©concilie avec son Ă©pouse.

DĂ©pitĂ©, Archibald s’en va. Le lendemain matin, il apprend que le couple de la veille s’est Ă  nouveau disputĂ© et que la femme s’est suicidĂ©e en se tranchant la gorge. Plus tard, dans un cabaret Ă  la mode, il retrouve la femme qui avait failli acheter sa boĂźte Ă  musique et cherche Ă  la sĂ©duire. Archibald se rend au lieu du rendez-vous qu’elle lui a fixĂ© et constate que la jeune femme n’est lĂ  que sous la forme d’un mannequin de cire. Apprenant qu’elle pose rĂ©guliĂšrement pour la confection de ces mannequins, il se rend Ă  l’atelier de cire, la voit et la convie chez lui.

Elle vient et dĂ©couvre qu’il a achetĂ© son mannequin. Elle ignore qu’il a le dessein de la tuer, puis de l’incinĂ©rer dans son four Ă  cĂ©ramique. Archibald se prĂ©pare Ă  passer Ă  l’acte, mais la jeune femme s’est moquĂ©e de lui. Elle a donnĂ© rendez-vous dans la maison Ă  un groupe de touristes dont elle a la charge. Fou de rage, Archibald brĂ»le le mannequin. Puis il se dĂ©cide Ă  Ă©pouser une jeune femme, Carlotta, afin de guĂ©rir de ses obsessions. DĂ©couvrant qu’elle a un amant, il se prĂ©pare Ă  assassiner la jeune femme au cours de la nuit de noces.

Il n’en a pas le temps. Elle est tuĂ©e Ă  coups de revolver par son amant. Archibald fait une dĂ©pression nerveuse. Il se retrouve Ă  l’hĂŽpital, oĂč la nonne est morte par sa faute. Le magistrat, aprĂšs avoir Ă©coutĂ© ces aveux, dĂ©clare qu’on ne peut arrĂȘter tous les gens qui ont envie de tuer quelqu’un, sinon la moitiĂ© de l’humanitĂ© serait en prison. Il laisse alors partir Archibald, qui va jeter la boite Ă  musique dans un Ă©tang. Archibald constate ensuite qu’il est incapable de tuer un insecte et rencontre la femme dont il a brĂ»lĂ© le double en cire. Ils partent tous les deux, bras dessus bras dessous.

Fiche technique

Distribution

Métaphores et significations cachées

La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz est un film d’entomologiste. Luis Buñuel observe son obsĂ©dĂ© avec une prĂ©cision scientifique et dĂ©crit chaque phase de la nĂ©vrose de ce dernier, le film entier Ă©voluant selon un processus quasi mĂ©canique d’une grande sophistication.

Cette Ɠuvre qui scrute la pulsion de meurtre d’un homme est aussi une rĂ©flexion caustique sur l’impuissance sexuelle et une satire fĂ©roce de la grande bourgeoisie mexicaine. D’ailleurs, derriĂšre chaque victime se cache un emblĂšme aisĂ©ment identifiable : la nurse (l’éducation), la nonne (la religion), la femme riche et dĂ©sƓuvrĂ©e (la bourgeoisie) et la fausse vierge cherchant un bon mariage (l’hypocrisie). Seule la femme qui travaille pour subvenir Ă  ses besoins, et assure ainsi son indĂ©pendance, peut Ă©chapper Ă  ce jeu de massacre. Elle travaille avec son esprit (guide pour touriste) et son corps (modĂšle pour mannequins de cire). Elle sait mettre en scĂšne les situations (voir son jeu chez Archibald) et fait preuve d’une certaine libertĂ© sexuelle.

DerriĂšre La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz est Ă©noncĂ©e une cĂ©lĂ©bration de la libertĂ© individuelle, dont Buñuel semble nous dire qu’elle n’est accessible qu’à la condition prĂ©alable de savoir oĂč commence le rĂȘve et oĂč finit la rĂ©alitĂ©. Le problĂšme d’Archibald, dont les dĂ©sirs de meurtre ne sont que des enfantillages, Ă©tant d’ignorer l’existence de cette frontiĂšre.

La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz est le plus surrĂ©aliste des films de Luis Buñuel depuis L'Âge d'or ; bien que ce surrĂ©alisme rĂ©side plus dans l’esprit que dans la forme. En effet, cette derniĂšre est d’une sobriĂ©tĂ© qui confine Ă  la platitude, ce qui offre un Ă©trange contrepoint Ă  la dĂ©mence et aux manies du hĂ©ros.

Bibliographie

  • Marcela Iacub, « Que signifie ĂȘtre un assassin ? À propos de La vie criminelle d'Archibald de la Cruz de Luis Buñuel Â», Savoirs et clinique, Éditions ÉrĂšs, no 17 « Transferts cinĂ©philes. Le cinĂ©ma latino-amĂ©ricain et la psychanalyse Â»,‎ , p. 34-40 (DOI 10.3917/sc.017.0034, lire en ligne).

Références

Liens externes