La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz est un film de Luis Buñuel, sorti en 1955.
En , le film est inclus dans la liste Ă©tablie par la revue Somos des 100 meilleurs films mexicains de tous les temps[1].
Synopsis
Accroche
Un homme dispose, grùce à une boßte à musique magique, du pouvoir de faire mourir les femmes simplement en souhaitant leur mort : s'il imagine égorger, fusiller ou étrangler sa victime, celle-ci meurt effectivement égorgée, fusillée ou étranglée quelques instants plus tard.
Résumé détaillé
Archibald de la Cruz, dans une chambre dâhĂŽpital raconte son enfance Ă une infirmiĂšre. Nous sommes alors pendant la rĂ©volution. Sa gouvernante lui raconte que sa boĂźte Ă musique appartenait Ă un roi qui avait le pouvoir de tuer quiconque, en la mettant en marche. Ce que le petit Archibald veut vĂ©rifier. Il dĂ©clenche le mĂ©canisme de la boĂźte et la gouvernante reçoit une balle Ă la gorge et meurt. La nonne refuse dâen entendre davantage. Archibald lui rĂ©torque quâil va la tuer et sort un rasoir.
Elle sâenfuit et se tue en tombant dans la cage dâascenseur. Archibald se rend alors chez un magistrat pour sâaccuser du crime et lui fait le rĂ©cit de son existence. Un jour, devenu adulte, il voit une jeune femme qui sâapprĂȘte Ă acquĂ©rir la boĂźte Ă musique de son enfance chez un joaillier. Il parvient Ă racheter celle-ci. RentrĂ© chez lui, il se coupe au visage en se rasant. La vue du sang lui rappelle aussitĂŽt la mort de sa nurse et il Ă©prouve un impĂ©rieux besoin de tuer. Le soir mĂȘme, il observe un couple de sa connaissance dans une salle de jeux. Lâhomme et la femme se disputent. Elle part seule et a un accident de voiture sans gravitĂ©. Archibald propose de la reconduire, mais il passe dâabord prendre un rasoir chez lui. Une fois dans la demeure de la femme, il sâapprĂȘte Ă mettre son crime Ă exĂ©cution. Mais le mari revient et se rĂ©concilie avec son Ă©pouse.
DĂ©pitĂ©, Archibald sâen va. Le lendemain matin, il apprend que le couple de la veille sâest Ă nouveau disputĂ© et que la femme sâest suicidĂ©e en se tranchant la gorge. Plus tard, dans un cabaret Ă la mode, il retrouve la femme qui avait failli acheter sa boĂźte Ă musique et cherche Ă la sĂ©duire. Archibald se rend au lieu du rendez-vous quâelle lui a fixĂ© et constate que la jeune femme nâest lĂ que sous la forme dâun mannequin de cire. Apprenant quâelle pose rĂ©guliĂšrement pour la confection de ces mannequins, il se rend Ă lâatelier de cire, la voit et la convie chez lui.
Elle vient et dĂ©couvre quâil a achetĂ© son mannequin. Elle ignore quâil a le dessein de la tuer, puis de lâincinĂ©rer dans son four Ă cĂ©ramique. Archibald se prĂ©pare Ă passer Ă lâacte, mais la jeune femme sâest moquĂ©e de lui. Elle a donnĂ© rendez-vous dans la maison Ă un groupe de touristes dont elle a la charge. Fou de rage, Archibald brĂ»le le mannequin. Puis il se dĂ©cide Ă Ă©pouser une jeune femme, Carlotta, afin de guĂ©rir de ses obsessions. DĂ©couvrant quâelle a un amant, il se prĂ©pare Ă assassiner la jeune femme au cours de la nuit de noces.
Il nâen a pas le temps. Elle est tuĂ©e Ă coups de revolver par son amant. Archibald fait une dĂ©pression nerveuse. Il se retrouve Ă lâhĂŽpital, oĂč la nonne est morte par sa faute. Le magistrat, aprĂšs avoir Ă©coutĂ© ces aveux, dĂ©clare quâon ne peut arrĂȘter tous les gens qui ont envie de tuer quelquâun, sinon la moitiĂ© de lâhumanitĂ© serait en prison. Il laisse alors partir Archibald, qui va jeter la boite Ă musique dans un Ă©tang. Archibald constate ensuite quâil est incapable de tuer un insecte et rencontre la femme dont il a brĂ»lĂ© le double en cire. Ils partent tous les deux, bras dessus bras dessous.
Fiche technique
Distribution
Métaphores et significations cachées
La Vie criminelle dâArchibald de la Cruz est un film dâentomologiste. Luis Buñuel observe son obsĂ©dĂ© avec une prĂ©cision scientifique et dĂ©crit chaque phase de la nĂ©vrose de ce dernier, le film entier Ă©voluant selon un processus quasi mĂ©canique dâune grande sophistication.
Cette Ćuvre qui scrute la pulsion de meurtre dâun homme est aussi une rĂ©flexion caustique sur lâimpuissance sexuelle et une satire fĂ©roce de la grande bourgeoisie mexicaine. Dâailleurs, derriĂšre chaque victime se cache un emblĂšme aisĂ©ment identifiable : la nurse (lâĂ©ducation), la nonne (la religion), la femme riche et dĂ©sĆuvrĂ©e (la bourgeoisie) et la fausse vierge cherchant un bon mariage (lâhypocrisie). Seule la femme qui travaille pour subvenir Ă ses besoins, et assure ainsi son indĂ©pendance, peut Ă©chapper Ă ce jeu de massacre. Elle travaille avec son esprit (guide pour touriste) et son corps (modĂšle pour mannequins de cire). Elle sait mettre en scĂšne les situations (voir son jeu chez Archibald) et fait preuve dâune certaine libertĂ© sexuelle.
DerriĂšre La Vie criminelle dâArchibald de la Cruz est Ă©noncĂ©e une cĂ©lĂ©bration de la libertĂ© individuelle, dont Buñuel semble nous dire quâelle nâest accessible quâĂ la condition prĂ©alable de savoir oĂč commence le rĂȘve et oĂč finit la rĂ©alitĂ©. Le problĂšme dâArchibald, dont les dĂ©sirs de meurtre ne sont que des enfantillages, Ă©tant dâignorer lâexistence de cette frontiĂšre.
La Vie criminelle dâArchibald de la Cruz est le plus surrĂ©aliste des films de Luis Buñuel depuis L'Ăge d'or ; bien que ce surrĂ©alisme rĂ©side plus dans lâesprit que dans la forme. En effet, cette derniĂšre est dâune sobriĂ©tĂ© qui confine Ă la platitude, ce qui offre un Ă©trange contrepoint Ă la dĂ©mence et aux manies du hĂ©ros.
Bibliographie
- Marcela Iacub, « Que signifie ĂȘtre un assassin ? Ă propos de La vie criminelle d'Archibald de la Cruz de Luis Buñuel », Savoirs et clinique, Ăditions ĂrĂšs, no 17 « Transferts cinĂ©philes. Le cinĂ©ma latino-amĂ©ricain et la psychanalyse », , p. 34-40 (DOI 10.3917/sc.017.0034, lire en ligne).
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